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  • « Rendre la voiture électrique aussi abordable et pratique que le thermique » Maxime Bayon de Noyer (Ampere)

    « Rendre la voiture électrique aussi abordable et pratique que le thermique » Maxime Bayon de Noyer (Ampere)

    Ampere, spécialiste européen des véhicules électriques intelligents issu de Renault Group, joue un rôle clé dans la stratégie d’innovation du groupe. Maxime Bayon de Noyer, Directeur Technologies & Projets Amont, nous explique les priorités, les grands axes de recherche et les enjeux autour de la prochaine génération de véhicules électriques.

    Portrait de Maxime Bayon de Noyer, Directeur Technologies chez Ampere Renault
    Maxime Bayon de Noyer, en charge des projets technologiques chez Ampere – Renault Group.


    Quel est le rôle d’Ampere dans la galaxie Renault, et votre rôle au sein d’Ampere ?
    Maxime Bayon de Noyer
    : Ampere est un acteur tech au service de Renault Group, développant des véhicules électriques (VE) sous la marque Renault et injectant des technologies VE et logiciels pour d’autres marques (Alpine, Nissan, Mitsubishi…). L’objectif d’Ampere est de rendre le véhicule électrique accessible au plus grand nombre en Europe. Mon rôle consiste à piloter les projets technologiques dits « amont », c’est-à-dire… en amont du développement ! On intervient dès la phase de recherche jusqu’au passage de témoin aux équipes de développement en série.

    Quelles sont aujourd’hui vos priorités en matière d’innovation ?
    Maxime Bayon de Noyer
    : Afin de démocratiser le VE en Europe, il est nécessaire de baisser les coûts et de maximiser les usages. Ainsi, pour réduire le prix des batteries, nous travaillons sur les matériaux utilisés en réfléchissant à de nouvelles chimies. Quant aux motorisations électriques, Renault Group est pionnier des moteurs à rotor bobiné sans aimant, donc sans terres rares (notamment avec Zoé). Chez Ampere, nous poursuivons et améliorons cette technologie dans nos prochaines générations de moteurs afin de les rendre plus performants en diminuant, par exemple, les pertes lors des transferts d’énergie.

    Justement, quelles pistes explorez-vous pour améliorer les batteries ?
    MBN :
    À court terme, nous allons introduire la chimie LFP (Lithium fer Phosphate) dans nos batteries, puis à moyen terme, nous étudions une chimie sans cobalt, qui aura la densité énergétique du NMC (Nickel Manganese Cobalt) mais avec le coût et la tolérance du LFP. Enfin, à l’horizon +10 ans, nous proposerons une chimie encore plus performante à base de Lithium métal. L’objectif est de proposer des batteries toujours plus efficientes, moins chères.

    Selon vous, quelle sera la prochaine grande révolution technologique dans l’automobile ?
    MBN : Pour moi, la révolution viendra d’une évolution des usages. L’objectif est une voiture électrique efficiente, avec des recharges rapides, optimisées et stables, quelle que soit la saison ou le type de route. Et ceci avec un véhicule électrique au même prix qu’un véhicule thermique.

    Moteur électrique sans aimant de la nouvelle Renault 5 développé par Ampere
    Le moteur de la Renault 5, développé par Ampere, mise sur l’efficacité sans terres rares.

    La R5 a introduit la recharge bidirectionnelle dans le catalogue Renault. Quel est l’intérêt pour le consommateur ?
    MBN :
    En V2L pour Vehicle to Load, la recharge bidirectionnelle permet d’utiliser sa voiture comme un générateur et donc une prise ambulante, et en V2G pour Vehicle-To-Grid​​, lorsque le véhicule est stationné, il peut réinjecter de l’énergie dans le réseau, comme une mini-centrale électrique. Cette énergie réinjectée est précieuse en période de forte demande : elle stabilise le réseau, prévient les coupures… et peut être revendue, générant ainsi des revenus pour l’utilisateur. Enfin, en V2H pour Véhicule to Home, qui sera disponible en 2026, le véhicule peut alimenter la maison comme le ferait un panneau solaire mobile. Cela permet, par exemple, d’utiliser l’énergie stockée dans la batterie pendant les heures pleines, pour alléger la facture. Le système est piloté par l’IA et préserve toujours l’autonomie nécessaire aux déplacements.

    D’autres innovations à venir que vous pouvez partager ?
    MBN : Certaines sont encore confidentielles, mais nous travaillons actuellement au renouvellement de notre segment C (« compactes bicorps et tricorps », NDLR), avec une nouvelle motorisation offrant un très bon rendement sur autoroute. Cette avancée est rendue possible grâce à une plateforme innovante, permettant une conception en rupture et une optimisation globale. Chez Ampere, notre ambition est claire : rendre l’électrique aussi abordable, désirable et pratique que le thermique. Et ce n’est pas de la science-fiction.

    Un dernier mot sur la Chine justement, est-ce qu’ils ont vraiment 10 ans d’avance ?
    MBN : Ils ont une longueur d’avance, mais nous restons pleinement dans la course. Notre force réside dans notre connaissance approfondie du marché français et européen, acquise au fil des années. Cette expertise nous confère un avantage stratégique, car nous comprenons précisément les attentes et besoins de nos clients. Toutefois, nous savons rester humbles face à leur efficacité, organisation et rapidité. C’est dans cette optique que nous restons vigilants et avons ouvert un bureau à Shanghai, afin de mieux observer et anticiper les évolutions du marché.

  • Cap symbolique pour Porsche : le millionième Macan vendu est passé à l’électrique

    Cap symbolique pour Porsche : le millionième Macan vendu est passé à l’électrique

    Le 16 juillet 2025, Porsche a célébré la sortie d’usine de son millionième Macan des chaînes de l’usine de Leipzig. Un chiffre historique. Le Macan a toujours été perçu comme un SUV compact sportif qui a permis à Porsche d’asseoir son succès commercial dès 2014.

    Onze ans plus tard, le millionième exemplaire sorti d’usine n’est plus animé par un moteur thermique, mais bien une motorisation électrique. Depuis 2024, le renouveau de la firme allemande la plus connue à travers le monde est à l’image de la transition globale. Avec ce cap franchi, Porsche prouve que l’électromobilité n’est plus un pari, mais une réalité industrielle adoptée à grande échelle, même chez les constructeurs les plus emblématiques du sport automobile.

    Porsche Macan électrique en cours d’assemblage dans l’usine de Leipzig
    La production du Macan électrique à l’usine Porsche de Leipzig, illustrant la montée en puissance de l’électromobilité.

    Le Macan électrique prend le dessus

    Dévoilée début 2024, la nouvelle génération de Macan se vend exclusivement en version 100 % électrique. Et les chiffres confirment l’engouement : même si les anciens Macan thermiques sont toujours disponibles au catalogue de Porsche, sur le premier semestre 2025, plus de 60 % des Macan vendus sont des électriques, selon les données officielles de Porsche. Mieux encore : d’après le communiqué de presse de Porsche du 8 juillet 2025, le Macan électrique s’est mieux vendu que la mythique 911 en 2024… Preuve supplémentaire d’un basculement de la demande, même chez les clients exigeants et fidèles de la marque allemande.

    Une production optimisée pour des ambitions claires

    Le Macan électrique est assemblé dans l’usine de Leipzig, entièrement modernisée pour accueillir la production de véhicules électriques. Porsche y a investi plus d’un demi-milliard d’euros pour adapter ses lignes à la plateforme PPE (Premium Platform Electric), développée avec Audi. Concrètement, Porsche produit des voitures électriques en utilisant une base technique développée en partenariat avec Audi appelée PPE. La plateforme « PPE » est chez Audi et Porsche ce qu’est la plateforme « STLA Medium » chez Stellantis : une base commune (châssis, emplacement pour la batterie, etc. ; concrètement, le « squelette » de la voiture…) Cela permet de fabriquer plus vite, plus efficacement, et avec des technologies partagées haut de gamme.

    Dévoilement partiel de la nouvelle génération Porsche Macan 100 % électrique
    La nouvelle génération du Porsche Macan électrique est révélée officiellement, marquant une nouvelle ère pour le SUV compact sportif.

    Résultat : la production électrique du Macan s’appuie sur une ligne issue de celle des modèles thermiques, mais profondément modernisée pour accueillir la plateforme PPE, illustrant la volonté de flexibilité et de montée en puissance industrielle rapide.

    Un futur 100 % électrique, assumé

    Avec déjà deux modèles 100 % électriques au catalogue (le Taycan, désormais le Macan), la récente 911 type 992.2 qui vient adopter une légère hybridation et enfin une potentielle version zéro émission du Cayenne pour 2026, l’objectif est clair. Plus de 80 % des ventes Porsche seront 100 % électriques d’ici 2030, a annoncé Oliver Blume (PDG de Porsche AG) en mars 2022.

    Ce millionième Macan électrique est donc bien plus qu’une simple étape : c’est un message, à la fois aux concurrents et au marché global, et ce dernier est clair : oui, on peut conjuguer performance, design et électrification. Et oui, l’électromobilité est en train de gagner du terrain, y compris chez les constructeurs historiques.

    orsche Macan électrique en extérieur, vue de profil sur route
    Le Porsche Macan électrique dévoile son design dynamique et sportif en extérieur, symbole de performance et d’électrification.

    Et côté performance ?

    Le succès de ce Macan 4 électrique n’a rien d’hasardeux : 

    • 408 chevaux,
    • Un 0 à 100 km/h en seulement 5,2 secondes,
    • 612 km d’autonomie annoncée,
    • Recharge ultra-rapide de 100 kW (10–80 % en 21 minutes).

    Des performances qui confirment qu’électrique ne rime plus avec compromis, mais bien avec progrès et sportivité.

  • Le Canada envisage d’ouvrir son marché aux véhicules électriques européens

    Le Canada envisage d’ouvrir son marché aux véhicules électriques européens

    Le gouvernement fédéral canadien a récemment bloqué l’entrée sur le marché national des véhicules électriques (VE) les moins chers au monde, fabriqués en Chine, en imposant des droits de douane de 100 %. En réaction, des défenseurs de la mobilité électrique appellent le Canada à faciliter l’importation de modèles abordables en provenance d’Europe, actuellement freinée par des normes techniques.

    Volkswagen ID.3 voiture électrique européenne non disponible au Canada
    La Volkswagen ID.3, modèle électrique compact populaire en Europe, n’est pas encore commercialisée au Canada. (Crédit : Volkswagen)

    Pourquoi c’est difficile aujourd’hui

    Les véhicules européens ne sont pas facilement importables au Canada, car ils ne respectent pas certaines exigences du pays en matière d’homologation. Les règles de certification étrangères ne sont pas automatiquement suffisantes pour répondre aux besoins de sécurité des usagers canadiens, en raison d’un environnement routier distinct, de véhicules généralement plus grands, et de conditions spécifiques.

    Parmi les modifications demandées : les pare-chocs, les phares ou d’autres éléments techniques. Ce processus peut être long et coûteux, ce qui décourage les importateurs.

    Des pressions pour ouvrir

    Daniel Breton, président d’Electric Mobility Canada, plaide pour que les véhicules homologués en Europe puissent entrer au Canada sans devoir être recertifiés ou modifiés. Il estime que les exigences canadiennes sont injustifiées, puisque « si ces voitures sont assez sûres pour les routes européennes, elles le sont aussi pour les nôtres. »

    Un sondage mené par Clean Energy Canada en juin 2025, auprès de 2 585 Canadiens, montre que 70 % d’entre eux sont favorables à l’ouverture du marché aux véhicules européens approuvés.

    Un contexte commercial tendu

    Cette volonté d’ouverture s’inscrit dans un contexte de pression commerciale croissante. Le marché nord-américain est instable : le retrait des subventions au Canada, les droits de douane de 100 % sur les VE chinois, et les décisions de l’administration Trump aux États-Unis compliquent l’accès à des véhicules abordables.

    Le gouvernement canadien envisage cette piste pour diversifier ses sources d’approvisionnement et répondre à une demande croissante pour des modèles compacts aujourd’hui indisponibles, comme la Volkswagen ID.3, ou des marques absentes du marché canadien (Citroën, Opel, Peugeot…).

  • BYD réinvente la recharge électrique : 400 km en 5 minutes grâce à une borne ultra-rapide

    BYD réinvente la recharge électrique : 400 km en 5 minutes grâce à une borne ultra-rapide

    Le constructeur chinois BYD frappe à nouveau l’industrie de la mobilité électrique avec sa Super e‑Platform, une architecture révolutionnaire à 1 000 V dédiée à la recharge électrique ultra-rapide. Associée à sa nouvelle borne « Megawatt Flash Charger » délivrant jusqu’à 1 000 kW, elle permet de récupérer pas moins de 400 km d’autonomie en seulement 5 minutes – soit 2 km de portée chaque seconde.

    BYD Sealion 7 en cours de recharge ultra-rapide
    La Sealion 7 de BYD est compatible avec la borne 1 000 kW permettant 400 km d’autonomie en 5 minutes. (Crédit : BYD)

    Cette performance est rendue possible grâce à une batterie spéciale, conçue pour supporter une recharge très puissante sans surchauffer, et à des composants électroniques très résistants qui gèrent efficacement cette énorme quantité d’énergie. Recharger devient aussi rapide et simple qu’un passage à la pompe… Lors du lancement au printemps 2025, BYD a dévoilé deux modèles compatibles avec cette technologie : la berline Han L et le SUV Tang L, tous deux capables de gains de 400 km en 5 minutes. Du côté performance, la Han L dispose d’un moteur tournant à 30 000 tr/min et propose jusqu’à 788 chevaux (580 kW), propulsant le 0‑100 km/h en seulement 2,7 s…

    Un déploiement massif en Chine

    La Chine prévoit une mise en exercice nationale à la hauteur de ses ambitions… BYD a déjà installé plus de 4 000 bornes ultra-rapides dans l’Empire du Milieu, dont les 500 premières sont arrivées dès avril 2025. Ces bornes sont équipées de refroidissement liquide et d’un double connecteur, capable d’atteindre jusqu’à 1 360 kW en pic.

    Et en pratique ?

    Oui, ça fonctionne… et même très bien, du moins en Chine où tout l’écosystème a été pensé pour. Résultat : les utilisateurs peuvent recharger avec une expérience fluide et fiable. Seule limite : ces stations restent pour l’instant peu nombreuses et surtout très coûteuses à déployer… mais la démonstration technologique est là, rapide, efficace, et déjà utilisée au quotidien par des milliers de conducteurs.

    Berline électrique BYD Han L haute performance
    La BYD Han L atteint 788 chevaux et recharge 400 km en 5 minutes grâce à la nouvelle borne ultra-rapide. (Crédit : BYD)

    Impact sur la concurrence

    La technologie de BYD secoue l’industrie : Tesla, avec ses Superchargeurs à 250–350 kW (voire 500 kW à venir), est désormais à la traîne… Les constructeurs européens (Mercedes, BMW, Renault) accélèrent aussi leurs efforts, mais le bond de BYD vers le mégawatt reste sans équivalent.

    Quelle portée pour l’Europe ?

    Concernant le Vieux Continent, BYD a clairement indiqué son intention de porter cette innovation en Europe. Mais la faisabilité dépendra de la capacité des réseaux électriques à supporter de telles charges, ainsi que de l’adoption de bornes adaptées. Par ailleurs, seuls certains modèles haut de gamme pourront en bénéficier, limitant la diffusion auprès du grand public.

    Concrètement, avec cette avancée, BYD a brutalement élevé la barre de la recharge électrique avec sa Super e‑Platform et son réseau de bornes mégawatt, en rendant la recharge quasi aussi rapide que le plein d’essence d’un véhicule thermique. La marque ouvre désormais une nouvelle ère où l’électro-mobilité n’est plus freinée par l’autonomie ou la durée de charge. Reste à savoir si cette révolution s’imposera rapidement au-delà de la Chine…

  • Le parc électrique automobile français : une transition sous l’égide du gouvernement

    Le parc électrique automobile français : une transition sous l’égide du gouvernement

    La France a amorcé une transition profonde de son modèle de mobilité, avec l’ambition de convertir l’ensemble de son parc automobile à l’électrique d’ici à 2035. Si cette évolution est souvent présentée comme une nécessité incontournable, elle s’accompagne en réalité de nombreux défis, tant sur le plan technique que social et industriel que peu de pays ont pleinement mesurés. Derrière les annonces officielles mettant en avant une adoption massive des véhicules électriques par les Français, la situation est en réalité plus nuancée, entre réticences culturelles, choix politiques parfois contradictoires et ajustements stratégiques constants de la part des industriels.

    Voiture électrique en France dans le cadre de la stratégie nationale de transition énergétique
    La France veut convertir son parc automobile à l’électrique d’ici 2035, malgré de nombreux défis. (Crédit : Laitr Keiows)

    Ce dossier propose une analyse détaillée et critique des politiques publiques en matière de véhicules électriques, en mettant en lumière les multiples facteurs qui influencent les décisions gouvernementales. Bien que ces choix soient souvent justifiés par des impératifs écologiques, ils répondent en réalité à des enjeux plus vastes, mêlant considérations géopolitiques, économiques et industrielles, parfois en tension les unes avec les autres. Malgré des avancées visibles sur le plan des parts de marché, cette transition reste confrontée à des obstacles structurels de taille, susceptibles d’en limiter l’impact réel, y compris sur le plan environnemental.

    Une transition aux motivations multiples et complexes

    L’argument climatique est souvent mis en avant, mais il ne suffit pas à expliquer, à lui seul, les choix faits en matière de transition automobile. Certes, le transport représente environ 30 % des émissions de CO₂ en France, mais présenter le véhicule électrique comme une solution unique et incontournable soulève plusieurs interrogations. Les recherches récentes, notamment celles de l’Agence Internationale de l’Énergie en 2023, rappellent que l’impact environnemental d’un véhicule électrique dépend du mix énergétique du pays et de l’ensemble de son cycle de vie.

    En France, où l’électricité est majoritairement d’origine nucléaire, l’argument écologique conserve une pertinence. Toutefois, il tend à occulter d’autres considérations déterminantes. D’après les chiffres du Ministère de la Transition écologique pour 2023, la forte dépendance du pays aux importations de pétrole – près de 99 % du pétrole brut consommé en France est importé – fait de l’électrification un levier stratégique pour réduire la vulnérabilité énergétique et le déficit commercial. Les récentes flambées des prix des carburants ont rappelé l’urgence de cette problématique dans un pays où la voiture reste un pilier du quotidien.

    La bataille industrielle : préserver un secteur clé de l’économie française

    Derrière les discours sur la « transition juste » et l’écologie positive, c’est l’avenir même de l’industrie automobile française qui se joue. Les constructeurs nationaux, à commencer par Renault, ont tardé à prendre le virage électrique, laissant le champ libre à Tesla et aux marques chinoises comme BYD ou MG, qui ont pris une avance importante.

    Depuis 2020, l’État a injecté près de 7 milliards d’euros, selon les chiffres de la Cour des Comptes, pour soutenir à la fois les ménages et les ventes des groupes français. La décision d’exclure depuis janvier 2024 les véhicules produits hors UE du bonus écologique illustre bien ces enjeux industriels. Officiellement justifiée par la réduction de l’empreinte carbone du transport maritime, cette mesure vise à protéger les constructeurs européens face à la pression concurrentielle des modèles chinois, plus abordables.

    Des politiques publiques ambitieuses, mais aux effets contrastés

    Le système bonus-malus : entre complexité administrative et incohérences

    Le dispositif français repose sur un empilement de mesures fiscales devenues peu lisibles. Le bonus écologique a été réduit à 4 000 euros pour les ménages modestes, contre 7 000 euros auparavant, et la prime à la conversion supprimée. À cela s’ajoutent des aides locales inégales selon les régions, avec des critères d’éligibilité changeant régulièrement, ce qui génère instabilité et confusion.

    Au-delà de cette complexité, des effets pervers apparaissent : le malus écologique, plafonné à 70 000 € depuis mars 2025, pénalise les familles nombreuses et les professionnels ayant besoin de véhicules spacieux. Le bonus, quant à lui, exclut les véhicules de plus de 47 000 €, limitant l’accès à des modèles premium pour les classes moyennes supérieures.

    Zones à Faibles Émissions : une bombe sociale à retardement

    La généralisation des Zones à Faibles Émissions (ZFE) dans 45 métropoles alimente les tensions. Si la réduction de la pollution fait consensus, les modalités d’application posent des problèmes d’équité. Selon l’Observatoire des Inégalités (mars 2024), un ménage modeste en première couronne parisienne pourrait devoir investir trois années de salaire médian pour un véhicule conforme.

    Les solutions proposées – transports en commun, vélo – sont souvent inadaptées. Pour les professionnels itinérants (artisans, soignants, etc.), se passer de voiture est irréaliste. Cette mesure risque d’approfondir la fracture entre centres-villes bien équipés et périphéries toujours dépendantes de l’automobile.

    Zones à faibles émissions : un défi social dans la transition électrique en France
    Les Zones à Faibles Émissions suscitent des tensions sociales dans les territoires périphériques. (Crédit : Gile Michel/SIPA)

    Véhicules utilitaires et véhicules professionnels : les grands oubliés de la transition

    Le débat sur la transition automobile reste centré sur les voitures particulières, alors que les véhicules utilitaires, qui représentent près de 60 % du parc roulant, sont essentiels à l’économie locale. Or, les modèles électriques actuels peinent à répondre aux besoins : autonomie insuffisante une fois chargés, temps de recharge trop long, coût prohibitif pour les petites entreprises.

    Le bonus utilitaire a été supprimé, et les aides locales sont largement insuffisantes. Beaucoup d’artisans et commerçants se retrouvent ainsi coincés entre l’interdiction du diesel et le manque d’options viables en électrique.

    Un fossé générationnel et territorial qui se creuse

    La transition vers l’électrique renforce les inégalités. Pour les seniors vivant dans des zones mal desservies, la voiture reste indispensable, mais les VE représentent une source d’anxiété : autonomie, recharge, nouveaux usages. Les jeunes actifs en zones rurales, quant à eux, sont confrontés à un dilemme : conserver un vieux véhicule thermique ou s’endetter pour un VE d’occasion à l’autonomie incertaine. Cette double fracture met en lumière les défis sociaux et territoriaux encore non résolus de la transition.

    Vers une transition plus équilibrée et réaliste ?

    Face aux tensions croissantes, une approche plus équilibrée s’impose pour éviter un rejet massif. Plusieurs leviers peuvent être envisagés :

    • Création d’un observatoire indépendant des prix des VE et services de recharge pour garantir transparence et lutter contre les abus ;
    • Conditionnement des aides publiques à des critères de sobriété (poids, autonomie, empreinte carbone) pour éviter le soutien à des modèles surdimensionnés ;
    • Réorientation des investissements vers des alternatives adaptées : transports collectifs en milieu rural, covoiturage organisé, vélo utilitaire ;
    • Instauration d’un moratoire sur les ZFE dans les zones sans alternatives crédibles, pour laisser le temps aux infrastructures de se développer.
    Usine de production de voitures électriques en France, symbole de la transition industrielle
    L’industrie automobile française s’adapte à la montée en puissance des véhicules électriques. (Crédit : Renault)

    Un défi à réajuster pour une transition réussie

    En conclusion, si la politique d’électrification du parc automobile traduit une ambition environnementale indéniable, elle souffre d’un manque d’adaptation aux réalités sociales et territoriales. En privilégiant une logique technocratique, les décideurs ont sous-estimé les freins culturels, les disparités et les contraintes économiques de millions de Français.

    La réussite de cette transition passera par un rééquilibrage des politiques, une meilleure prise en compte des usages réels et, surtout, une réflexion globale sur notre rapport à la mobilité. Sans cela, le risque est grand de voir émerger des résistances durables, compromettant l’adhésion même au projet de mobilité durable.

  • État des lieux du véhicule électrique en France : analyse chiffrée du marché automobile

    État des lieux du véhicule électrique en France : analyse chiffrée du marché automobile

    Le véhicule électrique (VE) occupe une place de plus en plus importante dans le paysage automobile français. En 2024, selon les données gouvernementales, les voitures 100 % électriques représentent 16,8 % des ventes, confirmant une stabilisation après une forte croissance entre 2020 et 2023. Le marché marque un changement dans les positions des fabricants, avec des segments populaires qui évoluent et une transition vers l’électrification.

    Après une forte croissance, les ventes de véhicules électriques reculent de 2,7 %, passant de 303 900 unités en 2023 à 295 600 en 2024. Leur part de marché reste stable à 16,8 %, contre 16,7 % l’année précédente. Les ventes d’hybrides rechargeables suivent la même tendance, avec 147 100 immatriculations, soit une baisse de 9,6 %. Dans le même temps, les motorisations thermiques poursuivent leur déclin. Le diesel tombe à 7,2 % des ventes, tandis que l’essence chute de 37 %, représentant désormais 30,2 % du marché. L’hybride diesel devient marginal avec seulement 0,8 % des ventes (contre 1,2 %). À l’inverse, l’hybride non rechargeable essence connaît une forte progression, devenant ainsi la motorisation la plus vendue en France.

    Les alternatives énergétiques (gaz naturel/GPL) stagnent à 3,2 % de part de marché. Cela montre un recul des motorisations thermiques traditionnelles, une stagnation des nouvelles énergies, et une montée de l’hybride classique comme solution transitoire.

    Les voitures électriques les plus vendues en France en 2024 : une recomposition du marché

    La stabilisation après plusieurs années de croissance soutenue marque un repositionnement des marques dominantes et un renouvellement des modèles populaires.

    Tesla en perte de vitesse, Renault en pleine ascension

    Longtemps leader incontesté, Tesla voit ses ventes reculer. La Tesla Model Y, bien qu’encore en tête avec 28 576 unités vendues en 2024, enregistre une baisse de 23 % par rapport à 2023. Son autre modèle, la Tesla Model 3, chute de 52,7 %. Cette baisse est en partie due à l’arrivée de concurrents français plus accessibles et mieux adaptés aux attentes des consommateurs.

    Crédit : Mathis Miroux

    À l’inverse, Renault profite de cette dynamique pour devenir leader du marché des véhicules électriques en France. La Peugeot e-208 confirme son succès avec 23 602 exemplaires écoulés. La Renault Megane E-Tech résiste bien, totalisant 16 800 immatriculations. Le constructeur a séduit avec de nouveaux modèles attendus. La Renault 5 E-Tech, récemment lancée, enregistre 9 973 immatriculations, et le Renault Scénic E-Tech s’impose avec 8 953 unités vendues dès sa première année.

    Les SUV électriques connaissent aussi un grand succès. La Peugeot e-2008 enregistre une hausse de 95,1 % avec 8 944 ventes, tandis que le BMW iX1 affiche une progression de 135,9 %, avec 8 940 unités écoulées.

    En revanche, certains modèles emblématiques connaissent une régression. C’est le cas de la Fiat 500e, qui chute de 33 % avec 16 153 unités vendues, perdant du terrain face à des alternatives plus récentes.

    Un marché dominé par Renault, Tesla et Peugeot

    Renault devient le premier constructeur de véhicules électriques en France, avec 16,9 % de part de marché, en progression de 2,3 points. Tesla recule à 15,8 %, tandis que Peugeot gagne du terrain avec 14,7 %, soit une hausse de 1,1 point. Volkswagen et BMW continuent de se disputer des parts de marché, avec respectivement 9,2 % et 7,1 % des immatriculations.

    L’année 2024 marque un tournant pour le marché des véhicules électriques en France, avec une transition vers un marché plus diversifié. Tesla perd de son influence face aux constructeurs français qui ont su adapter leur offre aux besoins des consommateurs. Renault s’impose comme le leader, avec une offre attractive et un réseau bien implanté.

    L’évolution des ventes montre également une diversification des choix des consommateurs. Alors que le marché entre dans une phase de consolidation, la bataille entre les constructeurs devrait encore s’intensifier dans les années à venir, avec l’arrivée de nouvelles innovations et de modèles toujours plus compétitifs.

    Crédit : Renault 5

    Parc automobile électrique en circulation

    À la fin de l’année 2024, la France comptait près de deux millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation, selon l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique Avere-France, dont 1,3 million étaient 100 % électriques.

    La France se positionne comme le troisième marché du véhicule électrique en Europe, derrière le Royaume-Uni, qui a enregistré 382 000 immatriculations en 2024, et l’Allemagne, avec 381 000 immatriculations. La part des véhicules électriques dans les ventes européennes s’élève à environ 15 %, contre 16,8 % en France.

    Prix et rentabilité des véhicules électriques

    Le prix moyen d’un véhicule électrique neuf au premier semestre 2024 s’établit à 43 000 euros. Ce montant est en baisse par rapport à 2022, où il s’élevait à 45 000 euros, mais en légère hausse par rapport à 2023, où il atteignait 42 000 euros.

    Certains modèles accessibles permettent toutefois de réduire l’investissement initial. La Dacia Spring est disponible à partir de 16 900 euros, tandis que la Leapmotor T03 affiche un prix d’entrée de 17 900 euros. La Citroën ë-C3 est proposée dès 23 000 euros et la Renault Twingo E-Tech avoisine les 22 900 euros.

    En comparaison, un véhicule essence moyen coûte environ 27 000 euros en 2024, contre plus de 28 000 euros un an plus tôt. Le prix des véhicules diesel a, lui, connu une hausse, atteignant 40 000 euros en 2024, contre 38 000 euros en 2023, selon les données du cabinet AAAData.

    Crédit : Citroën

    Malgré la réduction progressive de l’écart, les véhicules électriques restent entre 30 et 40 % plus chers à l’achat que leurs équivalents thermiques.

    En 2019, la France comptait environ 30 modèles de véhicules électriques différents commercialisés, selon les données de l’Avere-France et du CCFA (Comité des Constructeurs Français d’Automobiles). En 2024, ce chiffre a explosé puisque l’on est passé à plus de 120 modèles disponibles sur le marché français d’après les données consolidées de l’Avere-France et de la Plateforme Automobile (PFA).

    Ainsi, malgré un prix d’achat encore élevé, l’offre se diversifie, contribuant à une adoption accélérée.

    Autonomie et diversité de l’offre

    L’autonomie des véhicules électriques continue de s’améliorer, bien que des disparités persistent. En 2024, les modèles d’entrée de gamme, tels que la Dacia Spring et la Fiat 500e, offrent une autonomie de 220 à 320 kilomètres, tandis que les modèles haut de gamme, comme la Tesla Model Y, peuvent dépasser 500 kilomètres avec une seule charge.

    Le nombre de modèles disponibles a également fortement augmenté, ce qui contribue à une adoption plus rapide des véhicules électriques.

    L’année 2024 marque une transition pour le marché des véhicules électriques en France, avec une stabilisation des ventes après une période de forte croissance. Le marché se diversifie avec des modèles plus accessibles, une autonomie améliorée et une forte demande pour les SUV électriques. Si le prix d’achat reste un frein majeur, la dynamique du marché reste orientée vers une électrification croissante du parc automobile français.

  • Les voitures électriques au cœur du Tour de France 2025 : une révolution silencieuse

    Les voitures électriques au cœur du Tour de France 2025 : une révolution silencieuse

    Le Tour de France 2025 marque un tournant dans l’histoire de la Grande Boucle, non seulement par ses performances sportives, mais aussi par son engagement en faveur de l’environnement. Cette année, les véhicules d’accompagnement, essentiels au bon déroulement de la course, adoptent massivement l’électrique, réduisant ainsi leur empreinte carbone et leur nuisance sonore.

    Škoda : un partenaire engagé

    Depuis plus de 20 ans, Škoda est le fournisseur officiel des véhicules du Tour. Pour cette 112e édition, la marque tchèque a franchi un cap en mettant sur la route 225 véhicules 100 % électriques ou hybrides rechargeables. Parmi eux, le Škoda Enyaq iV et le nouveau Škoda Elroq assurent les rôles de voiture de tête et de direction. Ces véhicules, en plus de leur performance, offrent une conduite silencieuse et sans émissions, contribuant ainsi à une expérience plus agréable pour les coureurs et les spectateurs.

    Voiture électrique Skoda Enyaq iV pendant le Tour de France 2025
    Le modèle Skoda Enyaq iV, utilisé par les équipes du Tour de France 2025 (Crédit : Skoda)

    La caravane publicitaire se met au vert

    Traditionnellement composée de véhicules bruyants et polluants, la caravane publicitaire du Tour de France évolue également. En 2025, plusieurs véhicules électriques, dont des modèles de Volkswagen et de Renault, sont intégrés à cette caravane, réduisant ainsi l’impact environnemental de cette animation emblématique.

    Cadillac : une première sur les routes du Tour

    Pour la première fois, la marque américaine Cadillac participe au Tour de France en fournissant des véhicules électriques à l’équipe EF Pro Cycling. Le modèle Lyriq, entièrement électrique, accompagne les coureurs tout au long de la course, soulignant l’engagement de Cadillac en faveur de la mobilité durable et renforçant sa présence sur le marché européen.

    Voiture électrique Cadillac Lyriq utilisée lors du Tour de France 2025
    La Cadillac Lyriq accompagne l’équipe EF Pro Cycling sur le Tour de France 2025. (Crédit : EF Pro Cycling)

    Des infrastructures adaptées

    Pour soutenir cette transition vers l’électrique, des infrastructures de recharge sont mises en place tout au long du parcours. Rexel, partenaire du Tour, met à disposition une cartographie des bornes de recharge à proximité du parcours, facilitant ainsi la gestion de la flotte de véhicules électriques.

    Une course plus verte

    Cette évolution vers des véhicules électriques et hybrides rechargeables reflète une volonté commune des organisateurs, des partenaires et des équipes de rendre le Tour de France plus respectueux de l’environnement. En réduisant les émissions de gaz à effet de serre et la pollution sonore, le Tour de France 2025 s’inscrit dans une démarche écoresponsable, tout en conservant son caractère festif et populaire.

    Ainsi, le Tour de France 2025 ne se contente pas d’être une compétition sportive de haut niveau ; il devient également un modèle de transition énergétique, montrant la voie à suivre pour d’autres événements de grande envergure.

  • Achat, entretien et usage d’une voiture électrique, comment faire les bons choix ?

    Achat, entretien et usage d’une voiture électrique, comment faire les bons choix ?

    Dans un marché du véhicule électrique en plein essor, les nouveautés sont fréquentes, apportant avec elles leur lot d’innovations, autant en termes d’autonomie que de technologies embarquées ou de temps de recharge. Toutes ces fiches techniques peuvent parfois donner le tournis à ceux qui souhaitent embarquer dans l’aventure de la mobilité électrique.

    Alors, pour y voir plus clair avant de passer à l’achat, il est important de se poser quelques questions afin de mieux comprendre le fonctionnement d’une voiture électrique et de cocher les bonnes cases en fonction de ses besoins et son budget. Puis, une fois qu’on a les clés, il existe tout un tas d’astuces et de conseils à suivre pour entretenir, utiliser et optimiser au mieux son véhicule.

    Crédit : Juice World

    Définir ses besoins 

    Pour bien choisir sa voiture électrique, d’autant plus lorsqu’il s’agit du premier achat, il est important de déterminer l’usage que l’on compte en faire. Première étape, le futur propriétaire doit pouvoir estimer les distances de ses trajets quotidiens, si possible à l’échelle d’une semaine. Combien de kilomètres entre le domicile et le lieu de travail ? Combien de déplacements sont nécessaires pour se déplacer quotidiennement… On additionne tout cela, on fait une moyenne, on prend en compte la présence ou non de bornes de recharge sur nos différents points d’ancrage puis on évalue au mieux l’autonomie nécessaire à nos besoins.

    Attention cependant à bien faire la différence entre l’autonomie annoncée par le constructeur, constatée par une procédure standardisée WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures ou procédure d’essai mondiale harmonisée pour les véhicules légers) et l’autonomie réelle, généralement inférieure. L’écart est compris, la plupart du temps, entre 10 % et 30 %. 

    Une fois ses besoins en autonomie définis, il est conseillé de prendre en compte la répartition des bornes de recharge autour de chez soi et des lieux que l’on fréquente le plus. De plus en plus de villes et d’aires d’autoroute voient fleurir des bornes publiques dont le tarif pour 100 kilomètres tourne autour de la dizaine d’euros. Une addition qui peut vite grimper en fonction de la localisation de la borne, de son fournisseur d’énergie, de sa carte d’abonnement ou de la vitesse de charge. Elles sont généralement placées à des endroits stratégiques (parkings, gares, centres commerciaux) et on en compte plus de 160 000 en France. Un chiffre en constante augmentation, mais pas assez selon le gouvernement qui souhaite, pour rappel, atteindre les 400 000 points de recharge d’ici 2030.

    Ambitieux, surtout lorsqu’il reste des coins de France où les infrastructures manquent cruellement. C’est le cas notamment de la Corse, des DROM, de la Bourgogne-Franche-Comté et de la Bretagne. Reste alors l’installation d’une borne à domicile. Cette dernière propose bien souvent un prix au kilomètre plus bas que les bornes publiques et offre une certaine praticité à son propriétaire. Son installation coûte entre 500 € et 5 000 € en fonction de plusieurs paramètres, notamment la difficulté d’installation, la réalisation ou non de travaux et bien entendu du type de borne. Une facture allégée par des aides de l’État, notamment la prime Advenir jusqu’à 300 €, mais également par la possibilité d’obtenir un crédit d’impôt équivalent à 75 % du prix de l’installation. Intéressant donc, même pour ceux qui vivent en copropriété.

    En effet, il suffit de signaler au Syndic son besoin d’installer une borne de recharge et ce dernier ne peut s’y opposer à moins de justifier de l’impossibilité de réaliser des travaux. Si le propriétaire est le seul à utiliser la borne, il devra financer l’installation, mais il est possible d’installer une ou plusieurs bornes à partager entre les usagers et ainsi diviser la note. Plusieurs solutions qui permettent donc d’affirmer qu’une voiture électrique est capable, grâce à une couverture en bornes de recharge de plus en plus large, d’encaisser l’immense majorité des trajets du quotidien rattrapant de plus en plus vite son retard face au thermique sur ce point. 

    Ensuite, reste à savoir sur quelle classe de véhicule jeter son dévolu. D’abord concernant la capacité nécessaire à l’utilisation désirée, en répondant aux questions suivantes : combien de passagers comptez-vous transporter ? À quelle fréquence ? Quel volume le coffre doit-il proposer ? Cela peut paraître évident et s’applique également à l’achat d’un véhicule thermique, mais les acheteurs ont souvent tendance à sous-estimer ou à surestimer leur besoin d’espace au moment d’acheter une voiture. Le type de voiture électrique influe également sur l’autonomie. En effet, une citadine proposera généralement une moins grande autonomie qu’une berline qui, elle, roulera moins loin qu’un SUV.

    En effet, une voiture plus grande, même si elle est plus lourde, est également une voiture dans laquelle on peut loger une plus grande batterie. La puissance proposée est également à prendre en compte dans ce calcul. De fait, pour le même modèle, l’autonomie annoncée peut varier de 10 % à 20 % en fonction du nombre de chevaux délivrés par chaque motorisation. Plus de chevaux consomment plus de foin (des watts en l’occurrence). 

    Crédit : YRKA Pictured

    Fixer un budget

    Une fois ses besoins et son type de voiture définis, il reste à trouver le modèle idéal en fonction de son budget. Souvent, c’est là que le bât blesse pour les consommateurs puisque les voitures électriques ont la réputation d’être plus onéreuses à l’achat que leurs consœurs thermiques.

    Une réputation qui n’est pas usurpée, puisque pour une citadine neuve il faut compter autour de 35 000 € en moyenne. Mais l’un des avantages de l’électrique, c’est bien entendu le bonus écologique. Depuis novembre 2024, il est compris entre 2 000 € et 4 000 € en fonction du revenu fiscal de référence de l’acheteur et ne s’applique qu’aux véhicules dont le prix est inférieur à 47 000 €.

    Pour les professionnels, il correspond à 27 % du prix d’acquisition si ce dernier est inférieur à 47 000 € TTC et dans la limite de 2 000 €. Un montant qui peut être augmenté de 1 000 voire 2 000 euros en fonction du revenu fiscal de référence de l’entrepreneur. Des conditions qui s’appliquent également au leasing, une option représentant aujourd’hui plus de la moitié des ventes de voitures neuves en France, contre 15 % au début de la dernière décennie.

    Malgré la disparition de la prime à la conversion en 2025, l’électrique peut ainsi toujours constituer une option financièrement intéressante. Une affirmation renforcée par l’étude de Car Cost Index 2021 qui confirme que le TCO (Total Cost of Ownership ou coût total d’utilisation) d’une voiture électrique est inférieur de près de 200 € par mois à celui d’une voiture thermique.

    Afin de réduire encore un peu plus la facture, de plus en plus d’acheteurs se tournent vers les véhicules électriques d’occasion. Certes, il s’agit d’un marché encore microscopique (2,5 % du total des transactions), mais il est en pleine croissance avec +50 % de transactions en 2024. Plus d’annonces, cela signifie plus de concurrence et donc une baisse des prix. Ainsi, selon le site La Centrale, le prix moyen d’une voiture électrique d’occasion était d’environ 22 000 €, soit 1 000 € de moins que 6 mois plus tôt. 

    Après l’achat, prendre soin de sa voiture électrique

    Au rayon des priorités, on trouve l’optimisation de l’autonomie et la préservation de la batterie. Afin de prolonger la durée de vie de la batterie, il est bon de maintenir sa charge entre 20 % et 80 % (comme un téléphone) et surtout d’éviter de la faire passer trop souvent sous la barre des 20 %.

    Concernant la recharge, une borne domestique à charge lente fait moins souffrir la batterie. On tente donc le plus souvent de garder les charges rapides pour les longs trajets sur l’autoroute. Les éléments jouent également un rôle, à la fois dans l’autonomie et dans l’usure de la batterie. On préférera donc garer sa voiture dans un lieu couvert, à l’abri des conditions trop froides ou trop chaudes.

    Si les Norvégiens, rois de l’auto électrique, ont réussi, nous n’avons pas d’excuses ! Et, si la voiture est immobilisée pendant longtemps, il est important de conserver sa charge entre 40 % et 60 %. Certains modèles proposent des modes de conduite permettant de prolonger l’autonomie et, par extension, la durée de vie de la batterie.

    La pratique d’une conduite régulière, à vitesse constante et sans accélérations brutales ainsi que l’anticipation du freinage et le freinage régénératif limitent la chute de la jauge et évitent de malmener la batterie. Bon à savoir, plus la capacité de la batterie est grande (la caractéristique exprimée en kWh sur la fiche technique), plus son usure est ralentie, car elle met plus de temps à chauffer et demande moins de recharges. 

    Crédit : Jimmy Nilsson Masth

    ​Enfin, si l’entretien d’une voiture électrique est plus simple et moins coûteux que celui d’un véhicule thermique, tout simplement parce que la mécanique est moins sophistiquée (par exemple, on préconise une révision tous les 30 000 km pour l’électrique contre 15 000 km pour le thermique), il ne faut cependant pas négliger l’entretien de son véhicule électrique. Outre la batterie, dont on a vu plus tôt comment la préserver, on contrôlera également régulièrement l’état des consommables et des pneus qui, poids XXL oblige, s’usent et se dégonflent généralement plus vite que sur un modèle thermique équivalent. Enfin, le contrôle technique est obligatoire six mois avant le quatrième anniversaire de l’immatriculation, puis tous les deux ans par la suite.​

    Bien choisir sa voiture électrique : 

    Quand on veut de l’autonomie : s’attarder sur la capacité de la batterie, le temps de charge de 20 à 80 % et on se renseigne pour connaître la différence entre autonomie annoncée et autonomie réelle. On mise alors sur un SUV ou une berline.

    Quand on veut de la performance : regarder avec plus d’attention la puissance, le type de plateforme, les différents modes de conduite proposés et le poids. Un roadster ou une sportive sont à privilégier. 

    Quand on veut de la polyvalence : il faut trouver le bon équilibre entre confort, espace, puissance et autonomie. La berline compacte ou le crossover sont de bons choix. 

    Quand on veut faire des économies : si l’on effectue principalement des petits trajets, que l’on a un petit budget, alors on se tourne vers une citadine et pourquoi pas d’occasion ?

  • Voitures électriques : le leasing social fait son retour le 30 septembre

    Voitures électriques : le leasing social fait son retour le 30 septembre

    Lancé en grande pompe le 1er janvier 2024, le leasing social pour voitures électriques avait tourné court, victime de son succès. Le dispositif gouvernemental, qui permet aux ménages les plus modestes de louer un véhicule électrique à partir de 100 euros par mois, fera son retour à partir du 30 septembre prochain, a annoncé le ministère de l’Économie ce 15 juillet 2025. Objectif : élargir l’accès à l’électromobilité tout en accompagnant la montée en puissance de la filière automobile française.

    Leasing social 2025 : voiture électrique accessible aux ménages modestes
    Leasing social pour voitures électriques : un dispositif relancé en septembre 2025 pour faciliter l’accès des ménages modestes à l’électromobilité. (Crédit : les numériques)

    Une relance mieux préparée

    Dès sa première édition, le dispositif avait séduit : environ 90 000 demandes enregistrées en seulement six semaines, pour uniquement 25 000 véhicules disponibles. Face à cette situation saturée, le gouvernement a suspendu le programme un petit mois et demi seulement après le lancement initial de ce dispositif, le 15 février 2024… Le gouvernement a donc pris le temps de structurer le dispositif et surtout de se coordonner avec les acteurs du marché concerné pour assurer une mise en œuvre efficace du leasing social dès l’année suivante, en 2025.

    Cette fois, l’exécutif voit plus grand : 150 000 véhicules seront progressivement mis à disposition d’ici aux deux prochaines années. Les industriels, eux, sont incités à proposer des modèles produits en France ou en Europe pour bénéficier de l’aide publique, dans une logique de souveraineté industrielle. Renault, Stellantis et d’autres devraient donc adapter leur offre dès l’automne.

    Voitures électriques disponibles en leasing social pour les foyers modestes en 2025
    Les constructeurs français adaptent leur offre pour le leasing social de voitures électriques dès l’automne 2025. (Crédit : mag de la conso Ouest France)

    Une électrification plus sociale

    Réservé aux ménages modestes qui utilisent leur voiture principalement pour les trajets maison — boulot, le leasing social entend aussi répondre à une fracture persistante : celle entre ceux qui peuvent se permettre d’acheter une voiture électrique, et les autres… Le dispositif cible les Français dont le revenu annuel des personnes dudit foyer est inférieur à 15 400 € par participant, mais aussi qui parcourent plus de 8 000 km par an, et qui, de plus, vivent loin des transports en commun… Les critères sont nombreux certes, mais ce dispositif peut probablement solver quelques milliers de situations…

    En pleine transition énergétique, cette relance du programme de leasing social électrique constitue une tentative d’accélérer la conversion du parc automobile français tout en tenant compte des réalités sociales. Reste à savoir si l’offre disponible sera à la hauteur de la demande. Pour l’exécutif, le pari est clair : l’électrique ne doit pas rester un luxe.

  • MG lance ses modèles électriques premium IM5 et IM6 en Europe

    MG lance ses modèles électriques premium IM5 et IM6 en Europe

    MG, par le biais de sa nouvelle marque dédiée à l’électromobilité haut de gamme « IM Motors », a officiellement dévoilé deux nouveaux véhicules électriques lors du Festival of Speed de Goodwood : la berline IM5 et le SUV coupé IM6. Cette présentation marque une étape importante dans la stratégie de MG visant à renforcer sa présence sur le segment premium des véhicules électriques.

    MG IM5 : une berline électrique performante et efficiente

    La MG IM5 est une berline 5 portes équipée d’une architecture électrique en 800 volts, ce qui lui permet d’optimiser ses performances ainsi que ses temps de recharge. Le constructeur propose deux configurations de batterie : une batterie standard d’environ 75 kWh et une version Long Range de 100 kWh, offrant une autonomie annoncée pouvant atteindre environ 655 kilomètres selon le cycle officiel WLTP.

    Cette architecture haute tension permet également de bénéficier d’une recharge rapide particulièrement efficace, avec un passage de 10 % à 80 % de charge en seulement 17 minutes, sous réserve d’utiliser des bornes compatibles. En termes de performances, MG a communiqué une version Performance capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en un peu plus de 3 secondes, positionnant ainsi la IM5 comme une concurrente directe des modèles premium actuels sur le marché électrique.

    Photo de la berline électrique IM5 dévoilée au Goodwood Festival 2025
    La IM5, berline 100 % électrique dévoilée à Goodwood 2025. (Crédit : MG)

    MG IM6 : un SUV coupé électrique puissant

    Le second modèle présenté, le MG IM6, est un SUV coupé qui allie design sportif et hautes performances. Ce véhicule est motorisé par un moteur de plus de 750 chevaux et dispose d’une batterie de 100 kWh. L’autonomie annoncée par MG est de 555 kilomètres, selon le cycle WLTP, ce qui lui permet de rivaliser avec les meilleures références du segment.

    Comme la IM5, l’IM6 exploite une architecture électrique 800 volts, garantissant des temps de recharge très rapides et une efficacité énergétique optimisée. MG souligne également la qualité et la technologie embarquée dans ce SUV coupé, destiné à une clientèle cherchant un véhicule électrique à la fois performant et élégant.

    Photo du SUV coupé électrique IM6 présenté au Goodwood Festival 2025
    Le IM6, SUV 100 % électrique à 750 ch, dévoilé à Goodwood 2025. (Crédit : MG)

    Commercialisation et marchés ciblés

    MG a précisé que les modèles IM5 et IM6 seront commercialisés principalement sur certains marchés internationaux, notamment au Royaume-Uni. À ce jour, aucun lancement officiel n’a été annoncé en France. Cette stratégie commerciale semble viser à maximiser l’impact de la marque sur des marchés où la demande pour les véhicules électriques premium est en forte croissance.

    En résumé

    Avec les IM5 et IM6, MG IM Motors franchit une nouvelle étape en proposant des véhicules électriques haut de gamme, alliant performances, autonomie et technologies avancées, tout en s’appuyant sur une architecture électrique moderne 800 volts. Si leur disponibilité reste pour l’instant limitée à certains pays, ces modèles démontrent l’ambition du constructeur chinois d’émerger comme un acteur clé de la mobilité électrique premium.