Catégorie : Panorama

  • L’électromobilité à Dubaï : un écosystème qui prend son envol

    L’électromobilité à Dubaï : un écosystème qui prend son envol

    SUV Porsche électrique à Dubai  Crédit : Porsche.

    L’émirat de Dubaï s’affirme comme un acteur régional important de l’électromobilité au Moyen-Orient. Soutenu par une stratégie politique volontaire et un déploiement rapide des infrastructures, Dubaï tente de tracer sa route vers la neutralité carbone d’ici 2050. Mais cette transition se heurte aux défis du climat désertique et à un marché encore dominé par les véhicules thermiques.

    Une ambition politique claire

    Dubaï s’inscrit dans la stratégie globale des Émirats arabes unis, la « Clean Energy Strategy 2050 », visant la neutralité carbone d’ici 2050. En ce sens, les autorités gouvernementales, principalement Dubai Electricity and Water Authority (DEWA) et Roads and Transport Authority (RTA), ont lancé la « Green Mobility Strategy 2030 » dès 2015 avec le programme « EV Green Charger ».

    L’objectif annoncé est clair : adopter une mobilité plus propre sur les transports privés et publics. La RTA vise l’élimination complète des émissions de son réseau de transport d’ici 2050, incluant la conversion progressive des bus, taxis et flottes publiques vers l’électrique ou l’hydrogène. Un engagement politique fort qui place la ville surnommée « Tigre du Golfe » parmi les territoires les plus influents du Golfe en termes d’électromobilité.

    Une flotte en forte croissance

    À Dubaï, le nombre de véhicules électriques ne cesse d’augmenter. En effet, fin 2022, Dubaï comptait 15 100 véhicules électriques. Fin 2023, ce nombre avait grimpé à 25 929 véhicules, soit une hausse de 72 % en un an. Fin du 1er semestre 2025, Dubaï compterait plus de 40600 VE sur un parc global de ~2,5millions de véhicules. Des chiffres en hausse certes mais qui paraissent faibles lorsque l’on
    sait que 484 223 véhicules (tout type confondu) ont été immatriculés à Dubaï au cours de l’année 2024, selon le décompte du Ministry of Interior UAE.

    Cette croissance rapide témoigne d’un marché qui s’oriente nettement vers l’électrique, porté par les politiques publiques, l’infrastructure et un intérêt croissant des usagers. Les Émirats arabes unis dans leur ensemble ne se cantonnent pas aux véhicules 100 % électriques : plus de 147 000 véhicules
    électrifiés ont été recensés en 2023, un chiffre évolutif à la hausse également.

    Une étude de PwC Middle East indique que les véhicules électriques représenteront 15 % des ventes neuves aux Émirats d’ici 2030, et 25 % d’ici 2035. Pour Dubaï, l’objectif est d’atteindre 42 000 voitures électriques d’ici 2030. Une volonté ambitieuse, certes, mais le marché affiche un fort taux de croissance
    annuel : +30 % entre 2022 et 2028.

    Tesla domine, les Chinois arrivent

    Comme partout dans le monde, les géants constructeurs de VE se livrent bataille pour vendre le plus de voitures. À ce petit jeu, Tesla règne encore en maître avec 43 % des parts de marché des véhicules électriques aux Émirats début 2025. Le Model Y conserve sa première place à Dubaï.

    Tesla modèle Y, le modèle le plus vendu en 2025.

    Mais comme partout, la concurrence chinoise monte en puissance. BYD, Geely, Chery, MG, Jetour, Nio et Haval se sont implantés dans le pays du Golfe avec la même ambition : proposer aux automobilistes des modèles accessibles. Et ça marche : les recherches sur internet pour les véhicules électriques chinois ont augmenté de 64 %. Pour l’exemple, le leader mondial BYD propose l’Atto 3, un SUV compact à partir de 149 900 dirhams (environ 37 000 €), et le Seal. Ces modèles s’adaptent au climat désertique avec une meilleure gestion thermique, les menus sont adaptés et délivrés en arabe et ils proposent, comme toujours, une autonomie compétitive.

    Un réseau de recharge en plein essor

    Évidemment, qui dit objectif zéro émission et donc augmentation du parc automobile bas carbone, dit infrastructure de recharge. En ce sens, le programme EV Green Charger (première infrastructure publique de recharge pour véhicules électriques à Dubaï) a été lancé en 2015. S’il comptait 14 utilisateurs à ses débuts, et peu de bornes, en 2025, on référait 1270 bornes EV Green Charger disponibles à Dubaï fin 2025. L’objectif à l’année 2030 est de 10 000 bornes publiques.

    DEWA, l’organisme qui gère et déploie le programme EV Green Charger à Dubaï, propose des tarifs attractifs pour inciter la population à se convertir à l’électrique. En effet, l’organisation gouvernementale propose un tarif de recharge de 29 fils par kilowatt-heure (0,075 €), mais également la mise en pratique de recharges gratuites pour encourager l’adoption.

    Le géant américain TESLA est également présent avec son réseau Supercharger, qui compte plus de 20 stations dans les Émirats.

    La conversion des transports publics

    Si les particuliers adoptent progressivement l’électrique, la RTA se prépare à convertir ses flottes publiques, un défi technique majeur dans le désert. C’est pourquoi en juin 2025, la RTA a signé un accord de 1,1 milliard de dirhams (270 millions d’euros) pour l’achat de 637 nouveaux bus, dont 40 bus 100 % électriques, devant la plus grande commande jamais passée aux Émirats.

    Ces bus chinois de la marque Zhongtong sont conçus pour les conditions du Golfe et seront livrés entre fin 2025 et début 2026. Des bus responsablement produits puisqu’ils respectent les normes européennes « Euro 6 ». Cet achat grandiose n’est pas un saut dans l’inconnu, puisqu’en avril 2025, la même organisation (RTA) avait lancé le test d’un bus Volvo. Disposant d’une batterie de 470 kWh offrant 370 kilomètres d’autonomie, il a convaincu les autorités locales que l’électromobilité est adaptée à tout type de mobilité.

    Un défi technique majeur : le climat

    Les pays du Golfe sont soumis à des températures élevées l’été, avec parfois plus de 45 °C recensés. On le sait, ces conditions dures mettent à l’épreuve les batteries lithium-ion. La gestion thermique est cruciale pour éviter une dégradation prématurée ou une baisse d’autonomie, qui pourrait décourager les automobilistes. En effet, les tests montrent que certains véhicules perdent 10 % d’autonomie en chaleur extrême. Même si les solutions peinent à arriver concrètement, des constructeurs mettent un point d’honneur à permettre aux conducteurs du monde entier de passer à un moyen de locomotion à quatre roues plus propre. C’est le cas, par exemple, de BYD, qui avec sa batterie Blade permet de limiter cette perte à 5 %.

    Vue de Dubai la nuit.

    Dans les années futures, les batteries à électrolyte solide (Solid-State) devraient se démocratiser. Elles sont résistantes aux températures élevées et plus stables chimiquement, mais leur production est limitée et promises aux EV haut de gamme dans les 5 prochaines années.

    Pour les bus électriques, la climatisation continue consomme beaucoup d’énergie.La RTA teste donc chaque modèle et privilégie les véhicules les plus résistants.

    Des incitations attractives

    Dans l’ambition de viser la neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement de Dubaï a mis en place plusieurs incitations :

    • Stationnement gratuit : les propriétaires de véhicules électriques bénéficient de
      places de stationnement gratuites dans de nombreuses zones publiques.
    • Exemption de frais : réduction des frais d’immatriculation et exemption de
      péages sur certaines routes.
    • Recharge subventionnée : tarifs de recharge contrôlés et périodes de recharge
      gratuite.
    • Voies prioritaires : accès à des voies réservées pour faciliter la circulation.

    Ces mesures, combinées à un mix électrique relativement propre, alimenté en grande partie par les importations des pays voisins et une part croissante d’énergies renouvelables locales, permettent aux véhicules électriques de présenter une empreinte carbone bien inférieure à la moyenne régionale.

    Une industrie locale naissante

    Du côté de l’industrie locale, M Glory Holding Group a lancé en 2022 ce qui est présenté comme la première usine de production de véhicules électriques aux Émirats, située à Dubai Industrial City. L’usine affiche une capacité ambitieuse : jusqu’à 55 000 véhicules électriques par an. Des chiffres réjouissants pour Dubaï, même si dans les faits, c’est moins évident, car depuis 2023, aucune donnée publique sur les chiffres de production, de vente, etc., n’est sortie de l’entreprise.

    Au niveau des infrastructures de recharge, des entreprises locales se développent. UAEV, une société d’infrastructures EV, a obtenu en octobre 2024 sa licence d’exploitant indépendant de bornes de recharge à Dubaï, lui donnant le droit d’exploiter des bornes publiques de façon autonome. Depuis, l’entreprise est pleinement active et collabore avec plusieurs entreprises et collectivités locales.

    Borne de recharge UAEV .
Crédit : UAEV.

    Des distributeurs majeurs comme Al-Futtaim jouent un rôle clé dans la distribution de marques comme BYD, Tesla et d’autres constructeurs internationaux, contribuant à la démocratisation de l’électrique dans l’émirat.

    Mais si quelques acteurs locaux se développent pour accompagner cette transition, le marché reste largement dominé par des distributeurs et importateurs internationaux. Le rôle des entreprises locales reste limité, plus orienté vers l’assemblage et la mise en place d’infrastructures que vers la production massive
    de modèles électriques.

    Les défis à relever

    Malgré des progrès rapides de l’écosystème de la mobilité électrifiée, plusieurs obstacles subsistent :

    • La part encore réduite des véhicules électriques : malgré une croissance forte,
      les véhicules électriques représentent encore une part minoritaire du parc
      automobile total de l’émirat. Le chemin vers la maturité de l’électromobilité reste
      long.
    • Le coût d’achat : même avec les incitations, les véhicules électriques restent plus chers que leurs équivalents thermiques, limitant l’accès à ces véhicules, même les plus abordables.
    • L’usure accélérée des batteries : le climat chaud accélère la dégradation des batteries, réduisant leur durée de vie et augmentant les coûts de maintenance.
    • La dépendance à une infrastructure robuste : l’expansion continue du réseau de recharge reste essentielle pour lever les freins à l’adoption, notamment pour les
      longs trajets et les déplacements interurbains.

    Un territoire qui prend son envol

    Dubaï n’est plus au stade de l’expérimentation. La ville se positionne comme un fer de lance de la mobilité décarbonée dans le Golfe grâce à une stratégie
    volontariste, un déploiement rapide des infrastructures et une adoption croissante, bien qu’encore trop légère.

    Pourtant, la ville travaille à cette transition : les incitations, la conversion des flottes publiques et la planification vers 2050 sont des leviers essentiels pour démocratiser ce moyen de locomotion.

    Dubaï représente un lieu fertile pour l’électromobilité : fort potentiel de croissance, soutien politique et besoin d’innovations pour adapter l’électromobilité au contexte local. Malgré les difficultés naturelles liées aux conditions climatiques notamment,
    la trajectoire est tracée.

  • La marche en avant des robotaxis Tesla

    La marche en avant des robotaxis Tesla

    La demande explose et les délais s’allongent à Austin, l’une des deux villes où le service est en place avec San Francisco. Pour y répondre, Tesla prévoit de doubler sa flotte de robotaxis dès le mois prochain, d’après l’annonce de son fondateur Elon Musk sur X. Cette hausse importante confirme le rôle central d’Austin dans la stratégie de déploiement de Tesla, qui veut transformer cette ville en vitrine de sa technologie autonome lancée en juin dernier.

    Tesla robotaxi vu de l’extérieur en service à Austin
    Vue extérieure d’un robotaxi Tesla utilisé dans les zones pilotes comme Austin et San Francisco. (Crédit : Tesla)

    Un service encore en développement

    Le milliardaire américain affirme que la flotte de robotaxis à Austin, au Texas, devrait « à peu près doubler le mois prochain ». Il ne donne pas de chiffre précis, mais sa déclaration confirme la forte pression pesant sur le service depuis son lancement. De nombreux utilisateurs rapportent devoir attendre longtemps avant d’obtenir une course, certains évoquant des indisponibilités en soirée ou aux heures de forte affluence. Ces retours montrent que la capacité actuelle ne suffit plus.

    Le service opère aujourd’hui dans deux zones : Austin et la région de la baie de San Francisco. Tesla présente ses véhicules comme des robotaxis, mais ils circulent encore avec un conducteur de sécurité assis au volant. Les autorités rappellent que Tesla ne peut pas facturer un service de taxi autonome et que le cadre actuel reste celui d’un service de VTC utilisant une assistance à la conduite avancée, mais pas une conduite totalement autonome reconnue légalement. Cette supervision reste indispensable tant que le logiciel n’est pas jugé totalement fiable dans toutes les situations. Tesla promet toutefois une avancée rapide vers une autonomie plus complète. Il dit vouloir retirer les conducteurs de sécurité dans de larges zones d’Austin d’ici à la fin de l’année, ce qui constituerait un tournant majeur pour Tesla.

    Intérieur d’une Tesla robotaxi vu depuis la place arrière
    Vue depuis la banquette arrière d’une Tesla robotaxi, montrant l’habitacle moderne et l’écran central utilisé pour le service. (Crédit : Tesla)

    Une ambition géographique et technologique

    Il prévoit aussi d’étendre le service à huit ou dix grandes zones métropolitaines américaines. Tesla vient d’obtenir un permis pour exploiter un service de VTC en Arizona. Cette autorisation ouvre la voie à une extension du robotaxi au-delà du Texas et de la Californie. L’entreprise pourrait y tester des zones plus vastes et des environnements routiers différents, afin de valider la robustesse de son système. Ce nouveau terrain d’expérimentation s’annonce comme le premier pas d’un déploiement national plus large.

    Cette ambition marque un tournant pour Tesla, qui tente depuis longtemps de tenir sa promesse : faire du robotaxi une activité centrale dans son modèle économique. Le constructeur repositionne d’ailleurs une partie de ses ressources techniques vers l’amélioration de son logiciel FSD (Full Self-Driving), devenu une priorité stratégique. Musk décrit régulièrement l’autonomie comme « la véritable marge » du futur de Tesla. Si Tesla parvient à accélérer à ce rythme, Austin pourrait devenir le premier laboratoire grandeur nature d’un service autonome réellement opérationnel. Mais la réussite dépendra aussi de deux facteurs clés : la capacité du logiciel à gérer des scénarios complexes et la rapidité des régulateurs à accorder les autorisations nécessaires. Reste à voir si technologie et réglementation avanceront suffisamment vite pour suivre ce calendrier très ambitieux.

  • Outre-mer français : les défis électriques au bout du monde

    Outre-mer français : les défis électriques au bout du monde

    À l’heure où les pays développent leurs transitions énergétiques des transports, les territoires d’outre-mer français, souvent oubliés des grands plans nationaux, sont-ils les délaissés de l’électromobilité ? Défis logistiques, mix énergétique singulier, ambitions parfois contrariées : territoire par territoire, découvrons où en est l’électromobilité au large de l’Hexagone en 2025.

    Voiture électrique roulant sur une route de montagne entourée de végétation dense.
    Une voiture électrique circule sur une route montagneuse en pleine nature, illustrant la mobilité durable dans les paysages verts.

    La Réunion

    Leader ultramarin de l’électromobilité, La Réunion affiche le taux de pénétration le plus important des territoires d’outre-mer français. Avec au total 6 005 véhicules neufs vendus au premier trimestre 2025, l’île enregistre une baisse de 8,4 % par rapport à l’an dernier. Même constat pour les véhicules électrifiés : 742 véhicules électriques vendus, soit une diminution de 32,1 %.

    Dans ces chiffres, les BEV représentent 631 unités (10,5 % de part de marché), tandis que les PHEV représentent 111 unités (1,8 % de part de marché). Ces baisses s’expliquent en grande partie par la suppression de l’exonération fiscale locale et par la hausse des prix.

    La densité des bornes y est également la plus élevée (462 points publics recensés), portée par des opérateurs locaux comme EZDrive. Le territoire combine un fort taux d’électrification globale (49,9 %), mais reste très sensible aux aléas économiques et politiques.

    Martinique

    Le territoire compte 211 bornes publiques en 2025, un chiffre en progression, mais encore insuffisant pour accompagner les automobilistes. Elles sont déployées par différents opérateurs : EZDrive, VoltDom et TotalEnergies, qui proposent des tarifs moyens compétitifs.

    Le marché des véhicules électriques reste modeste (4,9 % de part de marché en 2024).

    Cette faible pénétration s’explique par plusieurs facteurs :

    • un réseau routier très énergivore (forts dénivelés, climatisation quasi permanente) ;
    • une offre de modèles limitée et pas toujours adaptée aux contraintes locales ;
    • un contexte économique et social tendu.

    Guadeloupe

    La Guadeloupe compte plus de 184 bornes publiques, un nombre encore faible mais en progression constante, soutenu par des acteurs comme gmob, EZDrive et TotalEnergies.

    Renault Zoe branchée sur une borne de recharge électrique.
    Une Renault Zoe se recharge sur une borne, illustrant l’essor des véhicules électriques dans les territoires d’outre-mer.

    Côté ventes, les résultats sont encourageants : malgré un recul global du marché des véhicules particuliers (-6,1 % en 2024), la part des véhicules électriques atteint entre 5 et 6 %, soit une augmentation d’environ 20 %.

    Au-delà de l’automobile, l’électromobilité progresse aussi dans les deux-roues : depuis quelques années, la majorité des cyclomoteurs vendus sont électriques.

    EDF Guadeloupe a également lancé le projet D.R.I.V.E., une expérimentation visant à mesurer l’intérêt d’ombrières photovoltaïques dédiées à la recharge, avec pilotage intelligent favorisant les heures d’ensoleillement.

    Guyane

    Bien qu’elle dispose du plus vaste territoire d’outre-mer, l’électromobilité guyanaise peine à décoller. Le réseau public compte seulement 30 points de recharge, ce qui en fait le territoire le moins équipé. Cette carence constitue un frein majeur : la part de marché des BEV reste inférieure à 3 %.

    Paradoxalement, la Guyane est l’un des territoires les plus avancés en matière de production électrique décarbonée grâce au barrage de Petit-Saut et à son potentiel hydroélectrique, couvrant près de 70 % des besoins en électricité.

    Mayotte

    Probablement le territoire le plus en difficulté, Mayotte souffre d’une forte fragilité économique. Le marché automobile est en crise, avec une chute de -12,6 % sur l’occasion en 2024, et une faible pénétration des électriques pures (à peine plus de 3 %).

    Malgré cela, le taux d’électrification hybride est élevé (30,2 % en 2022). La transition est en cours, mais fortement freinée par les contraintes économiques locales.

    Les données concernant l’infrastructure sont inexistantes : cette absence d’informations publiques révèle un retard significatif du territoire.

    Nouvelle-Calédonie

    La Nouvelle-Calédonie a adopté en 2022 un Schéma de Transition Énergétique (STENC 2) avec un objectif clair : 18 500 véhicules électriques d’ici 2030. Le territoire a déjà progressé : environ 1 000 VE circulent, une quarantaine de bornes existent (réseau Hivy), et la première borne hypercharge 150 kW a été inaugurée en 2025.

    Les aides locales soutiennent également la transition :

    • prime de 600 000 francs CFP (environ 5 030 €) pour l’achat d’un VE ;
    • tarif électrique préférentiel pour les bornes : 8 francs/kWh de jour et 20 francs/kWh de nuit (contre 34,96 francs pour le tarif standard).

    La transition reste toutefois freinée par des facteurs culturels (fort attachement aux 4×4), économiques et politiques.

    BYD Seal U roulant sur une route côtière au bord de la mer.
    Le BYD Seal U longe une route côtière sous le soleil, un paysage typique que l’on retrouve dans de nombreux territoires d’outre-mer. (Crédit : BYD Guyane)

    Polynésie française

    Le marché est encore embryonnaire, avec seulement 2 à 3 % de parts électriques et environ 150 véhicules vendus chaque année.
    Contrairement à la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie n’offre aucune subvention significative, ce qui freine l’adoption.

    La montée en puissance est limitée par des infrastructures quasi inexistantes, liées notamment à l’autorisation très récente (2024) d’installer des bornes payantes de plus de 3 kW.

    Saint-Barthélemy & Saint-Martin

    Dans ces territoires, l’électromobilité reste un mode de déplacement de niche, plutôt haut de gamme : la transition passe surtout par l’importation de modèles luxueux, souvent hybrides. Les bornes publiques sont rares et les aides locales quasi inexistantes.

    Autres territoires ultramarins

    À Saint-Pierre-et-Miquelon ou Wallis-et-Futuna, les marchés sont marginaux, voire inexistants. Sans infrastructure recensée et avec une faible densité de population, l’ensemble du marché dépend de l’import, la demande restant très faible.

    Intégration dans les politiques nationales

    La France métropolitaine encourage l’électromobilité depuis des années, notamment via les aides publiques. Mais, si les dispositifs nationaux (bonus écologique, leasing social) sont théoriquement ouverts aux DOM-TOM, leur application se révèle complexe.

    L’État a accordé une majoration de 1 000 € du bonus pour les DROM, pouvant atteindre 8 000 € selon les ressources. En revanche, la prime à la conversion a été supprimée depuis décembre 2024 pour les particuliers.

    Un crédit d’impôt de 500 € pour l’installation d’une borne à domicile est prolongé jusqu’en 2027. Le programme ADVENIR ZNI, mis en place par l’ADEME, finance jusqu’à 2 160 € par borne dans les zones non interconnectées. Il encourage notamment la recharge solaire pour éviter les pics de consommation.

    Pourtant, ces aides ne rencontrent pas toujours le succès attendu : coûts logistiques élevés, prix d’importation, manque de structures de reprise, faible densité de bornes et politiques fiscales locales limitent leur impact.

    Stations de recharge solaire pour voitures électriques sur un parking en Martinique.
    Stations de recharge solaire en Martinique, un exemple de solutions innovantes adaptées aux réalités énergétiques de l’outre-mer. (Crédit : Terre Solaire)

    Défis et atouts transversaux

    Les territoires ultramarins présentent un paradoxe énergétique : forte dépendance aux énergies fossiles, mais potentiel renouvelable considérable (soleil, vent, hydroélectricité).

    Le statut de zones non interconnectées entraîne un coût de production électrique pouvant être jusqu’à dix fois supérieur à celui de la métropole.
    Ce contexte complique l’émergence d’une électromobilité durable, où l’optimisation de la recharge et la coordination avec les énergies locales deviennent essentielles.

    S’ajoutent des contraintes socio-économiques (pauvreté, prix élevés, modèles peu adaptés) et l’usage intensif de la climatisation, énergivore pour les batteries. Pourtant, les distances réduites des îles constituent un avantage : elles en font de véritables laboratoires naturels de la transition énergétique, notamment via les mini-réseaux, les ombrières solaires ou la gestion intelligente de la recharge.

    Conclusion

    Si La Réunion montre la voie, avec un taux de pénétration dépassant 10 %, la transition reste très hétérogène dans les outre-mer français. La Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et Mayotte accusent un retard, tandis qu’en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, les ambitions existent malgré un marché encore limité.

    L’intégration aux aides métropolitaines est réelle, mais leur efficacité nécessite un accompagnement différencié et un accès plus large à la recharge. La décennie 2025-2035 sera déterminante : l’enjeu est clair — faire des territoires ultramarins des leviers majeurs d’une mobilité durable.

  • L’électromobilité au Canada : une transition contrariée

    L’électromobilité au Canada : une transition contrariée

    Le Canada affiche des ambitions parmi les plus élevées au monde avec un objectif de 100 % de ventes de véhicules zéro émission d’ici à 2035. Mais en 2025, la réalité du terrain est tout autre : les ventes de véhicules électriques s’effondrent, l’infrastructure peine à suivre et les incitations gouvernementales qui avaient porté le marché ont brutalement disparu.

    Véhicule électrique roulant dans une route de montagne au Canada
    Un véhicule électrique circule sur une route de montagne canadienne, illustrant les défis d’autonomie en terrain froid et isolé.

    Un marché automobile stable, l’électrique en chute libre

    Le marché automobile canadien affiche une relative stabilité, avec environ 159 000 véhicules vendus en octobre 2025, soit une baisse de 1,8 % par rapport à octobre 2024. Une légère baisse certes, mais sur les neuf premiers mois de l’année, le Canada totalise près de 1,45 million d’unités vendues, une hausse de 5,9 % par rapport à la même période de l’an passé. Un marché global en bonne forme donc, mais malheureusement, ces chiffres masquent une réalité bien plus sombre pour le secteur de la mobilité électrique.

    En effet, les véhicules zéro émission (VZE) connaissent une année 2025 catastrophique. Au deuxième trimestre, leur part de marché est tombée à 9,2 %, contre 9,7 % au premier trimestre. Plus frappant encore, en juin 2025, ce sont 14 090 véhicules zéro émission qui ont été vendus ; ce chiffre représente une baisse significative de 35,2 % par rapport à juin 2024. Sur le premier semestre 2025, même constat : 79 476 véhicules électriques ont été vendus, soit une baisse de 29,8 % par rapport à la même période de 2024. Une dégringolade spectaculaire qui s’explique principalement par l’arrêt des subventions.

    La fin des incitations : un coup dur

    Comme expliqué en amont, l’objectif du pays dans la transition énergétique des transports est ambitieux. Pour parvenir à augmenter drastiquement l’adoption des VE, le gouvernement a dû mettre en place des incitations budgétaires. Le programme fédéral iZEV (Incentives for Zero-Emission Vehicles), lancé en mai 2019, offrait jusqu’à 5 000 $ CAD de rabais pour l’achat d’un véhicule électrique neuf. Un dispositif qui avait permis à plus de 185 000 Canadiens de passer à l’électrique.

    Mais en janvier 2025, le gouvernement a annoncé la suspension du programme, ayant épuisé son enveloppe budgétaire. Une décision qui a provoqué un effet immédiat : les ventes de BEV ont chuté de 57 % entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025. Les hybrides rechargeables ne sont pas en reste non plus : les ventes ont connu une baisse de 44 % sur la même période.

    Le Québec, locomotive historique de l’électromobilité au Canada (forte incitation financière, taux d’adoption élevé des VE et réseau de recharge développé), a également suspendu ses incitations provinciales en février et mars 2025. Dans cette province, les immatriculations Tesla sont passées de 5 097 véhicules au quatrième trimestre 2024 à seulement 524 au premier trimestre 2025, soit une chute vertigineuse de 90 %. Malgré tout, les provinces canadiennes sont autonomes sur certaines politiques, et en ce sens, le Québec a pu relancer le programme d’incitation « Roulez Vert » dès le 1er avril 2025, permettant aux Québécois de bénéficier d’une aide à l’achat d’un véhicule électrifié allant jusqu’à 4 000 $ CAD.

    Ces chiffres témoignent d’une dépendance aux aides publiques et révèlent la fragilité du marché canadien : lorsque les subventions s’arrêtent, les ventes s’effondrent immédiatement.

    Les hybrides : les grandes gagnantes de 2025

    Cette baisse drastique des ventes a profité aux véhicules hybrides classiques, qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu. Pour la première fois en 2025, ils ont dépassé les véhicules zéro émission en part de marché. Au deuxième trimestre, les hybrides classiques représentaient 12,9 % des ventes, contre 9,2 % pour l’ensemble des VZE.

    C’est un basculement dû à plusieurs facteurs communs à d’autres pays : les véhicules électriques sont jugés trop coûteux par les automobilistes et les infrastructures de recharge sont encore trop peu nombreuses au Canada. Les hybrides apparaissent comme un compromis.

    Carte du Canada montrant les points de stations de recharge pour véhicules électriques
    Carte représentant la localisation des bornes de recharge publiques et la répartition inégale du réseau à travers le Canada. (Crédit : electricautonomy.ca)

    Un réseau de recharge insuffisant

    Le Canada compte environ 33 767 points de recharge publics répartis sur 12 955 stations en mars 2025, une augmentation de 24,2 % par rapport à l’année précédente. Une progression encourageante, mais très en deçà des besoins, car avec ses 39 millions d’habitants et son territoire immense de près de 10 millions de km², le Canada souffre d’une couverture géographique dispersée, rendant les trajets longue distance plus difficiles pour les utilisateurs de véhicules électriques.

    À titre de comparaison, la France dispose de plus de 163 000 points pour 67 millions d’habitants, répartis sur « seulement » 551 000 km².

    Selon une étude du cabinet Dunsky Energy and Climate, le Canada aurait besoin de 100 520 bornes de recharge pour atteindre ses objectifs. En 2021, le même cabinet estimait que le pays devrait disposer de 52 000 bornes dès 2025. Le retard de développement est donc bien présent.

    Les disparités régionales sont marquées. La Colombie-Britannique et le Québec concentrent l’essentiel de l’infrastructure. Les provinces de l’Atlantique, les Prairies et le Nord canadien restent largement sous-équipés.

    Le réseau Supercharger de Tesla demeure le plus vaste du pays. En 2025, Tesla a ouvert ses bornes aux véhicules d’autres marques. Des initiatives prometteuses voient le jour : en février 2025, l’entreprise australienne Jolt a reçu 194 millions de dollars pour installer jusqu’à 1 500 chargeurs dans les centres urbains.

    General Motors détrône Tesla

    L’année en cours a également été le témoin d’un changement majeur en termes de suprématie des constructeurs : General Motors est devenu le premier vendeur de véhicules électriques au Canada, détrônant Tesla. GM s’appuie sur un portefeuille élargi avec 13 modèles électriques répartis entre Chevrolet, Cadillac et GMC.

    Tesla, qui détenait près de 50 % des parts de marché des véhicules électriques au début de 2022, n’en représente plus que 10 % en avril 2025. Cette chute s’explique notamment par l’arrivée de nouveaux concurrents sur le marché.

    Voiture Tesla stationnée dans une rue de Vancouver
    Une Tesla photographiée à Vancouver, symbole du recul récent des ventes malgré la forte présence du constructeur au Canada.

    Acteurs canadiens clés

    Le Canada développe progressivement sa chaîne industrielle EV :

    • Lion Électrique, fabricant québécois de bus et camions électriques, totalise plus de 1 400 véhicules en circulation en 2025.
    • DANA TM4, également basé au Québec, conçoit et produit des moteurs électriques pour bus, camions et véhicules industriels, au Canada et à l’international.
    • Electrify Canada, réseau de bornes ultra-rapides, déploie ses infrastructures dans plusieurs provinces, mais reste encore limité par rapport aux besoins.

    Ces acteurs existent et croissent, mais leur part de marché reste modeste, et aucun acteur local ne domine le marché EV national.

    Le mandat de 2035 : un objectif irréaliste

    Dans l’optique de valider ses objectifs de transition énergétique des transports, le gouvernement canadien imposait jusque-là aux constructeurs des objectifs de ventes progressifs : 20 % de VZE d’ici à 2026, 60 % d’ici à 2030 et 100 % d’ici à 2035. Mais en septembre 2025, coup de théâtre : le gouvernement a suspendu les objectifs pour l’année modèle 2026. Le premier ministre Mark Carney a justifié cette pause par la nécessité de donner de la « flexibilité » aux constructeurs.

    Le Québec a, pour sa part, ajusté ses objectifs : en septembre 2025, le gouvernement a remplacé l’objectif de 100 % de ventes de véhicules zéro émission en 2035 par une cible de 90 %, incluant désormais les hybrides rechargeables, une décision qu’il justifie comme un compromis pragmatique face aux « réalités nord-américaines » du marché.

    Une question se pose désormais : comment le Canada peut-il espérer atteindre 100 % de ventes électriques en 2035 quand il peine à dépasser 10 % en 2025 ?

    Borne de recharge pour véhicule électrique recouverte de neige
    Une borne de recharge enneigée, illustrant l’impact des hivers rigoureux sur l’usage des véhicules électriques au Canada.

    Les défis structurels persistent

    Le Canada fait face à plusieurs obstacles majeurs :

    • Le prix d’achat : sans subventions, les véhicules électriques restent hors de portée pour de nombreux Canadiens. Alors qu’en Europe plusieurs modèles d’entrée de gamme sont proposés à moins de 25 000 €, et que la Chine compte parmi les véhicules électriques les plus abordables du monde, le Canada se distingue par une offre beaucoup plus limitée. Les modèles les moins chers y débutent autour de 30 000 $ CAD (environ 19 000 €). Malgré ce niveau de prix équivalent, le choix de véhicules réellement accessibles reste restreint, ce qui renforce l’idée que, sans aides gouvernementales, l’électrique demeure difficilement accessible pour une grande partie des ménages canadiens.
    • Les conditions climatiques : les hivers rigoureux réduisent l’autonomie des batteries de 20 à 40 %, un défi pour les constructeurs et les automobilistes qui doivent s’adapter à ces conditions régionales exigeantes et contraignantes. Avec un réseau de recharge ainsi développé, l’adoption des VE est compliquée.
    • Les disparités régionales : ce territoire très étendu n’est pas développé à la même échelle. Quand la Colombie-Britannique et le Québec affichent des parts de marché électriques de 11,8 % et plus, l’Ontario, l’Alberta et les provinces de l’Atlantique accusent quant à elles un retard considérable, notamment en matière d’infrastructures de recharge.
    • L’attachement aux pick-up : le Canada est l’un des pays où la part des camionnettes et pick-up est la plus élevée au monde. Or les pick-up électriques sont chers et leur autonomie chute fortement en hiver ou en remorquage. Pour beaucoup de Canadiens, l’offre électrique actuelle ne correspond pas aux besoins réels (remorque, longues distances, travail extérieur).

    Le Canada, un pays ambitieux mais limité

    Le Canada incarne en 2025 les contradictions de la transition électrique. Doté de l’une des réglementations les plus ambitieuses au monde, le pays se retrouve pourtant à la traîne de l’Europe et de la Chine.

    Pourtant, le Canada dispose d’atouts considérables : d’immenses réserves de minéraux critiques, une industrie automobile établie et un mix électrique relativement propre. Mais ces atouts ne suffiront pas. Sans une stratégie claire, des investissements massifs dans les infrastructures et des incitations stables, le Canada risque de voir ses ambitions de 2035 non établies. La transition électrique canadienne est aujourd’hui en suspens.

  • L’électromobilité en Italie : une transition à deux vitesses

    L’électromobilité en Italie : une transition à deux vitesses

    L’Italie trace sa route vers l’électrification, mais la progression reste lente et inégale. Si les hybrides dominent largement le marché, les véhicules 100 % électriques peinent encore à convaincre massivement, malgré différents dispositifs d’aides.

    Tesla Model Y – voiture électrique dans les montagnes
    La Tesla Model Y reste le modèle électrique le plus vendu en Italie en 2025. (Crédit : Tesla)

    Un marché automobile en baisse

    Dans la globalité, le marché italien des voitures neuves a enregistré 125 826 immatriculations en octobre 2025, soit un recul de 0,6 % par rapport au même mois de l’an passé. Sur les dix premiers mois de l’année, le total atteint 1 293 366 unités, en baisse de 2,7 % par rapport à 2024. L’UNRAE prévoit une clôture 2025 à environ 1 520 000 immatriculations, soit une baisse de 2,5 % sur 2024. Pour 2026, les projections anticipent une très légère reprise de 1,3 %, mais le marché resterait encore à près de 20 % en dessous des niveaux d’il y a six ans.

    Les hybrides : champions incontestés du marché italien

    L’Italie est le pays le plus « hybride » d’Europe. En octobre 2025, les véhicules hybrides ont atteint 45,5 % du marché, confirmant une tendance installée depuis plusieurs années. Sur les dix premiers mois de 2025, la part de véhicules hybrides s’établit à 44,7 %. À titre de comparaison, sur la même période en 2024, les hybrides représentaient 39,9 % de part de marché.

    Cette domination des hybrides s’explique par plusieurs facteurs : un réseau de recharge électrique encore insuffisant, des prix d’achat plus abordables que les électriques purs, et une certaine réticence culturelle à abandonner totalement le moteur thermique dans un pays où l’automobile traditionnelle reste profondément ancrée.

    Les électriques purs : une croissance modeste

    Les véhicules 100 % électriques (BEV) représentent 5,0 % du marché en octobre 2025, en légère baisse par rapport aux 5,6 % de septembre, mais en hausse par rapport aux 4,0 % d’octobre 2024. Sur les neuf premiers mois de 2025, les BEV totalisent 61 249 immatriculations, soit une progression de 26,5 % par rapport à 2024. Ces chiffres, comparés au reste du parc automobile, permettent aux véhicules 100 % électriques de posséder 5,2 % de part de marché sur l’année en cours.

    Cette croissance, bien que réelle, place l’Italie loin derrière la moyenne européenne. À titre de comparaison, l’Union européenne affiche une part de marché des BEV autour de 15 % sur la même période. Une enquête de l’Istituto Piepoli pour l’« ECO-Festival of Sustainable Mobility & Smart Cities » de septembre 2025 indique que 59 % des Italiens déclarent ne pas être intéressés à acheter un VE dans l’année à venir.

    Bien que les données des modèles 100 % électriques les plus vendus de janvier à octobre 2025 soient partielles, de janvier à avril, les modèles les plus vendus restent les mêmes que l’an passé : la Tesla Model Y domine le marché, suivie par la Fiat 500e, symbole du « Made in Italy » électrique, puis par la Dacia Spring, la MG4 et la Renault Megane E-Tech. Additionnés aux hybrides rechargeables, au total, les véhicules électrifiés à recharge externe (BEV + PHEV) représentent 12,7 % du marché en octobre 2025.

    Fiat 500e – citadine électrique italienne
    La Fiat 500e incarne le “Made in Italy” électrique et demeure une référence sur son segment. (Crédit : Fiat)

    Une stratégie d’aide qui ne convainc pas

    Pour inciter la population à passer à l’électrique, depuis 2021, le gouvernement italien a mis en place une série de dispositifs d’aides à l’achat. Souvent ponctuelles et massives, elles sont aussi et surtout marquées par une instabilité chronique.

    Dernier dispositif en date : le programme d’aide spectaculaire d’octobre 2025. Les premières aides, lancées en 2021, proposaient jusqu’à 8 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique neuf, cumulables avec une prime à la casse, sous conditions de revenu. Deux ans plus tard, en 2023, les montants ont été revus à la baisse, et les critères d’éligibilité durcis.

    Un dispositif d’aide qui n’a pas donné satisfaction, ce qui a entraîné un ralentissement des ventes. L’année 2024 a été marquée par une réduction drastique des fonds alloués, suscitant de vives critiques de la part des constructeurs et des associations du secteur.

    Face à ce décrochage, le gouvernement a réactivé en 2025 un plan d’incitations ambitieux, soutenu par des fonds européens, culminant avec le programme d’octobre. Ce dernier programme d’aide a vu pas moins de 597 millions d’euros débloqués grâce au plan de relance européen. Le principe ? Jusqu’à 11 000 € pour les ménages avec un ISEE < 30 000 €, sous conditions strictes. Le résultat est probant : en moins de 24 h, plus de 55 000 vouchers ont été distribués, épuisant les fonds.

    Avec ce plan, certains véhicules comme la Dacia Spring ou la Leapmotor T03 sont devenus accessibles à moins de 5 000 €, un record en Europe. C’est un succès éclair qui a mis en lumière les limites du modèle italien : effet d’attente prolongé de la part des Italiens, saturation rapide des dispositifs et incertitude pour les acteurs du marché. À ce jour, aucune réforme structurelle n’a été annoncée pour stabiliser ces aides, qui continuent de fonctionner par à-coups.

    Un réseau de recharge encore insuffisant

    L’Italie compte environ 65 000 bornes de recharge publiques en 2025, selon une étude de Motus-E, et pas moins de 22 % d’entre elles sont des bornes rapides (supérieures à 50 kW). Pour un pays de cette taille, avec un réseau routier de près de 500 000 km, l’Italie est en dessous de la moyenne européenne en termes de densité de bornes publiques.

    Les disparités régionales sont également marquées : plus de 60 % du réseau est concentré dans le nord du pays (Lombardie, Émilie-Romagne, Vénétie), alors que le sud reste largement sous-équipé.

    Pour pallier cela, le plan national de relance (PNRR), financé en partie par les fonds européens, prévoit l’installation de 21 000 bornes de recharge publiques supplémentaires d’ici à 2026. L’équipement des autoroutes, crucial pour un pays où les déplacements interrégionaux sont fréquents, tarde cependant à se concrétiser.

    L’acteur principal du parc de recharge italien est Enel X Way, filiale du géant énergétique italien Enel. À lui seul, le groupe a développé plus de 16 000 points de charge et construit également des hubs de recharge pour les flottes professionnelles et des bornes alimentées par énergie verte certifiée. Un fait évident pour ce pays où environ 40 % de la production électrique provient déjà d’énergies renouvelables (solaire, hydraulique, éolien).

    Borne de recharge VE en Italie – réseau public
    Le réseau italien de recharge reste en développement, avec de fortes disparités régionales.

    Stellantis : acteur principal de l’automobile italienne

    Le groupe Stellantis est le moteur de l’industrie automobile. En octobre 2025, le groupe a immatriculé 33 721 véhicules, une hausse de 5,01 % par rapport à octobre 2024.

    Marque emblématique du groupe, Fiat reste la locomotive avec la Fiat 500e, premier modèle 100 % électrique produit par Stellantis en Italie. Il maintient sa présence sur le marché, mais doit faire face à une concurrence chinoise de plus en plus agressive sur le segment des citadines électriques à budget abordable.

    Le pays transalpin produit localement : l’usine de Mirafiori à Turin, historiquement un symbole de l’industrie automobile italienne, a été transformée en pôle dédié à l’électrique et à la production de batteries. Une industrie qui tourne bien et qui permet aux constructeurs de prévoir de nouveaux modèles : la Fiat Panda électrique et l’Alfa Romeo Milano devraient voir le jour courant 2026.

    Les défis structurels persistent

    Comme chaque pays acteur de cette transition, l’Italie fait face à plusieurs obstacles majeurs :

    • Le prix d’achat : malgré les aides temporaires, les véhicules électriques restent nettement plus chers que leurs équivalents thermiques ou hybrides.
    • La dépendance aux aides publiques : lorsque les aides s’arrêtent, les ventes s’effondrent immédiatement.
    • Les inégalités régionales : le nord, plus riche et mieux équipé en infrastructures, adopte l’électrique plus rapidement que le sud.
    • La réticence culturelle : Ferrari, Lamborghini et Maserati incarnent l’excellence automobile thermique, et l’attachement au moteur traditionnel reste fort, même si ces marques développent de plus en plus de véhicules électrifiés.

    Perspectives : une transition lente

    L’UNRAE estime que les prochains mois devraient voir une hausse de la part de marché des BEV grâce aux immatriculations liées aux aides d’octobre. Mais comme le passé l’a montré, cette augmentation sera ponctuelle, et un nouveau ralentissement risque d’arriver une fois l’effet des aides dissipé.

    Le gouvernement a pour objectif d’atteindre 6 millions de véhicules électrifiés (BEV + PHEV + HEV) en circulation d’ici à 2030. Si les hybrides continueront probablement à dominer à moyen terme, les électriques purs devraient progresser grâce à la baisse progressive des prix, l’amélioration des infrastructures et les contraintes réglementaires européennes.

    Un pays en transition…

    L’Italie incarne une transition automobile à son rythme : les hybrides dominent et ont préparé le terrain, les électriques purs progressent lentement, mais sûrement, et les infrastructures se développent de manière inégale. Le pays n’est pas un leader de l’électromobilité européenne, et ne cherche d’ailleurs pas à l’être. Il suit une trajectoire singulière, adaptée à ses contraintes géographiques, économiques et culturelles.

    Mais cette stratégie comporte un risque : celui d’accumuler un retard difficile à combler lorsque la pression réglementaire européenne se fera plus forte.

  • Focus sur le Luxembourg, grande ambition électrique

    Focus sur le Luxembourg, grande ambition électrique

    Si le Luxembourg n’a pas la taille d’un géant, il s’affirme pourtant comme l’un des territoires les plus avancés d’Europe en matière d’électromobilité. En quelques années, le Grand-Duché a su bâtir une stratégie claire : densifier son réseau de recharge et accompagner les particuliers et les entreprises.

    Bâtiment principal de GRIDX Luxembourg, centre d’innovation automobile
    Le siège de GRIDX à Luxembourg, un centre dédié à la mobilité électrique et aux expériences automobiles premium. (Crédit : GRIDX)

    Un parc automobile qui s’électrifie rapidement

    La croissance, c’est sûrement le mot qui définit le mieux la situation du parc automobile électrique luxembourgeois. Si l’on reprend les chiffres des trois dernières années, l’évolution à la hausse est palpable. En 2022, les véhicules électriques ne représentaient encore que 3,4 % du parc automobile luxembourgeois. Un an plus tard, cette part a presque doublé pour atteindre, selon le ministère de la Mobilité, environ 6,5 %. Fin 2024, le Luxembourg comptait plus de 32 000 véhicules 100 % électriques en circulation dans le pays, soit près de 7 % du parc automobile national.

    En ajoutant les hybrides rechargeables, plus d’un véhicule sur dix circulant dans le pays est désormais électrifié. C’est une croissance qui ne semble pas vouloir s’arrêter et, pour preuve, elle se confirme en 2025 : au premier semestre, les voitures électriques représentaient environ 26 % des nouvelles immatriculations, plus d’un quart. C’est un rythme qui rassure les autorités puisque l’objectif gouvernemental fixé dans le Plan national d’énergie et de climat (PNEC) est d’atteindre 49 % de véhicules électrifiés à l’horizon 2030. Ambition claire pour ce petit pays dans lequel les distances sont courtes et les habitudes de recharge domestique déjà bien ancrées.

    Un réseau de recharge exemplaire

    Le Luxembourg dispose aujourd’hui d’une densité de bornes parmi les plus élevées d’Europe. En effet, selon les données de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), le Grand-Duché se classe parmi les tout premiers pays européens en densité de bornes de recharge pour véhicules électriques rapportée à la superficie du territoire. Deuxième au classement avec, en moyenne, 34,5 bornes tous les 100 kilomètres, intercalé entre les deux géants de l’électromobilité : les Pays-Bas (47,5 bornes / 100 km) et l’Allemagne (19,4 bornes / 100 km). À titre de comparaison, la France se place dixième avec 4,1 bornes tous les 100 kilomètres.

    Une densité importante et un classement que le pays doit à son réseau public de recharge « Chargy », lancé en 2017, qui compte plus de 666 stations de recharge réparties dans tout le pays (une station de recharge représente deux bornes de recharge, donc 1 332 points de recharge disponibles). En parallèle, « SuperChargy » déploie des bornes rapides et ultra-rapides sur les grands axes, notamment le long des autoroutes et dans les zones urbaines stratégiques. Mais depuis le 16 juin, Chargy est passé dans le domaine privé. Le ministre luxembourgeois de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme a signé un arrêté attribuant la concession de service public pour l’exploitation de l’infrastructure nationale de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques à un acteur privé : le consortium charge@lux, composé d’Electris, Cube4T8 et Socom. Ce changement a pour objectif d’harmoniser les tarifs, d’améliorer la maintenance et de garantir un maillage homogène du territoire. Au total, on recense aujourd’hui près de 3 000 points de recharge publics, un chiffre en hausse de plus de 20 % par rapport à 2023. Un maillage puissant et efficace qui permet à n’importe quel Luxembourgeois de se trouver à proximité d’une borne de recharge publique.

    Mais les actions pour améliorer l’accès à la recharge ne se limitent pas aux initiatives gouvernementales. La force du pays réside dans l’innovation de ses communes. Exemple concret : à Esch-sur-Alzette, deuxième ville du pays, le projet « Sudstroum Slow Charge » a vu le jour. L’idée : recharger son véhicule électrique directement via les lampadaires publics… une première au Luxembourg.

    Bornes de recharge pour véhicules électriques
    Le Luxembourg dispose d’un réseau dense de bornes de recharge, facilitant l’accès à l’électromobilité pour tous.

    Zoom sur GridX : un moteur d’innovation pour l’électromobilité au Luxembourg

    Fidèle à ce pays qui ne cesse d’innover, le projet GridX, a été inauguré le 18 septembre 2025 à Wickrange. Imaginé par le groupe Giorgetti, ce complexe inédit de près de 42 000 m² se veut la première destination “multi-expériences” d’Europe, mêlant commerce, gastronomie, hôtel, culture mais aussi et surtout, mobilité. Doté d’une galerie automobile unique en son genre, où se côtoient toute l’année des marques de prestige comme Alpine, Bentley ou Ducati, cet espace flambant neuf se présente comme « un musée ou un temple de la mobilité ».

    En effet, au delà de la galerie automobile, ce lieu est un véritable cluster dédié à l’automobile, avec des services de conciergerie, des simulateurs de conduite, ainsi qu’un partenariat avec le musée MAUTO de Turin. Bien que GRIDX ne soit pas exclusivement dédié aux véhicules électriques, son espace et son regard sur la mobilité électrifiée en fait un acteur pertinent pour le secteur.
    • Ses espaces offrent au public une vitrine physique pour les marques du secteur de la mobilité électrique mais sert aussi de showroom permanent pour les constructeurs premium. Un vrai point positif pour ce milieu qui a besoin de renforcer sa visibilité auprès du grand public.
    • Il crée un point de convergence entre services de recharge, véhicules haut de gamme et expérience client, ce qui peut faciliter l’intégration de bornes de recharge, solutions d’infrastructure ou flottes premium.
    • Grâce à son concept « mobilité + lifestyle + business », GRIDX peut accueillir des acteurs de l’électromobilité (start-ups, fournisseurs, équipementiers).

    Par son envergure et son caractère innovateur, GridX Luxembourg devient ainsi bien plus qu’un centre commercial. Il représente le symbole du renouveau automobile, une vitrine de l’innovation et une preuve supplémentaire que le Luxembourg, continue d’imaginer grand quand il s’agit d’avenir et de mobilité durable.

    Des distributeurs présents

    Pour répondre aux exigences gouvernementales en matière de voitures électrifiés et à une demande des clients en constante augmentation, les distributeurs et concessions de voitures ont dû s’adapter. Lors de l’édition 2025 du salon Autofestival qui rassemble les distributeurs automobiles au Luxembourg il est indiqué qu’environ 90 concessions participaient, preuve que l’électromobilité occupe désormais une place centrale sur le marché.

    Parmi ceux-là figurent Losch Luxembourg, Car Avenue et le groupe Autosphère, trois groupes incontournables du paysage automobile luxembourgeois.
    • Losch Luxembourg, importateur officiel des marques du groupe Volkswagen (Volkswagen, Audi, Škoda, SEAT/CUPRA, Porsche, etc.), est le leader national du secteur. Investisseur massif dans la mobilité électrique il propose une large gamme de véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables.
    • Car Avenue, réseau présent au Luxembourg, entre autres (France, Belgique, Allemagne), distribue des marques comme Mercedes-Benz, Smart, Peugeot ou Opel. L’offre électrique s’est elle aussi largement élargi, proposant la plupart des modèles en vogue.
    • Le groupe Autosphère, le groupe français est désormais présent sur le marché luxembourgeois, et représente plusieurs marques généralistes et premium. Il met en avant la mobilité verte en proposant des véhicules électriques et hybrides rechargeables.

    Des entreprises traditionnelles qui, en quelques années, ont su se réinventer pour devenir des acteurs clés de la transition vers la mobilité électrique.

    Couple signant le contrat pour l’achat d’une voiture électrique
    Un couple luxembourgeois finalise l’achat de sa voiture électrique, soutenu par les primes et incitations de l’État.

    Une politique en soif de progrès

    Depuis plus d’une décennie, le gouvernement luxembourgeois soutient activement la transition énergétique. Les particuliers bénéficient de primes à l’achat pouvant atteindre 6 000 € pour l’acquisition d’un véhicule électrique neuf, tandis que l’installation d’une borne domestique est subventionnée jusqu’à 50 % du coût total, dans la limite de 1 650 €. L’État maintient également des exonérations fiscales partielles pour les flottes d’entreprises. En 2025, un programme européen d’investissement de 30,5 millions d’euros a été alloué au Luxembourg pour renforcer l’infrastructure publique et soutenir le déploiement de bornes rapides dans les zones périurbaines.

    Un modèle énergétique favorable

    L’ambition d’un quotidien plus propre est également facilitée par le fait que le pays tire profit d’un mix électrique faiblement carboné, alimenté en grande partie par des importations issues de pays voisins (France, Allemagne) et par une part croissante d’énergies renouvelables locales. Cette configuration permet aux véhicules électriques de présenter une empreinte carbone bien inférieure à la moyenne européenne. En effet, selon une étude de Klima-Agence, l’empreinte carbone d’un véhicule électrique au Luxembourg est de 70 g CO₂/km sur 200 000 km de cycle de vie. Comparé à la moyenne européenne, estimée entre 90 et 120 g CO₂/km selon le mix énergétique du pays, le Luxembourg se place dans le haut du panier. Les autorités travaillent à verdir davantage la recharge grâce notamment à leur partenaire Encevo et à ses filiales, groupe énergétique de référence au Luxembourg, pour alimenter progressivement les bornes en électricité 100 % verte.

    Des défis à anticiper

    Le Luxembourg, petit par sa taille mais grand par sa transition, n’est pas pour autant exempté des défis qui touchent les territoires. En effet, comme chez ses voisins, l’électrification des poids lourds et des utilitaires reste en marge. Pour franchir ce nouveau cap complexe, il faudra développer les infrastructures adaptées et électrifier les poids lourds. En effet, les véhicules utilitaires lourds (PL + VUL) sont responsables de plus de 25 % des émissions du transport routier au Luxembourg. Autre enjeu : parvenir à moderniser les bornes de recharge face à la multiplication des bornes rapides. L’identification des zones urbaines à renforcer prioritairement a d’ailleurs déjà été réalisée par une étude du ministère de l’Énergie. Enfin, même constat que dans le reste de l’Europe : bien que le coût d’usage d’un véhicule électrique soit avantageux, son prix d’achat reste élevé, ce qui freine encore certains automobilistes à passer le pas, malgré les primes existantes.

    Un pays aux grandes ambitions

    En misant sur la cohérence et la planification, le Luxembourg démontre, avec ces chiffres, qu’un petit pays peut être plus évolué qu’un grand. Le pays a su tirer profit de son territoire avec un modèle qui repose sur le développement des infrastructures de recharge, les incitations financières claires grâce aux aides de l’État et une énergie propre. Avec un marché en croissance constante, le voisin frontalier de la France s’impose comme l’un des exemples les plus réussis de l’électromobilité en Europe.

  • L’avenir des véhicules électriques aux États-Unis : production, infrastructure et politique

    L’avenir des véhicules électriques aux États-Unis : production, infrastructure et politique

    Le marché américain des véhicules électriques (VE) entre dans une décennie décisive, sous l’impulsion de l’innovation dans la production. L’expansion de l’infrastructure de recharge et l’évolution des politiques façonneront l’avenir de la mobilité.

    Réinventer l’atelier

    L’industrie manufacturière évolue rapidement :

    Par exemple, le système d’assemblage flexible à trois branches de Ford construit séparément les modules avant, arrière et de batterie. Cette organisation permet de réduire le temps de production et de diminuer l’utilisation de pièces de 20 %. Cette rationalisation est particulièrement appréciée, car elle répond aux menaces émergentes de la production chinoise à grande échelle et à faible coût.

    En outre, les constructeurs automobiles américains renforcent les chaînes d’approvisionnement locales en véhicules électriques. Ils profitent des avantages offerts par la loi sur la réduction de l’inflation et investissent dans des installations produisant minerais et batteries afin de soutenir la production nationale.

    Station de recharge Tesla avec toit solaire à Kettleman City.
    Stations de recharge Tesla à Kettleman City, un élément clé de l’infrastructure croissante du marché américain des véhicules électriques.

    La charge d’avance : une infrastructure en développement

    Même les meilleurs véhicules électriques dépendent de réseaux de recharge robustes :

    Les immatriculations de VE ont explosé, mais l’infrastructure de recharge reste à la traîne. Selon Autos Innovate, au premier trimestre 2025, environ 42 nouveaux VE ont été enregistrés pour chaque nouvelle borne de recharge publique installée.

    Parallèlement, la grande majorité des constructeurs généralistes se sont engagés à respecter la norme de recharge nord-américaine (NACS) de Tesla. Dès 2025, tous les nouveaux véhicules sortiront d’usines compatibles avec cette norme, donnant ainsi accès aux Superchargers Tesla avec la même simplicité que pour faire le plein d’un véhicule thermique.

    En parallèle, les investissements fédéraux et locaux se poursuivent pour déployer davantage de stations de recharge publiques, notamment sur les grands axes routiers et dans les couloirs urbains.

    Le carrefour des politiques

    La politique demeure un point d’inflexion critique :

    Le crédit d’impôt fédéral de 7 500 $ pour l’achat d’un véhicule électrique, longtemps pierre angulaire de l’accessibilité, devrait expirer le 30 septembre 2025 s’il n’est pas renouvelé.

    Cette échéance imminente incite les constructeurs à stimuler leurs ventes avant l’expiration ou à privilégier les offres de location (selon Vox et Investors).

    Malgré cette incertitude au niveau fédéral, certains États, comme la Californie, mettent en place des calendriers ambitieux visant à éliminer progressivement la vente de véhicules à essence d’ici à 2035.

    Véhicules électriques devant des drapeaux américains, représentant le marché américain des VE.
    Véhicules électriques devant des drapeaux américains, illustrant la croissance et l’adoption des véhicules électriques sur le marché américain des VE.

    La route vers 2030

    Perspectives d’avenir : les analystes estiment que les véhicules électriques pourraient représenter un quart des ventes de véhicules neufs aux États-Unis d’ici à 2030. Cette croissance reposerait sur des innovations continues dans la technologie des batteries, des chaînes d’approvisionnement plus durables et un soutien politique constant.

    Selon les estimations, la taille du marché américain des VE atteignait environ 131,3 milliards de dollars en 2024 et devrait passer à 139,6 milliards en 2025. À l’horizon 2034, le marché pourrait grimper à 439 milliards de dollars, soit un taux de croissance annuel moyen de 13,6 % (Global Market Insights Inc.).

  • L’essor des véhicules électriques aux États-Unis : Marché, modèles et innovations

    L’essor des véhicules électriques aux États-Unis : Marché, modèles et innovations

    C’est un après-midi d’été étouffant à Détroit lorsque les ingénieurs de Ford préparent discrètement ce que les dirigeants décrivent comme le « moment Modèle T » de l’entreprise. Leur mission n’est pas simplement de mettre au point un nouveau véhicule, mais de redéfinir toute une industrie. Avec un pick-up électrique proposé autour de 30 000 dollars et des investissements de plusieurs milliards, Ford mise sur l’accessibilité et la production à grande échelle pour ancrer le véhicule électrique au cœur de la vie américaine. Une étape décisive pour le marché des véhicules électriques aux États-Unis, qui est en pleine mutation.

    Pick-up électrique Ford 2025 : un modèle de VE abordable - marhé des véhicules électriques aux États-Unis
    Ford a pour objectif de produire un pick-up électrique de taille moyenne à un prix abordable, autour de 30 000 dollars, marquant ainsi un tournant sur le marché américain des VE.

    Mais Ford n’est pas seul. Des start-up de la Silicon Valley aux géants japonais, la conquête du marché américain du véhicule électrique est en marche. Portée par la technologie, la demande croissante des consommateurs et les incitations publiques, cette transformation bouleverse la manière dont les Américains envisagent la conduite.

    Un marché en mouvement

    Le marché américain des véhicules électriques et électrifiés n’a plus rien d’expérimental :

    Selon Autos Innovate, au premier trimestre 2025, les véhicules électrifiés (VE), incluant les 100 % électriques (BEV), les hybrides rechargeables (PHEV) et les modèles à pile à combustible, représentaient 9,6 % des ventes de véhicules légers neufs. Ce chiffre est en léger recul par rapport aux 10,9 % du quatrième trimestre 2024, mais reste en progression de 0,3 point par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, les ventes globales de véhicules légers ont augmenté de 6 %, tandis que le volume des VE a bondi de 9 % (~30 500 unités) par rapport au premier trimestre 2024.

    Cette évolution illustre le recul progressif de la domination du moteur à combustion interne au profit de diverses formes de mobilité électrifiée.

    L’accessibilité : un enjeu majeur

    Pendant longtemps, le prix a constitué le principal frein à l’adoption des véhicules électriques. Les constructeurs s’attaquent désormais sérieusement à ce défi :

    • Ford ambitionne de produire un pick-up électrique de taille moyenne autour de 30 000 dollars, renouant ainsi avec l’esprit du Modèle T en le rendant accessible au plus grand nombre, selon Vox et Investors.
    • De nouveaux acteurs, comme Slate Auto (Michigan), misent sur des camions modulaires dont le prix de base devrait être inférieur à 27 500 dollars.

    Station de recharge Tesla avec toit solaire à Las Vegas, Nevada, États-Unis, le 10 octobre 2021.
    Station de recharge Tesla à Las Vegas, un élément clé de l’infrastructure croissante du marché des véhicules électriques aux États-Unis

    Puissance, luxe et performance

    Mais l’accessibilité n’est pas le seul argument. Le haut de gamme et la performance continuent de tirer le marché :

    Lucid Motors prépare le lancement du Lucid Gravity, un SUV électrique hautes performances développant 828 ch, équipé d’une batterie de 123 kWh et offrant jusqu’à 724 km d’autonomie.

    Tesla, toujours en position dominante, doit désormais composer avec une concurrence plus soutenue. Ford, GM, Hyundai et un nombre croissant de start-up multiplient leurs initiatives pour gagner des parts de marché.

    Les modèles les plus vendus
    (premier semestre 2025, États-Unis)

    ModèleVentes (premier semestre 2025, États-Unis)
    TESLA MODÈLE YQ1 2025 : Environ 64 051 unités vendues 
    Q2 2025 : Estimation de 90 949 unités vendues 
    • Estimation totale pour le premier semestre : ~155 000 unités
    TESLA MODÈLE 3Q1 2025 : Environ 52 520 unités 
     (Les chiffres du T2 du premier semestre n’ont pas été communiqués séparément, mais le modèle Y a continué à dominer largement le premier semestre dans son ensemble).
    CHEVROLET EQUINOX EVQ1 2025 : 10 329 unités vendues aux États-Unis 
    Q2 2025 : 17 420 unités vendues 
    • Total H1 : environ 27 749 unités
    FORD MUSTANG MACH-EQ1 2025 : 11 607 unités vendues 
    • (Pas de données explicites pour le deuxième trimestre – le total pour le premier semestre est probablement légèrement plus élevé).
    HONDA PROLOGUET1 2025 : 9 561 unités
    HYUNDAI IONIQ 5T1 2025 : 8 611 unités vendues
    FORD F-150 LIGHTNINGQ1 2025 : 7 187 unités vendues
    BMW i4Q1 2025 : 7 125 unités
    TESLA CYBERTRUCKQ1 2025 : 6 406 unités vendues
  • L’électromobilité française en 2025 : entre innovations et défis

    L’électromobilité française en 2025 : entre innovations et défis

    En ce début d’année 2025, l’industrie automobile française intensifie ses efforts pour s’adapter à la transition énergétique. Entre avancées technologiques, développement des infrastructures de recharge et évolutions réglementaires, le paysage de l’électromobilité connaît des transformations majeures.

    Jeune homme rechargeant sa voiture électrique, symbole de l’électromobilité urbaine et durable.
    Jeune homme rechargeant sa voiture électrique, reflétant le déploiement des infrastructures de recharge en France.

    Depuis janvier, les constructeurs français, tels que Renault et Stellantis, poursuivent leurs investissements dans le développement de véhicules électriques performants et accessibles. Renault, un leader européen de la voiture électrique, continue de miser sur la technologie V2G. Cette technologie permet de redistribuer de l’énergie sur le réseau électrique (Vehicle to Grid). Elle peut également alimenter des appareils électriques (Vehicle to Load). Renault continue d’investir dans la recherche et le développement pour améliorer encore ses technologies et répondre aux enjeux de la transition énergétique.

    Stellantis, de son côté, développe des plateformes modulaires dédiées aux véhicules électriques. L’objectif est de diversifier son offre tout en maîtrisant les coûts de production. Ce groupe automobile est un des leaders de l’innovation en France. Il se classe premier déposant de brevets français, avec 1 289 brevets enregistrés en 2024. Ces chiffres proviennent du palmarès annoncé par l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).

    Par ailleurs, Vinci Autoroutes teste cette année une « autoroute électrique » capable de recharger les véhicules par induction sur un tronçon de deux kilomètres de l’A10 près de Paris. Ce projet, dirigé par Vinci Autoroutes en collaboration avec l’université Gustave-Eiffel et l’industriel Hutchinson depuis 2023, vise à tester la rentabilité énergétique de cette technologie innovante. Le dispositif est enfoui à quelques centimètres sous la chaussée. Il pourrait réduire les arrêts de recharge. Il pourrait également diminuer la taille des batteries nécessaires, contribuant ainsi à la décarbonation des transports, notamment pour les poids lourds.

    Un réseau de recharge en pleine expansion

    Le déploiement des infrastructures de recharge s’accélère en France. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, de nouvelles obligations imposent aux parkings de bâtiments ouverts au public de s’équiper de bornes de recharge, conformément aux dispositions de la loi d’orientation des mobilités (LOM). Les bâtiments non résidentiels avec plus de 20 places de parking doivent désormais installer des bornes de recharge pour véhicules électriques, avec au moins 5 % des places équipées, incluant des emplacements pour les personnes à mobilité réduite. De quoi satisfaire les automobilistes électriques : « C’est une évolution nécessaire pour accompagner la transition vers la mobilité électrique. Le manque de bornes de recharge était un frein majeur pour de nombreux conducteurs. Avec ces nouvelles obligations, il sera enfin plus simple de recharger son véhicule au quotidien. », explique Thomas, habitant d’Île-de-France.

    Camion semi-remorque blanc circulant sur une route de montagne au coucher du soleil, symbole de transport et d’électromobilité.
    Transport de fret et électromobilité : camion électrique circulant sur une route alpine, illustrant les véhicules électriques performants et durables.

    Accessibilité de la recharge en copropriété

    En copropriété, des mesures similaires ont été mises en place pour faciliter l’accès à la recharge des résidents. Selon le quatrième Baromètre IRVE publié par l’Avere-France, l’AFOR et Enedis, plus de 10 000 copropriétés sont désormais équipées de bornes de recharge. Par ailleurs, 33 880 copropriétés ont validé leur démarche pour installer une infrastructure de recharge. Ces initiatives visent à encourager l’adoption des voitures électriques. Elles améliorent l’accessibilité et la commodité de la recharge. Ainsi, elles répondent aux préoccupations liées à l’autonomie et aux infrastructures.

    “Grâce à ces mesures, je peux enfin recharger ma voiture dans mon parking. Avant, je devais laisser ma voiture à plus de dix minutes de chez moi, c’était très fatiguant. J’ai fait des pieds et des mains pour qu’on ait ces recharges.”, se réjouit Laura, détentrice d’une voiture électrique. Bien que les chiffres soient en augmentation, le déploiement des infrastructures de recharge peine à suivre la croissance du marché des véhicules électriques. Toujours selon le baromètre, la France compte 269 000 immeubles collectifs avec un parking, mais seulement 3,94 % d’entre eux possèdent actuellement une solution de recharge collective.

    Des incitations financières en mutation

    Sur le plan réglementaire, le gouvernement français prévoit de réduire d’un tiers les aides à l’achat de véhicules électriques en 2025. Le budget passe ainsi de 1,5 milliard à 1 milliard d’euros. Le 2 décembre 2024, la prime à la conversion a été supprimée. Cette prime permettait d’obtenir une aide pour l’achat d’un véhicule moins polluant en mettant une ancienne voiture à la casse. Cette diminution s’explique par la baisse des coûts des véhicules électriques et leur part de marché croissante. Ainsi, le besoin de subventions est réduit.

    Les fonds restants seront prioritairement destinés aux ménages à faibles revenus afin de garantir une transition plus équitable.

    Le gouvernement renforce les pénalités sur les véhicules à fortes émissions de CO₂, en abaissant les seuils d’émission à 113 g de CO₂/km en 2025, puis à 106 g en 2026 et 99 g en 2027. Ces mesures visent à encourager l’adoption de véhicules plus propres et à accélérer la transition vers une mobilité durable.

    Une filière qui doit encore relever des défis

    L’année 2025 marque un tournant pour le secteur automobile français. Les acteurs du secteur mettent l’accent sur la durabilité, la sécurité et l’innovation. Toutefois, des défis subsistent. Ils concernent l’accessibilité financière des véhicules électriques, la densification des infrastructures de recharge et la gestion de l’impact environnemental lié à la production et au recyclage des batteries.

    Les efforts de recherche se poursuivent sur des technologies alternatives, comme les batteries solides ou l’hydrogène. Ces innovations visent à améliorer l’autonomie et réduire l’empreinte carbone du secteur. La filière devra également se structurer pour assurer une meilleure recyclabilité des batteries. Elle devra aussi minimiser leur impact environnemental tout au long de leur cycle de vie.

    La collaboration entre les pouvoirs publics, les industriels et les consommateurs sera déterminante pour surmonter ces obstacles. Elle permettra de positionner la France comme un leader de l’électromobilité en Europe.

  • Portrait-robot du propriétaire de voiture électrique en France

    Portrait-robot du propriétaire de voiture électrique en France

    Le marché de l’automobile électrique étant encore relativement récent et connaissant une croissance fulgurante, il intéresse forcément les cabinets de conseil et les sondeurs qui ne cessent de publier des études sur le sujet permettant, après un travail d’agrégation, de dresser le portrait-robot du propriétaire de voiture électrique type en France.

    Homme conduisant une voiture électrique en France, vu de dos
    Portrait discret d’un propriétaire de voiture électrique en France, au volant de son véhicule. (Crédit : Michael Kahn)

    On sait qu’il s’agit d’un homme (près de 70 % des propriétaires), particulier, âgé entre 46 et 48 ans selon les études (beaucoup plus jeune que du côté des thermiques dont les acheteurs de voitures neuves s’approchent de la soixantaine) plutôt citadin et qui investit dans le neuf. Technophile, il possède généralement une borne de recharge à domicile — un chiffre qui monte à 90 % pour les propriétaires de maisons — et, malgré des revenus confortables, il se tourne vers les modèles les plus abordables qu’il acquiert très majoritairement en leasing. Enfin, il est constaté, durant les premiers mois de 2025, que le propriétaire de véhicule électrique français était plus enclin à acheter… Français ! En effet, dans le top 10 des voitures électriques les plus vendues dans l’Hexagone ces derniers mois, on trouve six modèles proposés par des constructeurs français. 

    Les principales motivations 

    Pour cet acheteur type et tous les autres, le choix du passage à l’électrique est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier, c’est bien évidemment la prise de conscience écologique des consommateurs. Réduire son empreinte carbone (à l’utilisation) et contribuer à son échelle à freiner le dérèglement climatique sont en tête des raisons pour lesquelles l’acquisition d’une voiture électrique est envisagée, notamment chez les plus jeunes, expliquant ainsi pourquoi la moyenne d’âge du propriétaire de véhicules électriques est plus basse que chez les clients du thermique. Mais ce n’est plus le seul argument en faveur des autos “wattées”. En effet, si le prix d’achat est toujours plus élevé en moyenne pour une électrique que pour une thermique, son coût d’usage est plus économique, son entretien moins fréquent et onéreux et il est possible de bénéficier d’aides de l’état pour réduire la note. Si on y ajoute les nombreuses options de financement, de la Location Longue Durée (LLD) à la Location avec Option d’Achat (LOA), le portefeuille peut s’en sortir sans trop de blessures. La nouvelle génération, pour qui la voiture semble être avant tout un objet utilitaire plutôt qu’une pièce de collection, semble ainsi plus encline à louer son véhicule et à en changer plus souvent que ses aînés. 

    Dans la même veine, passer les vitesses après avoir fait trembler l’aiguille du compte-tour, écouter ronfler un V8 et faire sa vidange, changer les filtres et vérifier ses bougies le dimanche dans le garage fait un peu moins frissonner ces nouveaux acheteurs qui préfèrent un véhicule silencieux, facile à piloter et bardé de technologie. 

    Parking rempli de voitures électriques en France
    Affluence de véhicules électriques sur un parking en France, reflet d’une adoption massive.

    Des obstacles persistants

    Il ne faut pas se leurrer pour autant. Si le marché de l’électrique est en pleine croissance, c’est surtout qu’il est parti de zéro et qu’il est boosté par les différentes mesures politiques, que ce soit à l’échelle de la France ou de l’Union européenne. De nombreux freins à l’acquisition d’une voiture électrique subsistent en effet pour les consommateurs, au premier rang desquels figure l’autonomie. C’est l’inquiétude n°1 pour plus de 80 % des Français qui ne roulent pourtant qu’une cinquantaine de kilomètres par jour en moyenne. À cette angoisse de la panne – un poil exagérée – s’ajoute celle de ne pas trouver de bornes de recharge. Avec 160 000 bornes réparties sur tout le territoire, la France n’est pourtant pas à la traîne et vise même les 400 000 bornes en 2030. À titre de comparaison, on ne compte que 10 000 stations-services dans tout le pays ! Mais l’argument est encore valable, notamment pour les habitants de zones rurales qui n’ont souvent pas d’autres choix que d’installer une borne à domicile tant les distances entre les stations de recharge sont longues.

    Enfin, si l’on a parlé plus haut du fait que l’électrique peut être intéressant d’un point de vue financier, l’argent reste toujours un frein pour la plupart des ménages. Cela peut s’expliquer par un marché de l’occasion encore famélique concernant l’électrique. Logique, quand on sait qu’un propriétaire français conserve son véhicule électrique pendant 5 ans en moyenne avant de le revendre et qu’un grand nombre desdits véhicules dans le parc automobile français est en circulation depuis moins de 5 ans… Il y a de quoi être optimiste.

    Vers la démocratisation ?

    Tous les feux sont au vert pour une démocratisation de l’auto électrique (et de la mobilité électrique en général) en France et en Europe. Les constructeurs sont passés, passent ou envisagent de passer au 100 % électrique, des plus mass market au plus luxueux, poussés par l’envie de changer les choses, d’attirer de nouveaux consommateurs plus jeunes soucieux de l’environnement, mais surtout par les politiques locales qui leur sont imposées. En 2035, c’est simple, il sera tout bonnement interdit de vendre des véhicules thermiques neufs. Et 10 ans, c’est bien le délai minimum pour s’assurer que la transition sera complète d’ici là. 

    Les ambitions concernant les infrastructures dédiées à la recharge des véhicules électriques sont très élevées, mais, jusqu’ici, en France, les objectifs ont tous été remplis les uns après les autres, nous permettant d’être confiants pour la suite. Idem pour les innovations concernant l’augmentation de l’autonomie des véhicules électriques, le recyclage des batteries, leur fabrication également, autant de zones d’ombres ou d’inquiétudes pour les consommateurs français qui devraient s’éclaircir dans les prochaines années. La question est surtout de savoir si, d’ici à 2035, le portrait-robot dressé en introduction sera différent de celui de 2025 ? Pas sûr, mais s’il y a une vraie démocratisation de la mobilité électrique, il sera beaucoup plus complexe à établir !