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  • Google Maps mise sur l’IA pour prédire la disponibilité des bornes de recharge EV

    Google Maps mise sur l’IA pour prédire la disponibilité des bornes de recharge EV

    Dès la semaine prochaine, Google Maps va activer une nouvelle fonction capable d’estimer, grâce à l’intelligence artificielle, combien de bornes de recharge seront disponibles au moment où un conducteur arrivera sur place. Le service sera d’abord déployé sur Android Auto et dans les véhicules intégrant directement les services Google. Avec cette mise à jour, la firme promet de réduire l’une des principales frustrations des conducteurs de voitures électriques : les files d’attente inespérées sur les stations de recharge.

    Téléphone affichant Google Maps
    Google Maps permet de prévoir la disponibilité des bornes de recharge EV grâce à l’IA

    Une mise à jour à la portée inédite

    Pour imaginer cette nouvelle fonctionnalité, Google s’appuie sur son modèle d’IA maison, Gemini. Cet outil analyse en continu deux types de données : l’historique d’utilisation des bornes, c’est-à-dire les heures où elles sont le plus sollicitées, les durées moyennes de recharge, les pics observés dans la semaine, et les informations en temps réel envoyées par les opérateurs. L’idée est simple, mais ambitieuse : plutôt que de simplement indiquer si une borne est libre, maintenant Google Maps tentera de prévoir dans quel état se trouvera la station au moment où l’utilisateur arrivera. Cela permet d’éviter une situation bien connue des conducteurs : partir vers une borne affichée comme disponible, pour finalement la trouver occupée une fois sur place. Google résume cette philosophie en expliquant que la fonctionnalité vise à « aider les utilisateurs à éviter les files et à gagner du temps ».

    Dans son annonce officielle, l’entreprise précise : « La prédiction de disponibilité des bornes EV sera lancée la semaine prochaine sur Android Auto et dans les voitures intégrant les services Google pour des centaines de milliers de stations de recharge autour du monde. » Ce déploiement massif, sans phase de test limitée à quelques pays, montre à quel point le sujet est stratégique. Aujourd’hui, la disponibilité des bornes est l’un des critères les plus déterminants dans l’expérience de conduite électrique, souvent avant même la puissance de recharge. En parallèle, Google met à jour l’interface d’Android Auto avec des filtres plus précis : vitesse de recharge (lente, rapide, très rapide), modes de paiement acceptés, compatibilité selon les standards, ou encore accessibilité en fonction du type de véhicule. Une évolution importante pour éviter les erreurs de destination, un problème fréquent, notamment lors des longs trajets.

    Une réponse à un problème bien réel

    Si Google pousse aussi vite ce type de technologie, c’est parce que la saturation du réseau de recharge devient un enjeu de plus en plus visible. Les ventes de voitures électriques progressent, mais l’infrastructure suit une courbe moins agressive, créant parfois des tensions ponctuelles. Tous ceux qui roulent en électrique ont déjà vécu ces situations : une borne affichée comme disponible dans l’application, mais finalement occupée, des véhicules en train de recharger plus longtemps que prévu, des stations fermées sans raison apparente ou tout simplement une accumulation de voitures sur un même point de charge lors d’un départ en vacances. En intégrant des données historiques, Google Maps peut anticiper ces phénomènes. Par exemple, si une station est systématiquement pleine entre 18 h et 20 h les jours de semaine, l’application pourra prévenir le conducteur à l’avance et proposer une alternative mieux positionnée ou moins fréquentée.

    En redirigeant une partie des utilisateurs vers des points de recharge voisins, Google peut contribuer à une meilleure répartition des flux, un enjeu crucial dans les zones urbaines ou touristiques. Pour les utilisateurs, l’intérêt est immédiat et visible. Anticiper l’état d’une borne avant de s’y rendre, c’est éviter d’ajouter du stress à un trajet déjà long ou chargé. C’est aussi limiter la dépendance à un seul opérateur ou à une seule station, en ouvrant l’accès à une vision plus globale du réseau. Sur les longs trajets, où chaque arrêt doit être réfléchi, cette prédiction peut simplifier la planification : choisir une station en amont, ajuster son itinéraire en fonction de la disponibilité, voire réduire le nombre d’arrêts si l’on sait que la borne choisie sera libre au bon moment.

    Voiture électrique en train de se recharger à une borne
    Anticiper l’état des bornes de recharge avec Google Maps permet de gagner du temps sur les trajets EV

    Google continue de s’imposer dans l’écosystème EV

    Cette nouveauté vient compléter une série déjà longue de fonctions dédiées aux véhicules électriques : estimation du niveau de batterie à l’arrivée, suggestions d’arrêts optimisés, tri avancé des bornes, mise en avant des stations ultra-rapides, ou encore intégration des limites de charge recommandées par certains constructeurs. Maps devient progressivement un véritable copilote pour la conduite électrique, avec des outils qui dépassent la simple navigation. L’entreprise travaille à transformer les données en décisions automatiques ou semi-automatiques, pour alléger les tâches du conducteur. Dans un contexte où la transition électrique s’accélère, ce type de fonctionnalité pourrait devenir la norme et faire partie des critères qui influencent le choix d’un véhicule ou d’un système multimédia embarqué.

    Alors que les ventes de véhicules électriques progressent plus vite que le déploiement de nouvelles bornes, la gestion intelligente du réseau devient essentielle. Google Maps n’est pas seul sur ce terrain, mais sa capacité à centraliser des données de différentes sources lui donne un avantage majeur. En prédisant la disponibilité des bornes, Google apporte une réponse technique à un problème concret, vécu quotidiennement par des millions d’automobilistes. Une évolution qui pourrait bien changer la manière dont on aborde les trajets longue distance… et réduire enfin le “stress de la recharge”.

  • Batteries solides : BMW et Samsung révolutionnent l’électrique

    Batteries solides : BMW et Samsung révolutionnent l’électrique

    Les batteries solides quittent enfin le laboratoire pour s’approcher des chaînes de production. Grâce à une alliance structurée entre BMW, Samsung SDI et Solid Power, la technologie franchit une étape décisive vers une commercialisation attendue avant 2030. Cette convergence d’acteurs majeurs promet une autonomie doublée, des recharges plus rapides et une sécurité accrue, relançant la course mondiale à l’innovation.

    Voiture électrique BMW en charge à l’extérieur avec batterie solide
    Une BMW équipée de batteries solides recharge à l’extérieur, symbolisant l’autonomie et la technologie avancée. (Crédit : BMW)

    Le partenariat qui pourrait changer l’industrie

    BMW, Samsung et Solid Power officialisent aujourd’hui une collaboration stratégique destinée à accélérer le développement des batteries à électrolyte solide. Cette alliance repose sur l’expertise chimique de Solid Power, la puissance industrielle de Samsung SDI et la maîtrise automobile de BMW, offrant ainsi un écosystème complet pour passer du prototype à la production. Depuis 2022, BMW et Solid Power travaillent déjà ensemble, mais l’arrivée de Samsung marque une étape cruciale. Le groupe coréen apportera ses capacités de fabrication, tandis que BMW assurera la conception et l’intégration des packs dans ses futurs modèles. Cette répartition précise des rôles doit permettre une montée en puissance rapide et maîtrisée.

    Les premiers résultats sont tangibles avec une ligne pilote inaugurée par Samsung en 2023 pour produire des prototypes envoyés aux clients. Dans le même temps, BMW a testé avec succès une i7 équipée de cellules solides en conditions réelles. Grâce à ces avancées, les partenaires envisagent une production en série avant 2030, renforçant la crédibilité d’une technologie souvent considérée comme trop ambitieuse.

    Une technologie longtemps promise enfin concrète

    Le cœur du système repose sur un électrolyte solide à base de sulfure conçu par Solid Power. Il offre une conductivité élevée et une meilleure stabilité, deux défis majeurs pour cette technologie. Les cellules fabriquées par Samsung intégreront cet électrolyte dans le séparateur ou le catholyte. BMW évaluera ensuite les performances selon des critères stricts avant de les intégrer dans ses véhicules de démonstration. Ces avancées reposent également sur une densité énergétique nettement supérieure aux standards actuels. Certaines configurations atteignent déjà 390 Wh/kg et pourraient monter à 440 Wh/kg avec une anode en lithium métallique. Des versions expérimentales visent même 560 Wh/kg, bien que leur développement soit encore à un stade précoce.

    Ces performances laissent espérer une autonomie doublée et des temps de recharge divisés par deux. Les avantages incluent aussi une meilleure durée de vie, une dégradation limitée et un profil thermique plus sûr. La technologie semble donc offrir des solutions très attendues pour accélérer l’adoption des véhicules électriques dans un marché de plus en plus concurrentiel.

    Technicien examinant une BMW équipée de batterie solide en laboratoire
    Un technicien étudie une BMW équipée de batteries solides, illustrant les tests et validations en conditions réelles. (Crédit : BMW)

    Une course mondiale qui s’intensifie

    La compétition autour des batteries solides s’accélère, car tous les grands constructeurs veulent prendre l’avantage. Nissan développe déjà ses propres solutions avec LiCAP Technologies. En Chine, CATL et BYD visent une commercialisation dès 2027, cherchant à imposer leur domination avant la fin de la décennie. En parallèle, Mercedes-Benz, Stellantis et Volkswagen avancent avec leurs partenaires dédiés, montrant que l’enjeu dépasse de loin le seul cadre technologique.

    Dans ce contexte, BMW adopte une stratégie prudente mais ambitieuse. Le constructeur multiplie les partenariats pour maximiser ses chances de réussite, tout en validant rigoureusement chaque avancée. Malgré l’absence d’un calendrier précis, la dynamique actuelle laisse penser que la batterie solide pourrait devenir une réalité industrielle plus tôt que prévu.

    Un futur électrique redéfini

    Grâce à la complémentarité des expertises réunies, BMW, Samsung SDI et Solid Power semblent mieux armés pour franchir les dernières étapes critiques. Les prototypes roulent déjà, les lignes pilotes fonctionnent et les validations avancent. Si les promesses se confirment, cette technologie pourrait transformer profondément l’industrie automobile en offrant plus de sécurité, plus d’autonomie et moins de contraintes pour les utilisateurs. Le compte à rebours est donc lancé. Les prochaines années diront si la batterie solide peut enfin tenir ses promesses et redessiner le paysage de la mobilité électrique mondiale.

    Au-delà des constructeurs, les consommateurs attendent beaucoup de cette nouvelle génération de batteries solides. En effet, l’autonomie doublée et les recharges plus rapides pourraient lever les derniers freins à l’achat d’un véhicule électrique, notamment pour les longs trajets. De plus, la sécurité accrue et la meilleure stabilité thermique renforcent la confiance du public dans cette technologie. Finalement, la combinaison de performances, de durabilité et de simplicité d’usage pourrait transformer l’expérience de conduite, tout en accélérant la transition vers une mobilité plus propre et plus efficace.

  • Décarbonation des transports : 100 M€ pour les infrastructures françaises

    Décarbonation des transports : 100 M€ pour les infrastructures françaises

    Le vaste programme européen de décarbonation des transports accorde cent millions d’euros à seize projets français, soutenant ainsi ports, aéroports et réseaux routiers. Cette enveloppe vise à accélérer la transition vers des solutions énergétiques propres et renforcer la compétitivité nationale. Elle marque également une étape stratégique pour l’électrification rapide des mobilités lourdes.

    Opérations de logistique sous un avion sur un tarmac
    Les aéroports français modernisent leurs opérations au sol pour intégrer des solutions électriques et réduire leurs émissions de CO₂.

    Un soutien massif aux ports et aux aéroports français

    Les financements européens ciblent d’abord l’alimentation électrique des navires à quai, afin de réduire les émissions dans les zones portuaires. Ainsi, les ports de Saint-Malo, Bordeaux et ceux gérés par Haropa au Havre, à Rouen et Paris bénéficient d’aides importantes. Ces installations permettront aux navires d’utiliser l’électricité terrestre plutôt que leurs moteurs auxiliaires, fortement polluants. Par ailleurs, les opérations aéroportuaires suivent ce mouvement, puisque Toulouse-Blagnac et Paris-Charles-de-Gaulle reçoivent plusieurs millions d’euros pour électrifier leurs équipements. Cette évolution renforce la cohérence des politiques environnementales tout en modernisant les infrastructures stratégiques.

    Ces subventions consolident une dynamique déjà engagée par plusieurs acteurs du secteur. Les gestionnaires portuaires souhaitent réduire l’impact environnemental du trafic maritime, très émetteur. En parallèle, les aéroports accélèrent l’intégration de matériels électriques, indispensables pour atteindre les objectifs européens de réduction des émissions. Cette convergence reflète une volonté d’adapter les équipements nationaux aux exigences climatiques.

    Le déploiement massif de stations de recharge pour véhicules électriques

    La liste des lauréats comprend également de nombreux opérateurs spécialisés dans la recharge des véhicules électriques. Engie Mobilités électriques obtient ainsi plus de cinq millions d’euros pour équiper cinquante-et-un sites destinés aux poids lourds en Europe. La majorité de ces installations seront implantées en France afin de soutenir la transition des transports routiers. TotalEnergies, pour sa part, coordonne un projet majeur regroupant dix-neuf sites capables de délivrer 76 mégawatts pour camions électriques. Cette initiative bénéficie de treize millions d’euros, illustrant l’importance stratégique du secteur logistique.

    Ces investissements facilitent l’essor d’un réseau cohérent et performant, indispensable pour les entreprises confrontées aux nouvelles contraintes énergétiques. Les corridors européens doivent accueillir rapidement des bornes capables de répondre à la demande croissante en puissance. De plus, ces réseaux permettront d’unifier les standards techniques et d’améliorer l’interopérabilité entre pays voisins.

    Poids lourds stationnés dans leur base logistique
    Les dépôts de bus et de camions se transforment avec des infrastructures de recharge pour soutenir la mobilité durable lors des transports.

    L’électro-mobilité des bus et l’essor de l’hydrogène vert

    Keolis figure également parmi les bénéficiaires, avec une subvention destinée à moderniser un dépôt de quatre-vingt-dix-huit bus dans l’est parisien. L’opérateur veut aussi électrifier un site encore dépendant du diesel, ce qui renforcera la réduction des émissions urbaines. Cette transformation s’inscrit dans une stratégie de mobilité publique durable. Elle souligne aussi les efforts réalisés par les agglomérations pour réduire la pollution locale. Parallèlement, l’hydrogène vert poursuit son avancée grâce à la start-up Qair, aidée pour déployer des stations entre Toulouse, Montpellier et Perpignan. Le soutien à cette technologie confirme sa place dans la transition des mobilités lourdes.

    Hydrogène Nouvelle Aquitaine reçoit également une aide pour un électrolyseur et plusieurs stations. Cette orientation garantit une diversification des sources énergétiques. Elle permet aussi d’intégrer plus rapidement l’hydrogène dans les usages industriels et logistiques. Enfin, l’entreprise Izivia obtient une subvention pour installer cent-soixante bornes destinées aux camions sur les autoroutes européennes. Cette démarche complète les efforts déployés par les opérateurs pour renforcer l’offre de recharge longue distance.

    Des acteurs privés fortement impliqués dans la transition

    Voltix, filiale du groupe Vinci, bénéficie d’une somme exceptionnelle de soixante-cinq millions d’euros. Ce financement permettra d’implanter quarante-cinq sites de recharge en France et dans plusieurs pays européens. La puissance totale annoncée atteint 288 mégawatts, ce qui témoigne encore une fois d’une ambition majeure pour l’électrification des poids lourds. Cette initiative illustre la volonté des entreprises de répondre aux défis technologiques liés à la transition écologique. Elle met également en lumière une coordination européenne sans précédent.

    Le réseau Electra obtient quatre millions d’euros destinés à trente-neuf sites répartis dans plusieurs États membres. Cette contribution renforce l’implantation d’un opérateur déjà bien présent dans les zones urbaines. Elle encourage aussi l’harmonisation des infrastructures entre les différents marchés de l’Union. Ce développement renforcé permettra aux usagers de bénéficier d’un réseau plus fiable et plus étendu.

    Camion circulant sur une autoroute
    Le long des grands axes européens, des bornes de recharge se multiplient pour faciliter les transports routiers électriques.

    Une stratégie européenne qui transforme le paysage français

    Ces subventions traduisent une vision commune axée sur la réduction des émissions du secteur transport. Elles soutiennent des projets concrets, ancrés dans les territoires et portés par des partenaires publics et privés. Grâce à ces investissements, la France accélère l’adaptation de ses infrastructures. Cette dynamique contribue aussi au développement économique des régions concernées. Elle favorise enfin l’innovation dans un secteur en pleine mutation.

    L’Europe confirme ici son rôle moteur dans la transition énergétique. Les projets sélectionnés répondent aux priorités environnementales fixées pour les prochaines années. Cette démarche crée un cadre stable et encourageant pour les acteurs industriels. Elle donne aussi un signal clair concernant l’importance d’investir dans des technologies propres. En somme, cette enveloppe de cent millions d’euros marque une étape significative vers des transports plus durables.

  • Leapmotor A10 : le petit SUV électrique qui veut bousculer l’Europe

    Leapmotor A10 : le petit SUV électrique qui veut bousculer l’Europe

    Le constructeur chinois Leapmotor accélère encore sa stratégie électrique. Son nouveau SUV urbain A10 vise clairement l’Europe déjà saturée. Il promet un prix agressif et des technologies inattendues pour ce segment.

    Face avant du Leapmotor A10 encore dissimulé dans l’ombre
    La face avant du Leapmotor A10 apparaît dans un teaser sombre publié par Leapmotor. (Crédit : Leapmotor)

    Un lancement stratégique dans un segment très disputé

    Leapmotor prépare une offensive majeure avec l’A10, un modèle pensé pour séduire le public européen malgré une concurrence redoutable. Le constructeur, épaulé par Stellantis, multiplie les nouveautés depuis plusieurs mois et avance avec un rythme impressionnant. Après le B05, puis le grand C10 et le compact B10, la marque dévoilera ce petit SUV 100 % électrique le 21 novembre au Salon de Guangzhou. Sa mission est claire : s’attaquer frontalement aux Peugeot e-2008, Renault 4, Jeep Avenger ou Fiat 600e, modèles qui dominent depuis longtemps le segment B.

    Les premières images publiées sur Weibo, réseau social très utilisé en Chine, confirment un design spécifique, plus tranché que celui du reste de la gamme Leapmotor. On observe une signature lumineuse avant en trois segments, ainsi qu’un profil rectiligne marqué par deux inserts arrière métalliques. Ces éléments rappellent des véhicules européens, tout en affirmant une identité nouvelle pensée pour l’international. Le SUV vise aussi une clientèle sensible au prix, critère devenu central dans un marché électrique en tension.

    Un design audacieux et quelques mystères encore entretenus

    Les teasers montrent un véhicule encore plongé dans l’ombre, mais plusieurs détails émergent déjà. L’arrière présente une signature lumineuse inattendue, ressemblant à un emoji souriant. Cette touche stylistique tranche avec le sérieux affiché par ses rivaux directs. Le toit accueille aussi une bosse importante, abritant un LiDAR réservé au marché chinois. Cette technologie permettra des fonctions avancées de conduite semi-autonome.

    L’Europe ne devrait toutefois pas profiter du LiDAR, probablement pour maîtriser les coûts de production. Les versions européennes conserveront en revanche l’architecture électrique moderne du modèle chinois, ainsi que son interface numérique orientée conduite urbaine. Les images issues des brevets confirment aussi la présence d’une trappe de recharge située sur l’aile avant gauche et des protections noires sur les bas de caisse. Ces éléments renforcent le look SUV sans sacrifier la sobriété globale.

    Une plateforme inédite pour une nouvelle série de modèles

    L’A10 inaugure la nouvelle série « A » de Leapmotor, qui comprend aussi la citadine A05. Les deux modèles reposent sur une plateforme technique inédite, développée pour répondre aux attentes européennes en matière de qualité perçue et d’agilité urbaine. Cette stratégie marque une rupture majeure dans le positionnement de Leapmotor, qui souhaite s’éloigner de l’image de « marque low cost ».

    Les proportions de l’A10 s’annoncent idéales pour un usage urbain. Long de plus de quatre mètres, le SUV se place sous le B10 dans la gamme et se rapproche des standards des Renault Captur et Peugeot 2008. Les brevets laissent entrevoir des lignes simples, bien plus dynamiques que les premiers modèles Leapmotor. La marque entend ainsi séduire une clientèle européenne exigeante, habituée à des finitions plus valorisantes et des intérieurs mieux structurés.

    Profil du Leapmotor A10 révélé dans un teaser sombre
    Le profil rectiligne du Leapmotor A10 se dévoile légèrement dans l’obscurité. (Crédit : Leapmotor)

    Une autonomie cohérente et un possible prolongateur d’autonomie

    Aucune fiche technique officielle n’a été communiquée, mais la presse chinoise évoque une autonomie avoisinant les 400 km en cycle mixte. Des rumeurs persistantes mentionnent aussi une version avec prolongateur d’autonomie réservée à la Chine. Ce système combinerait une batterie électrique et un petit moteur thermique dédié à la recharge.

    Si cette configuration se confirme, Leapmotor serait le seul acteur du segment B-SUV à proposer un tel dispositif. En Europe, seule une version 100 % électrique est attendue, sans prolongateur. La marque pourrait ainsi maintenir un prix très agressif tout en simplifiant son industrialisation. Les versions européennes devraient donc s’en tenir à une motorisation électrique classique, associée à une puissance comparable à celle de ses concurrents directs.

    Un prix qui pourrait bousculer tout le marché européen

    Le véritable choc pourrait venir du tarif annoncé. Plusieurs sources évoquent un prix d’entrée sous les 25 000 euros. À ce niveau, l’A10 deviendrait immédiatement l’un des SUV électriques les plus abordables du marché. Pour comparaison, la Renault 4 E-Tech débute à près de 30 000 euros. Le Peugeot e-2008 dépasse les 38 000 euros avant remises et bonus.

    Cet écart pourrait jouer un rôle déterminant pour une marque encore en construction sur le continent. L’A10 servirait ainsi de produit d’appel pour installer durablement Leapmotor en Europe. Stellantis, partenaire industriel et distributeur, pourrait même envisager une production en Espagne dans un second temps. Cette localisation permettrait de réduire les coûts logistiques et de simplifier l’accès aux aides gouvernementales européennes.

    Une offensive mondiale, pas seulement européenne

    Si l’Europe est ciblée en priorité, l’A10 a aussi un rôle à jouer en Amérique du Sud. Ce marché accueille déjà le BYD Atto 2 avec succès, laissant espérer à Leapmotor une percée similaire. La marque souhaite en effet développer une gamme mondiale cohérente, capable d’alimenter une croissance rapide.

    Les ventes de Leapmotor ont explosé en 2025 avec une hausse de 120 % sur dix mois. Elles devraient encore progresser avec l’arrivée de la série A, conçue pour élargir la clientèle tout en renforçant l’image de la marque. Ce petit SUV devient donc un modèle crucial pour la stratégie internationale du constructeur chinois.

    Logo officiel du Salon de l’Auto 2023 grandeur nature
    Le logo du Salon de l’Auto 2023 en version grandeur nature, aperçu lors de l’édition annuelle. (Crédit : Auto Guangzhou)

    Un rendez-vous très attendu au Salon de Guangzhou

    La présentation officielle du Leapmotor A10 le 21 novembre lèvera enfin le voile sur ses caractéristiques techniques et son habitacle. Le Salon de Guangzhou sera le premier événement où le modèle apparaîtra sans camouflage ni ombre. Les informations finales permettront de vérifier si Leapmotor peut réellement concurrencer les poids lourds européens du marché.

    En Europe, le public pourra découvrir le SUV en 2026, probablement lors du Mondial de l’Auto de Paris. Si les promesses se confirment, ce petit SUV électrique pourrait devenir l’un des grands perturbateurs du marché. Une menace claire pour les marques historiques déjà engagées dans une bataille tarifaire difficile.

  • Range Rover Velar P400e 2025 : le luxe hybride à l’anglaise

    Range Rover Velar P400e 2025 : le luxe hybride à l’anglaise

    ECO MOTORS NEWS a eu l’opportunité de prendre en main le Range Rover Velar P400e, le SUV hybride rechargeable du constructeur britannique. Un véhicule qui incarne l’ADN de la marque tout en s’inscrivant dans la transition énergétique. Pendant quatre jours, de jeudi à lundi, nous avons eu tout le loisir de le mettre à l’épreuve dans les conditions les plus variées.

    Le Range Rover Velar P400e 2025, un SUV de luxe hybride, élégamment positionné devant le Trocadéro, offrant une vue imprenable sur la Tour Eiffel. (Crédit : Marceau NIO)

    Le rendez-vous est pris à l’agence d’Argenteuil où notre monture nous attend. Habillé de sa robe Chawton Grey, ce Range Rover Velar P400e en finition Dynamic HSE s’apprête à avaler les kilomètres que nous lui avons réservés : routes communales, centre-ville, Paris intra-muros, le mythique périphérique parisien, départementales, autoroutes et voies express. Un parcours complet pour éprouver ce mastodonte britannique dans toutes les situations.

    Premières impressions : l’élégance britannique modernisée

    Dès le premier coup d’œil, le Velar se distingue de ses cousins Range Rover par une silhouette légèrement plus fluide. Avec ses 4,80 mètres de longueur et près de 2 mètres de largeur (2,15 m rétroviseurs inclus), il reste imposant, Range Rover oblige. Mais ce qui le rend unique, c’est son aspect plus dynamique qu’il obtient grâce à sa ligne descendante vers l’arrière, un attrait qui dénote de la ligne de toit plate et de l’iconique profil presque rectangulaire que l’on retrouve notamment chez le Range Rover Sport ou l’Evoque. Toujours extérieurement, le design reste fidèle à l’ADN de la marque : le charisme, la puissance visuelle et cette impression de luxe qui saute immédiatement aux yeux. C’est un véhicule qui en impose sans être ostentatoire, qui affirme son statut tout en conservant une certaine élégance.

    Les feux avant ont été réactualisés par rapport aux versions précédentes. Des LED effilées et une signature diurne plus moderne ont été rajoutées, maintenant l’image première que l’on se fait du Velar : élégant et raffiné. Les feux arrière bénéficient également d’une mise à jour, formant désormais une bande lumineuse continue qui souligne la largeur du véhicule et renforce son caractère premium. Des modifications bienvenues qui modernisent le véhicule, mais ne le dénaturent pas.

    Phare avant LED effilé du Range Rover Velar P400e
    Détail des phares avant LED réactualisés du Velar P400e, soulignant la signature diurne moderne et le raffinement du design. (Crédit : Marceau NIO)

    À l’arrière, ce que l’on attend à obtenir dans un véhicule de ce gabarit, c’est un grand coffre. Il affiche un volume de 673 litres et dissimule une batterie de 17,1 kWh, cela reste très généreux pour un hybride rechargeable de ce gabarit. La modularité est au rendez-vous, et l’espace ne manque pas pour les bagages du quotidien ou les week-ends en famille.

    L’intérieur, lui, reflète parfaitement la philosophie du groupe JLR : du luxe, oui, mais pas tape-à-l’œil. On retrouve du cuir sur la planche de bord, des matériaux parfaitement assemblés, des finitions irréprochables. L’ergonomie est classique, épurée même, avec un écran central de 11,4 pouces bien positionné qui intègre toutes les fonctions principales. La qualité de fabrication est cohérente quand on sait que l’objectif du groupe est de positionner la totalité de leurs véhicules sur le segment luxe. Avec le Velar, on ne s’y trompe pas, on nous propose vraiment un habitacle de très belle facture.

    À l’arrière, trois vraies places spacieuses et confortables, avec le même niveau de finition, accueillent confortablement les passagers. Ici, on parle de « vraies places » car l’espace aux jambes est généreux, notamment grâce à un empattement de 2,87 mètres.

    Au volant du Range Rover Velar P400e

    Dès les premiers kilomètres, une sensation domine : on se sent très vite à l’aise. La sensation visuelle d’accessibilité aux commandes est directement confirmée, c’est bien pensé, bien disposé, et dès les premiers coups de pédale, la voiture dégage une douceur immédiate. Le Velar P400e cumule les avantages du thermique et de l’électrique, et ça se ressent. En mode électrique pur, la voiture se fait silencieuse, douce dans les montées en puissance, presque feutrée. Parfait pour les trajets urbains ou pour profiter d’une conduite zen sur départementale. Mais dès qu’on sollicite un peu plus l’accélérateur, le moteur thermique 2.0 L de 300 chevaux prend le relais et vient épauler le moteur électrique de 143 chevaux pour délivrer une puissance combinée de 404 chevaux et un couple colossal de 640 Nm.

    L’habitacle épuré et luxueux du Range Rover Velar P400e, avec son écran central tactile de 11,4 pouces et des finitions irréprochables. (Crédit : Marceau NIO)

    L’accélération est franche, présente, et même si un léger temps de latence se fait sentir — c’est d’ailleurs là qu’on perçoit les 2,3 tonnes du véhicule — la réponse est ensuite immédiate et puissante. Le 0 à 100 km/h est expédié en 5,4 secondes, bluffant pour un SUV de ce gabarit. Sur autoroute, on sent qu’il est à l’aise : la douceur et la puissance combinées font de lui un compagnon de route très agréable. La tenue de route, malgré la masse, reste à un niveau convenable, même sur les petites routes sinueuses. On se sent en confiance et protégé des imperfections de la route. On sent qu’on est dans une grosse voiture et c’est particulièrement agréable à vivre.

    Mais tout n’est pas idéal. En ville, le Velar montre quelques limites inhérentes à son gabarit. Avec un rayon de braquage de près de 12 mètres et une largeur conséquente, les manœuvres en centre-ville ou dans les parkings exigus demandent de l’anticipation. Ce n’est clairement pas son terrain de jeu idéal, même si les équipements aident bien.

    Côté consommation, le système hybride est efficace : en ville et à basse vitesse, c’est l’électrique qui prend le relais, permettant de rouler sans consommer une goutte d’essence sur les 62-63 km d’autonomie électrique (WLTP). Dès que le régime augmente ou que la batterie est vide, le thermique prend le relais.

    En usage mixte (autoroute + voies rapides), la consommation réelle a été d’environ 6 à 7 L/100 km, ce qui reste raisonnable pour un SUV de 404 ch et de ce gabarit. C’est bien plus élevé que les 2,2-2,6 L/100 km annoncés en WLTP par JLR, mais cohérent avec un usage quotidien varié où la recharge complète de la batterie n’est pas systématique. Sur le plan de l’autonomie totale (électrique + thermique), le Velar P400e revendique jusqu’à 684 km selon le communiqué de presse de Land Rover.

    Le Range Rover Velar P400e (2025) sous son meilleur angle, affichant son charisme et sa puissance visuelle dès le premier regard. (Crédit : Marceau NIO)

    Le luxe connecté, sans superflu

    Pour ce qui est des équipements, ce qui frappe, c’est la sobriété technologique. Pas de gadgets inutiles, mais une connectivité ultra-efficace. Comme énoncé plus tôt, l’écran tactile gère l’essentiel, et le système de caméras 3D avec vue périphérique de l’environnement à proximité se révèle particulièrement pratique pour manœuvrer un véhicule de cette taille en milieu urbain. D’après JLR, 80 % des actions les plus fréquemment utilisées peuvent être effectuées en deux tapotements depuis l’écran d’accueil. Un écran au ressenti efficace, néanmoins, l’absence de boutons physiques (sauf ceux au volant) renforce le design “tout numérique”, mais certaines personnes peuvent regretter le tactile pur (notamment pour des fonctions comme le réglage rapide de la climatisation).

    Les sièges chauffants et massants, combinés au confort naturel des assises, offrent un confort optimal sur les longs trajets, une formalité pour un véhicule « luxe ». Le système audio, sans être le point le plus marquant, fait correctement le job.

    Conclusion : le luxe hybride à l’anglaise

    Difficile de rendre les clés après ces quatre jours d’essai. Le Range Rover Velar P400e combine avec brio le confort, la puissance, la polyvalence et le prestige. C’est un véhicule qui s’adresse clairement à une clientèle CSP+ en quête de raffinement, de performances et d’un niveau de finition irréprochable. Le groupe JLR a réussi son pari : créer un véhicule positionné sur le segment luxe, avec des matériaux de qualité, un design propre à la marque et un intérieur épuré, mais d’une qualité supérieure.

    L’arrière du Velar P400e, reconnaissable à sa bande lumineuse continue qui accentue la largeur du véhicule et son caractère premium. (Crédit : Marceau NIO)

    Certes, le prix entre 80 000 et 100 000 € selon les équipements pour le Range Rover Velar peut faire réfléchir. Mais quand on regarde le prix de la concurrence (BMW X5 hybride, Mercedes GLE hybride, Audi Q7 e-tron, Porsche Cayenne E‑Hybrid), ce tarif ne paraît pas démesuré. Les prestations sont au rendez-vous, la technologie hybride rechargeable apporte une vraie valeur ajoutée au quotidien, et le plaisir de conduite est indéniable.

    Le Velar P400e est une vraie réussite pour qui cherche un SUV premium, voire « luxe » comme le veut le constructeur, capable d’allier luxe britannique et performances. Il n’est pas parfait, mais ses qualités surpassent largement ses défauts. C’est un véhicule très agréable, dans lequel on prend un réel plaisir à conduire. Décidément, le luxe à l’anglaise a encore de beaux jours devant lui…

    Les notes ECO MOTORS NEWS du Range Rover Velar P400e

  • EV Charge Show 2025 : ce qu’il faut retenir du salon d’Istanbul

    EV Charge Show 2025 : ce qu’il faut retenir du salon d’Istanbul

    Du 12 au 14 novembre 2025, l’Istanbul Expo Center a accueilli le EV Charge Show. C’est l’un des seuls salons au monde entièrement dédiés aux infrastructures de recharge pour véhicules électriques. L’événement est maintenant terminé : l’occasion de faire le point sur ce qui s’y est passé.

    Conférence au EV Charge Show 2025 à Istanbul sur les infrastructures de recharge
    Conférence au EV Charge Show 2025 sur l’avenir des technologies de recharge électrique. (Crédit : EVCharge Show)

    Un rendez-vous devenu incontournable

    Depuis 2022, année de son lancement, le salon s’est rapidement imposé comme une plateforme clé pour un secteur en pleine mutation. En effet, Istanbul, située au carrefour de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient, est un lieu stratégique pour beaucoup d’innovations internationales. Depuis le lancement de ce salon, la ville turque attire également les acteurs de la recharge. On y retrouve : constructeurs de bornes, énergéticiens, développeurs de logiciels, opérateurs de réseaux ou encore fabricants de solutions de stockage.

    Au fil des éditions, le nombre de marques présentes sur place a évolué considérablement. Le total est passé de 151 en 2022 à plus de 300 lors de cette 4ᵉ édition. Un volume élevé pour un salon spécialisé uniquement dans les infrastructures de recharge.

    Le Megawatt Charging en vedette

    Cette édition 2025 a principalement mis l’accent sur l’électrification des flottes lourdes. En ce sens, l’un des espaces les plus attendus a été la zone dédiée au Megawatt Charging Standard (MCS). Les visiteurs ont pu découvrir des prototypes de chargeurs pouvant développer une puissance électrique de ~1 000 kW (1 MW). Ils y ont également trouvé des câbles liquide-refroidis, ainsi que des solutions destinées aux camions électriques et aux flottes logistiques.

    L’électrification des poids lourds est une nécessité environnementale. Ces véhicules représentent plus de 25 % des émissions du transport routier et environ 6 % des émissions totales de l’UE. La mise en place de réseaux de recharge ultra-puissants est donc essentielle pour accélérer leur transition vers l’électrique.

    Le message est clair : l’électrification des poids lourds n’est plus une utopie, c’est une réalité palpable et en plein développement.

    Borne de recharge rapide présentée au EV Charge Show 2025
    Borne de recharge rapide exposée au EV Charge Show 2025. (Crédit : EVCharge Show)

    Bornes plus rapides, plus intelligentes

    Le secteur de la recharge est principalement constitué de bornes de recharge, et l’innovation est perpétuelle afin d’obtenir des bornes plus rapides, plus intelligentes et plus intégrées. À Istanbul, plusieurs entreprises étaient présentes pour montrer leurs innovations.

    L’entreprise chinoise Pilot/Sino a dévoilé des bornes rapides intégrant un module de stockage, réduisant la pression sur le réseau. De son côté, Tonhe Technology, entreprise chinoise également, a présenté ses nouveaux modules 30 et 40 kW à haut rendement pour stations DC.

    Dans la globalité, les entreprises présentes au EV Charge Show avaient pour mots d’ordre : modularité, interopérabilité et optimisation énergétique.

    Le rôle central du logiciel

    Mais le futur de la recharge électrique ne se joue pas uniquement dans les infrastructures physiques, il se joue aussi dans les solutions logicielles intelligentes. Des acteurs internationaux comme ABB et Siemens, mais aussi des entreprises chinoises telles que Tonhe Technology ou Workersbee, ont présenté des plateformes de supervision capables de piloter l’énergie, d’optimiser les coûts et de gérer des flottes entières.

    Et qui dit innovation technologique dit forcément intelligence artificielle. Elle joue un rôle central en permettant notamment d’anticiper la demande, de lisser les pics de consommation et de coordonner l’intégration du solaire, du stockage et du V2G (Vehicle-to-Grid).

    La station de recharge devient ainsi un véritable hub énergétique. Une évolution qui confirme que le logiciel de gestion des bornes est également un acteur clé de la mobilité de demain.

    Vue aérienne du EV Charge Show 2025 à Istanbul
    Vue d’ensemble des halls du EV Charge Show 2025 à Istanbul. (Crédit : EVCharge Show)

    Ce que cela annonce pour l’avenir

    Cette édition 2025 a mis en lumière plusieurs tendances fortes pour les prochains mois à venir :

    • L’électrification des poids lourds accélère, ouvrant la voie à des réseaux de recharge ultra-puissants indispensables pour accompagner la transition du transport routier, mais offrant aussi l’opportunité de diminuer les déchets polluants liés à ce secteur.
    • Les stations deviennent plus autonomes grâce à l’intégration de modules de stockage local et d’algorithmes de gestion énergétique, souvent combinés à l’intelligence artificielle. Ces innovations permettent de lisser les pics de consommation, d’optimiser les coûts et de transformer chaque station en véritable hub énergétique.
    • Istanbul s’affirme comme un hub international pour les technologies de recharge. La diversité des acteurs présents (européens, asiatiques et locaux) confirme que la ville est devenue un lieu stratégique pour l’électromobilité mondiale.

    L’EV Charge Show 2025 a prouvé que l’électrification des poids lourds est en marche. Bornes rapides, IA et stockage intégré : la mobilité électrique se professionnalise et Istanbul s’affirme comme un hub mondial pour un transport durable.

  • La ruée vers les véhicules électriques chinois en Amérique du Sud

    La ruée vers les véhicules électriques chinois en Amérique du Sud

    L’Amérique du Sud connaît une croissance fulgurante des ventes de véhicules électriques, portée par les constructeurs chinois. Cette expansion s’opère alors que Tesla demeure largement absente du continent. Selon Reuters, les consommateurs adoptent ces modèles abordables, tandis que les ports et réseaux logistiques régionaux se transforment rapidement.

    Véhicules électriques chinois stationnés au mégaport de Chancay au Pérou.
    Des voitures électriques chinoises stationnées au mégaport de Chancay, au Pérou, le 13 novembre 2025, illustrant la montée en puissance des constructeurs chinois en Amérique du Sud. (Crédit : REUTERS/Gerardo Marin)

    L’essor d’un marché encore jeune

    En 2019, l’entrepreneur péruvien Luis Zwiebach voulait acheter une voiture électrique fiable. Après un essai aux États-Unis, il a découvert les limites administratives péruviennes. Malgré ces obstacles, il a trouvé un propriétaire prêt à céder sa Tesla et l’a achetée. Ensuite, il a improvisé une mise à la terre avec une fourchette pour charger la voiture, montrant l’ingéniosité nécessaire à l’époque. Depuis, les choses ont changé grâce à l’arrivée massive de modèles chinois bien moins coûteux. Aujourd’hui, BYD, Geely et GWM dominent ce segment avec des prix environ 40% plus bas que Tesla. Par ailleurs, les constructeurs traditionnels comme Toyota et Hyundai renforcent aussi leur présence électrique. Cette diversité stimule un marché encore modeste, mais en pleine expansion au Pérou. Les hybrides et électriques y ont atteint un record de 7 256 ventes cette année, en hausse notable.

    L’ouverture du port géant de Chancay a accéléré ce mouvement. Ce nouveau hub logistique, construit par la Chine, réduit fortement les temps de transport transpacifiques. Ainsi, les véhicules chinois arrivent plus vite et en plus grand nombre. Face aux restrictions commerciales croissantes en Europe et aux États-Unis, les constructeurs chinois trouvent en Amérique du Sud une porte d’entrée idéale. BYD prévoit déjà un quatrième concessionnaire à Lima et d’autres marques renforcent leurs réseaux. Zwiebach confirme que la demande progresse rapidement. Il a d’ailleurs développé de nouveaux services, incluant l’installation de bornes et de panneaux solaires. Cette demande touche aussi l’immobilier, où la présence d’un chargeur peut influencer un achat important.

    Une conquête régionale accélérée

    Les marques chinoises gagnent du terrain dans toute l’Amérique du Sud. Selon les analystes, elles profitent d’un marché local dépourvu d’offre abondante et compétitive. Elles proposent aussi des modèles adaptés aux besoins régionaux. Leur réputation en termes de qualité progresse rapidement. Au Chili, elles représentent déjà près de 30% des ventes de voitures neuves. Cette percée confirme leur stratégie d’expansion méthodique. En parallèle, l’adoption des véhicules électriques croît dans la région. D’après l’Agence internationale de l’énergie, la pénétration a doublé cette année. Cette progression repose sur des aides publiques et sur l’arrivée de modèles abordables. L’Uruguay se distingue avec une part impressionnante de 28% pour les nouvelles immatriculations. Au Brésil, les chiffres augmentent aussi malgré un marché plus protégé.

    Même l’Argentine, pourtant freinée par une économie fragile, voit les ventes électriques grimper. BYD y a lancé ses premières activités cette année. La marque domine déjà plusieurs pays voisins. Cette réussite repose en partie sur l’association avec des importateurs locaux. Ceux-ci comprennent les attentes des consommateurs et facilitent la distribution. En Uruguay, les concessionnaires constatent un basculement rapide vers ces modèles. À Punta del Este, BYD dépasse désormais les marques européennes et japonaises. Les prix très compétitifs renforcent cet engouement. Un pick-up chinois peut coûter beaucoup moins que ses équivalents traditionnels. Cet avantage crée un écart décisif pour les acheteurs.

    Vue aérienne du port de Chancay au Pérou.
    Vue de haut du port de Chancay, infrastructure clé du commerce maritime reliant la Chine à l’Amérique du Sud. (Crédit : Cosco)

    Le rôle clé des nouveaux hubs logistiques

    Le port de Chancay illustre cette transformation régionale. Les ouvriers y déchargent chaque semaine des centaines de voitures venues de Chine. Cosco Shipping prévoit près de 19 000 arrivées pour la fin de l’année. Ce port ne sert plus seulement le Pérou. Il redistribue maintenant des véhicules vers le Chili, la Colombie et l’Équateur. Cette stratégie renforce la place du Pérou dans la chaîne logistique régionale. Pour certaines marques comme Chery, cette plateforme accélère les livraisons sur plusieurs marchés. Les chiffres des douanes montrent une hausse spectaculaire des arrivées depuis janvier.

    Cependant, ailleurs dans la région, cette invasion suscite parfois des tensions. Au Brésil, certains acteurs dénoncent une concurrence jugée déloyale. Les importations massives profitent de tarifs temporairement bas. Cela pousse les constructeurs chinois à investir dans des usines locales. BYD assemble déjà des modèles dans l’ancienne usine Ford de Bahia. Great Wall Motors produit aussi partiellement au Brésil. Ces investissements devraient permettre d’exporter depuis le Brésil vers d’autres pays d’ici quelques années. Les accords commerciaux régionaux renforcent cette perspective. Pour les industriels locaux, la remontée progressive des taxes vise à protéger la production nationale.

    Une transition encore semée d’obstacles

    Malgré cette dynamique, plusieurs défis persistent. Les distances longues et les infrastructures limitées freinent parfois l’adoption. Zwiebach souligne les difficultés pour parcourir toute la côte péruvienne sans planification. Les réseaux de recharge restent inégaux et nécessitent des investissements coordonnés. Toutefois, les coûts d’usage réduits des voitures électriques séduisent les conducteurs. Ces véhicules nécessitent moins d’entretien qu’un modèle classique. Cette économie attire de nombreux consommateurs à la recherche de solutions durables et économiques.

    Dans les années à venir, l’Amérique du Sud pourrait devenir un terrain clé pour l’électromobilité mondiale. Les constructeurs chinois y voient une opportunité stratégique. Les gouvernements veulent moderniser leur parc automobile. Les consommateurs souhaitent réduire leurs dépenses liées au carburant. Cette convergence crée un contexte favorable à une adoption plus large. Si les réseaux de recharge s’améliorent, la croissance pourrait s’accélérer. Plusieurs pays ambitionnent déjà de suivre les trajectoires observées en Europe ou en Chine. Les prochains investissements décideront de la rapidité de cette transition.

  • Les ventes mondiales de véhicules électriques bondissent de 23 % en octobre 2025

    Les ventes mondiales de véhicules électriques bondissent de 23 % en octobre 2025

    Le marché mondial de l’électromobilité continue d’avancer à un rythme soutenu. Selon les dernières données publiées par le cabinet d’analyse Rho Motion, les ventes de véhicules 100 % électriques (BEV) et hybrides rechargeables (PHEV) ont atteint 1,9 million d’unités en octobre 2025, soit une progression de +23 % par rapport à l’an dernier. Un chiffre qui confirme que l’électrique s’installe durablement dans le paysage automobile mondial, mais pas partout à la même vitesse.

    Parking rempli de voitures électriques modernes
    Un parking rempli de voitures électriques, illustrant la croissance du marché mondial

    La Chine garde la main, l’Europe accélère

    Sans surprise, c’est la Chine qui reste le plus grand marché de la planète. Avec près de 1,3 million de ventes en un mois, « l’Empire du Milieu » continue de dominer le secteur, même si sa croissance ralentit légèrement (+6 %). Une croissance qui pourrait s’accentuer encore avant une chute probable des ventes. Cela ferait suite aux annonces politiques récentes, à savoir la réduction du taux d’exonération fiscale pour les véhicules à nouvelle énergie à la fin 2025.

    L’Europe, quant à elle, réalise une performance remarquable : +36 % en un an avec 372 786 unités vendues. Une évolution portée par la montée en puissance des modèles plus abordables et par des politiques publiques qui soutiennent encore largement l’achat de véhicules zéro émission.

    L’Amérique du Nord en difficulté

    À l’inverse, l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) traverse une période plus délicate. Les ventes ont reculé d’environ 41 % en octobre. Une chute brutale qui s’explique principalement par l’expiration, aux US, du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, un dispositif qui faisait office de pilier pour les ventes de modèles électriques et qui a disparu le 30 septembre 2025.

    Les analystes évoquent que cette baisse est principalement liée au fait qu’aux États-Unis, les véhicules électrifiés coûtent encore bien plus cher que les véhicules à combustion thermique. Selon eux, ce chiffre est également un “effet de décalage”, car de nombreux acheteurs américains ont anticipé leurs achats avant la fin des incitations budgétaires.

    Voiture électrique Lucid garée à Miami
    Une Lucid électrique garée à Miami, représentant le marché américain en transition

    Le “reste du monde” : une croissance rapide, mais encore limitée

    Derrière les trois grands blocs historiques (Chine, Europe, Amérique du Nord), le “reste du monde” regroupe des marchés très hétérogènes : Asie du Sud, Moyen-Orient, Afrique, Océanie et une partie de l’Amérique latine.

    Selon Rho Motion, ces régions ont enregistré une croissance moyenne de +37 % en octobre. Une progression significative, portée par :

    • En Inde, les programmes d’électrification se sont accélérés sous l’impulsion du gouvernement Modi, qui vise une part de marché de 30 % de véhicules électriques d’ici à 2030. Le pays multiplie les incitations fiscales et développe des usines de batteries et d’assemblage.
    • Au Moyen-Orient, les différents pays injectent des montants colossaux dans les infrastructures de recharge notamment.
    • La montée en puissance de nouveaux marchés comme la Thaïlande, l’Australie ou le Brésil.

    Mais malgré cette accélération, le “reste du monde” ne représente qu’une fraction minime de l’écosystème mondial.

    Un marché globalement solide, mais de plus en plus contrasté

    Au total, c’est plus de 16,5 millions de véhicules électrifiés qui ont été vendus à travers le monde entre janvier et octobre 2025, un rythme identique (+23 %) sur l’ensemble de l’année. Cette croissance reste robuste, certes, mais elle témoigne aussi d’une maturation du marché : les progressions ne sont plus uniformes, et les régions avancent désormais à des vitesses très différentes :

    • L’Europe confirme sa trajectoire ascendante et veut rester au contact du géant chinois, malgré les tensions économiques.
    • La Chine reste incontournable, avec des volumes importants qui servent de moteur global.
    • L’Amérique du Nord prend du retard, ce qui révèle que le pays est encore trop dépendant des politiques fiscales et des incitations budgétaires.
    • Le “reste du monde”, quant à lui, affiche une croissance dynamique (+37 %). Un chiffre encourageant mais qui reste encore trop marginal dans les volumes.
    Plusieurs voitures Tesla électriques garées côte à côte
    Différents modèles de Tesla alignés, symbole de la diversité croissante des véhicules électriques

    Une transition qui avance, mais pas au même rythme partout

    Ces chiffres rappellent une réalité : l’électromobilité n’est pas un phénomène linéaire. Elle progresse, mais avec des dynamiques très différentes selon les continents. La taille du marché en Chine rend toute analyse globale fortement dépendante des chiffres chinois, ce qui peut masquer des situations plus faibles dans d’autres régions.

    L’électromobilité avance, mais à plusieurs vitesses.

  • Recharge rapide ou recharge lente ?

    Recharge rapide ou recharge lente ?

    Tout comme le plein de carburant, la recharge est une préoccupation centrale pour tous les propriétaires de voitures électriques. Mais quand choisir entre une recharge rapide et une recharge lente ? Quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ?

    Homme quittant son véhicule électrique branché sur une borne de recharge à domicile
    Un conducteur quitte sa voiture électrique laissée en charge à domicile, illustrant la simplicité de la recharge quotidienne. (Crédit : Juice)

    Contrairement au moteur thermique, où le passage à la pompe est obligatoire, la recharge électrique peut se faire à domicile, sur des bornes publiques ou sur autoroute. Selon le lieu, les bornes proposent des puissances et des temps de recharge très différents. On parle ainsi de recharge lente ou de recharge rapide, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients. Il est donc important pour un propriétaire de voiture électrique de savoir quand il convient de privilégier l’une ou l’autre, pour préserver son véhicule… et son portefeuille !

    Deux principaux types de recharge

    D’abord, il y a la recharge lente. Elle s’effectue sur des bornes dont la puissance est comprise entre 2 kW, sur une prise domestique par exemple, et une vingtaine de kW sur les bornes publiques notamment. La recharge est plus lente car elle utilise du courant alternatif, qui doit être converti en courant continu pour être stocké dans la batterie.

    Au contraire, les bornes de recharge rapide, que l’on trouve le plus souvent sur les aires de service au bord de l’autoroute, fournissent directement du courant continu à la batterie et affichent des puissances allant de 50 à plus de 500 kW.

    La recharge lente pour tous les jours

    Pourquoi privilégier la recharge lente au quotidien ? Tout d’abord parce qu’elle est moins agressive avec les cellules de la batterie et préserve donc son intégrité sur le long terme. Un avantage dont le seul point négatif est la durée de la recharge. Un inconvénient qui n’en est pas vraiment un au quotidien lorsqu’on peut recharger chez soi ou sur le parking de son bureau. Si la batterie est toujours chargée entre 20 et 80 %, c’est largement suffisant pour la préserver tout en l’utilisant chaque jour.

    Dernier gros avantage, et pas des moindres, la recharge lente coûte généralement moins cher qu’une recharge rapide. C’est d’autant plus vrai si l’on recharge à domicile pendant les heures creuses.

    Tesla électrique branchée sur une borne rapide pendant un voyage sur autoroute pour les vacances
    Une Tesla en train de recharger sur une aire d’autoroute, indispensable pour les longs trajets et les vacances électriques. (Crédit : Ernest Malimon)

    La recharge rapide pour les longs trajets

    Les bornes de recharge rapide, voire ultra-rapide, permettent de recharger la batterie à 80 % en moins de temps qu’il ne faut pour engloutir un café, un sandwich triangle et une barre de chocolat. C’est donc tout naturellement qu’elles sont surtout présentes sur les autoroutes. Leur existence est indispensable aux longs trajets en électrique.

    Sans elles, il faudrait s’arrêter plusieurs heures, mais leur utilisation intensive n’est pas recommandée, car elle n’est pas sans conséquences. Une recharge rapide génère une augmentation plus importante de la température des cellules de la batterie, ce qui peut accélérer sa dégradation plus vite qu’avec une utilisation régulière de recharges lentes.

    Autrement dit : la recharge rapide, c’est pour les longs trajets, les urgences et les imprévus.

    On note tout de même une récente amélioration des réseaux de recharge, mais aussi de belles promesses concernant l’évolution des technologies de batteries. Que ce soit la démocratisation des batteries solides ou la gestion intégrée de la température, il ne sera peut-être plus nécessaire, d’ici quelques années, de se poser la question de la recharge lente ou rapide…

    En attendant, on prend soin de sa batterie en privilégiant la recharge lente au quotidien, et les recharges rapides de façon plus occasionnelle.

  • L’électromobilité au Canada : une transition contrariée

    L’électromobilité au Canada : une transition contrariée

    Le Canada affiche des ambitions parmi les plus élevées au monde avec un objectif de 100 % de ventes de véhicules zéro émission d’ici à 2035. Mais en 2025, la réalité du terrain est tout autre : les ventes de véhicules électriques s’effondrent, l’infrastructure peine à suivre et les incitations gouvernementales qui avaient porté le marché ont brutalement disparu.

    Véhicule électrique roulant dans une route de montagne au Canada
    Un véhicule électrique circule sur une route de montagne canadienne, illustrant les défis d’autonomie en terrain froid et isolé.

    Un marché automobile stable, l’électrique en chute libre

    Le marché automobile canadien affiche une relative stabilité, avec environ 159 000 véhicules vendus en octobre 2025, soit une baisse de 1,8 % par rapport à octobre 2024. Une légère baisse certes, mais sur les neuf premiers mois de l’année, le Canada totalise près de 1,45 million d’unités vendues, une hausse de 5,9 % par rapport à la même période de l’an passé. Un marché global en bonne forme donc, mais malheureusement, ces chiffres masquent une réalité bien plus sombre pour le secteur de la mobilité électrique.

    En effet, les véhicules zéro émission (VZE) connaissent une année 2025 catastrophique. Au deuxième trimestre, leur part de marché est tombée à 9,2 %, contre 9,7 % au premier trimestre. Plus frappant encore, en juin 2025, ce sont 14 090 véhicules zéro émission qui ont été vendus ; ce chiffre représente une baisse significative de 35,2 % par rapport à juin 2024. Sur le premier semestre 2025, même constat : 79 476 véhicules électriques ont été vendus, soit une baisse de 29,8 % par rapport à la même période de 2024. Une dégringolade spectaculaire qui s’explique principalement par l’arrêt des subventions.

    La fin des incitations : un coup dur

    Comme expliqué en amont, l’objectif du pays dans la transition énergétique des transports est ambitieux. Pour parvenir à augmenter drastiquement l’adoption des VE, le gouvernement a dû mettre en place des incitations budgétaires. Le programme fédéral iZEV (Incentives for Zero-Emission Vehicles), lancé en mai 2019, offrait jusqu’à 5 000 $ CAD de rabais pour l’achat d’un véhicule électrique neuf. Un dispositif qui avait permis à plus de 185 000 Canadiens de passer à l’électrique.

    Mais en janvier 2025, le gouvernement a annoncé la suspension du programme, ayant épuisé son enveloppe budgétaire. Une décision qui a provoqué un effet immédiat : les ventes de BEV ont chuté de 57 % entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025. Les hybrides rechargeables ne sont pas en reste non plus : les ventes ont connu une baisse de 44 % sur la même période.

    Le Québec, locomotive historique de l’électromobilité au Canada (forte incitation financière, taux d’adoption élevé des VE et réseau de recharge développé), a également suspendu ses incitations provinciales en février et mars 2025. Dans cette province, les immatriculations Tesla sont passées de 5 097 véhicules au quatrième trimestre 2024 à seulement 524 au premier trimestre 2025, soit une chute vertigineuse de 90 %. Malgré tout, les provinces canadiennes sont autonomes sur certaines politiques, et en ce sens, le Québec a pu relancer le programme d’incitation « Roulez Vert » dès le 1er avril 2025, permettant aux Québécois de bénéficier d’une aide à l’achat d’un véhicule électrifié allant jusqu’à 4 000 $ CAD.

    Ces chiffres témoignent d’une dépendance aux aides publiques et révèlent la fragilité du marché canadien : lorsque les subventions s’arrêtent, les ventes s’effondrent immédiatement.

    Les hybrides : les grandes gagnantes de 2025

    Cette baisse drastique des ventes a profité aux véhicules hybrides classiques, qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. Pour la première fois en 2025, ils ont dépassé les véhicules zéro émission en part de marché. Au deuxième trimestre, les hybrides classiques représentaient 12,9 % des ventes, contre 9,2 % pour l’ensemble des VZE.

    C’est un basculement dû à plusieurs facteurs communs à d’autres pays : les véhicules électriques sont jugés trop coûteux par les automobilistes et les infrastructures de recharge sont encore trop peu nombreuses au Canada. Les hybrides apparaissent comme un compromis.

    Carte du Canada montrant les points de stations de recharge pour véhicules électriques
    Carte représentant la localisation des bornes de recharge publiques et la répartition inégale du réseau à travers le Canada. (Crédit : electricautonomy.ca)

    Un réseau de recharge insuffisant

    Le Canada compte environ 33 767 points de recharge publics répartis sur 12 955 stations en mars 2025, une augmentation de 24,2 % par rapport à l’année précédente. Une progression encourageante, mais très en deçà des besoins, car avec ses 39 millions d’habitants et son territoire immense de près de 10 millions de km², le Canada souffre d’une couverture géographique dispersée, rendant les trajets longue distance plus difficiles pour les utilisateurs de véhicules électriques.

    À titre de comparaison, la France dispose de plus de 163 000 points pour 67 millions d’habitants, répartis sur « seulement » 551 000 km².

    Selon une étude du cabinet Dunsky Energy and Climate, le Canada aurait besoin de 100 520 bornes de recharge pour atteindre ses objectifs. En 2021, le même cabinet estimait que le pays devrait disposer de 52 000 bornes dès 2025. Le retard de développement est donc bien présent.

    Les disparités régionales sont marquées. La Colombie-Britannique et le Québec concentrent l’essentiel de l’infrastructure. Les provinces de l’Atlantique, les Prairies et le Nord canadien restent largement sous-équipés.

    Le réseau Supercharger de Tesla demeure le plus vaste du pays. En 2025, Tesla a ouvert ses bornes aux véhicules d’autres marques. Des initiatives prometteuses voient le jour : en février 2025, l’entreprise australienne Jolt a reçu 194 millions de dollars pour installer jusqu’à 1 500 chargeurs dans les centres urbains.

    General Motors détrône Tesla

    L’année en cours a également été le témoin d’un changement majeur en termes de suprématie des constructeurs : General Motors est devenu le premier vendeur de véhicules électriques au Canada, détrônant Tesla. GM s’appuie sur un portefeuille élargi avec 13 modèles électriques répartis entre Chevrolet, Cadillac et GMC.

    Tesla, qui détenait près de 50 % des parts de marché des véhicules électriques au début de 2022, n’en représente plus que 10 % en avril 2025. Cette chute s’explique notamment par l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché.

    Voiture Tesla stationnée dans une rue de Vancouver
    Une Tesla photographiée à Vancouver, symbole du recul récent des ventes malgré la forte présence du constructeur au Canada.

    Acteurs canadiens clés

    Le Canada développe progressivement sa chaîne industrielle EV :

    • Lion Électrique, fabricant québécois de bus et camions électriques, totalise plus de 1 400 véhicules en circulation en 2025.
    • DANA TM4, également basé au Québec, conçoit et produit des moteurs électriques pour bus, camions et véhicules industriels, au Canada et à l’international.
    • Electrify Canada, réseau de bornes ultra-rapides, déploie ses infrastructures dans plusieurs provinces, mais reste encore limité par rapport aux besoins.

    Ces acteurs existent et croissent, mais leur part de marché reste modeste, et aucun acteur local ne domine le marché EV national.

    Le mandat de 2035 : un objectif irréaliste

    Dans l’optique de valider ses objectifs de transition énergétique des transports, le gouvernement canadien imposait jusque-là aux constructeurs des objectifs de ventes progressifs : 20 % de VZE d’ici à 2026, 60 % d’ici à 2030 et 100 % d’ici à 2035. Mais en septembre 2025, coup de théâtre : le gouvernement a suspendu les objectifs pour l’année modèle 2026. Le premier ministre Mark Carney a justifié cette pause par la nécessité de donner de la « flexibilité » aux constructeurs.

    Le Québec a, pour sa part, ajusté ses objectifs : en septembre 2025, le gouvernement a remplacé l’objectif de 100 % de ventes de véhicules zéro émission en 2035 par une cible de 90 %, incluant désormais les hybrides rechargeables, une décision qu’il justifie comme un compromis pragmatique face aux « réalités nord-américaines » du marché.

    Une question se pose désormais : comment le Canada peut-il espérer atteindre 100 % de ventes électriques en 2035 quand il peine à dépasser 10 % en 2025 ?

    Borne de recharge pour véhicule électrique recouverte de neige
    Une borne de recharge enneigée, illustrant l’impact des hivers rigoureux sur l’usage des véhicules électriques au Canada.

    Les défis structurels persistent

    Le Canada fait face à plusieurs obstacles majeurs :

    • Le prix d’achat : sans subventions, les véhicules électriques restent hors de portée pour de nombreux Canadiens. Alors qu’en Europe plusieurs modèles d’entrée de gamme sont proposés à moins de 25 000 €, et que la Chine compte parmi les véhicules électriques les plus abordables du monde, le Canada se distingue par une offre beaucoup plus limitée. Les modèles les moins chers y débutent autour de 30 000 $ CAD (environ 19 000 €). Malgré ce niveau de prix équivalent, le choix de véhicules réellement accessibles reste restreint, ce qui renforce l’idée que, sans aides gouvernementales, l’électrique demeure difficilement accessible pour une grande partie des ménages canadiens.
    • Les conditions climatiques : les hivers rigoureux réduisent l’autonomie des batteries de 20 à 40 %, un défi pour les constructeurs et les automobilistes qui doivent s’adapter à ces conditions régionales exigeantes et contraignantes. Avec un réseau de recharge ainsi développé, l’adoption des VE est compliquée.
    • Les disparités régionales : ce territoire très étendu n’est pas développé à la même échelle. Quand la Colombie-Britannique et le Québec affichent des parts de marché électriques de 11,8 % et plus, l’Ontario, l’Alberta et les provinces de l’Atlantique accusent quant à elles un retard considérable, notamment en matière d’infrastructures de recharge.
    • L’attachement aux pick-up : le Canada est l’un des pays où la part des camionnettes et pick-up est la plus élevée au monde. Or les pick-up électriques sont chers et leur autonomie chute fortement en hiver ou en remorquage. Pour beaucoup de Canadiens, l’offre électrique actuelle ne correspond pas aux besoins réels (remorque, longues distances, travail extérieur).

    Le Canada, un pays ambitieux mais limité

    Le Canada incarne en 2025 les contradictions de la transition électrique. Doté de l’une des réglementations les plus ambitieuses au monde, le pays se retrouve pourtant à la traîne de l’Europe et de la Chine.

    Pourtant, le Canada dispose d’atouts considérables : d’immenses réserves de minéraux critiques, une industrie automobile établie et un mix électrique relativement propre. Mais ces atouts ne suffiront pas. Sans une stratégie claire, des investissements massifs dans les infrastructures et des incitations stables, le Canada risque de voir ses ambitions de 2035 non établies. La transition électrique canadienne est aujourd’hui en suspens.