Catégorie : Expertises

  • L’électromobilité : enjeux et perspectives d’avenir

    L’électromobilité : enjeux et perspectives d’avenir

    Si elle occupe aujourd’hui le devant de la scène, l’électromobilité n’est pas une mode passagère, mais bien l’un des piliers d’une transition globale en cours. Réduction des émissions, indépendance énergétique, relance industrielle : les enjeux sont multiples, et les réponses qu’apporte l’électrique vont bien au-delà du simple changement de motorisation. Alors, pourquoi l’électromobilité ? Tentons d’y voir plus clair.

    Enjeux écologiques : moins de CO₂, mais pas sans impact !

    Le transport routier représente 15 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. En remplaçant les véhicules thermiques par des véhicules électriques, alimentés par une énergie de plus en plus décarbonée, on agit directement sur cette source majeure de pollution. 

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    Crédit : Nerijus jakimavičius

    Pour mesurer l’impact positif de ces véhicules sur l’écosystème, le cycle de vie complet d’un véhicule électrique doit être pris en compte. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), un véhicule électrique émet en moyenne trois fois moins de CO₂ qu’un véhicule thermique sur l’ensemble de son cycle de vie, à condition que l’électricité utilisée soit issue de sources renouvelables.

    Autre atout de taille : l’absence d’émissions locales. Zéro rejet à l’échappement, cela signifie moins de particules fines, d’oxydes d’azote (NOₓ) et de nuisances sonores. D’après l’OMS, la pollution de l’air provoque plus de 300 000 décès prématurés chaque année en Europe, avec une part importante liée aux transports. En ville, cela se traduirait directement par une meilleure qualité de l’air, avec un bénéfice clair pour la santé publique.

    Mais le bilan écologique n’est pas tout blanc. Les batteries, cœurs des véhicules électriques, posent de vrais défis environnementaux. Leur fabrication est énergivore et repose sur l’extraction de matériaux comme le lithium, le cobalt ou le nickel, dont les procédés d’extraction posent question. Heureusement, les filières de recyclage, bien qu’encore jeunes, sont prometteuses. Aujourd’hui, des startups françaises parviennent à recycler une batterie à hauteur de 90 à 95 %.

    Enjeux énergétiques : sortir du pétrole, entrer dans la flexibilité

    L’électromobilité, c’est aussi une stratégie d’indépendance. En 2025, l’Union européenne importe plus de 90 % de son pétrole.

    Alimenter une voiture avec de l’électricité permet de s’affranchir en partie de cette dépendance et de regagner une forme de souveraineté énergétique, surtout si l’on mise sur des sources d’électricité locales et bas-carbone : solaire, éolien, nucléaire.

    voiture-electrique-recharge.jpg
    Crédit : M W

    Mais ce virage demande de l’anticipation. L’augmentation du nombre de véhicules électriques va faire grimper la demande en électricité. Si cette demande est couverte par des énergies carbonées, le gain peut être annulé. De ce fait, les leaders européens de la recharge (comme Spark Alliance) proposent aux conducteurs de véhicules électriques de consommer une énergie 100 % renouvelable.

    Enjeux économiques : une nouvelle industrie… mais des risques à gérer

    Au-delà de l’environnement, l’électromobilité représente une opportunité économique majeure pour les industriels. De nouvelles filières se créent : batteries, bornes de recharge, logiciels embarqués, services connectés… En Europe, des « gigafactories » voient le jour, et les investissements se comptent en milliards — de quoi permettre à de nouveaux acteurs de s’implanter dans un secteur automobile historiquement difficile d’accès.

    Du côté des usagers, le coût à l’usage est souvent plus avantageux que pour le thermique sur le long terme : l’entretien est considérablement réduit, la recharge coûte moins cher que le plein, et des bonus écologiques sont proposés par l’État. Les freins à l’accès commencent à tomber, notamment grâce au développement du marché de l’occasion pour les véhicules électriques.

    Crédit : Mabel Amber

    Mais cette mutation n’est pas sans secousses. L’industrie automobile traditionnelle concerne des centaines de milliers d’emplois, notamment dans les chaînes de montage, les garages ou chez les sous-traitants. La reconversion des compétences est un défi social majeur, afin de permettre à toutes ces femmes et tous ces hommes de poursuivre une activité professionnelle convenable. À ce sujet, la Commission européenne a acté en février 2025 le projet Clean Industrial Deal. Ce pacte vise à soutenir la transition des filières industrielles vers des technologies bas-carbone, avec un accent fort sur la mobilité électrique. Il promet la création de 500 000 nouveaux emplois dans l’électromobilité d’ici à 2030.

    L’électromobilité représente une avancée majeure vers un avenir plus durable et plus indépendant. Bien que les défis environnementaux et économiques soient nombreux, les bénéfices pour la santé publique, l’indépendance énergétique et la relance industrielle sont indéniables. Il est crucial de continuer à innover et à investir dans des solutions durables pour maximiser ces avantages.

  • États ou entreprises, qui booste l’installation des bornes de recharge ? 

    États ou entreprises, qui booste l’installation des bornes de recharge ? 

    C’est un sujet au cœur de tous les débats concernant la transition énergétique : l’installation massive de bornes de recharge pour véhicules électriques. Si les chiffres sont plutôt bons et en croissance constante, une autre question se pose, qui porte réellement ce développement ? Les entreprises, les États ou les deux ? 

    À mesure que la transition énergétique s’accélère, la course à l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques devient un enjeu stratégique majeur. Mais derrière la croissance relativement rapide du réseau, il y a un mix entre politiques, initiatives business et, parfois, partenariats entre le public et le privé. 

    Installation de bornes de recharge : les pouvoirs publics mettent le contact…

    Dans de nombreux pays, la volonté politique a servi de déclencheur. L’Union européenne, notamment, s’est fixée d’ambitieux objectifs concernant la transition énergétique avec, en tête, l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035. Les États membres ont ensuite suivi la voie et multiplié les plans de soutien à la mobilité électrique. La France, par exemple, a mis en place des aides financières pour l’installation de bornes, notamment la prime « Advenir » pour les habitants d’immeubles.

    Les États utilisent également l’outil législatif afin d’encourager l’installation de points de recharge.  En effet, certains pays imposent aux immeubles neufs, parkings publics et centres commerciaux de proposer un pourcentage de places équipées de bornes de recharge. En Europe, l’obligation d’installer des bornes de recharge dans les bâtiments neufs ou rénovés découle de la directive EPBD de 2021. Cette dernière exige un pré-équipement — le fait d’anticiper l’installation future de bornes de recharge dès la construction — pour les bâtiments résidentiels et l’installation de bornes dans les bâtiments non résidentiels dès 10 places de parking. 

    installation bornes recharge autoroute europe
    Crédit : Pexels Bruggi

    Mais certains pays comme la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni ne se contentent pas de suivre ces règles et ont décidé de frapper plus fort. Par exemple, la France et l’Allemagne imposent jusqu’à 100 % de pré-équipement dans les parkings résidentiels neufs, tandis que les Pays-Bas et le Royaume-Uni ordonnent systématiquement des bornes dans les nouvelles constructions commerciales et résidentielles. Mais il ne s’agit pas seulement d’obliger. En parallèle, l’investissement public reste massif : en Allemagne notamment, un plan de 6,3 milliards d’euros a été engagé jusqu’en 2026 pour soutenir le développement d’infrastructures de recharge.

    … Et le privé appuie sur l’accélérateur

    Si les États donnent l’impulsion, ce sont souvent les entreprises qui assurent le déploiement concret des bornes. De Tesla à Fastned en passant par Ionity, Allego ou TotalEnergies, les grands acteurs du privé de l’énergie investissent, depuis plusieurs années déjà, et portés par les ambitions gouvernementales citées plus haut, dans le déploiement de réseaux de bornes de recharge. Pour le moment situées principalement sur les grands axes, les métropoles et les grandes zones commerciales, ces bornes promettent un retour sur investissement qui suivra la hausse du parc de voitures électriques et sont donc très intéressantes pour ces multinationales.

    installation bornes recharge parkings
    Crédit : Pexels Jakubzerdzicki

    Concernant les zones rurales, les villes moins densément peuplées ou les routes secondaires, vues comme moins rentables à court, voire moyen terme, les partenariats public-privé se multiplient. Dans plusieurs pays européens, ils jouent un rôle clé pour développer des bornes de recharge dans ces zones encore oubliées. En France, l’État finance certains projets privés jusqu’à 50 % via l’ADEME quand, en Allemagne, le programme Deutschlandnetz subventionne massivement des stations de recharge rapide, exploitées par des acteurs du privé. Le Royaume-Uni, avec son programme LEVI, soutient aussi les collectivités locales qui s’associent à des opérateurs privés. Les Pays-Bas, de leur côté, ont mis en place des appels d’offres régionaux qui permettent à des entreprises de financer en partie l’installation et l’exploitation de stations de recharge. Des projets qui permettent aux entreprises de sécuriser des parts de marché sur le long terme et aux pouvoirs publics d’atteindre leurs objectifs.  

    Enfin, dans le secteur résidentiel et tertiaire, des start-ups et PME prennent aussi une part croissante du marché. Certaines entreprises voient dans l’installation de bornes une diversification naturelle de leur activité, à l’image des énergéticiens ou des entreprises de travaux publics. C’est le cas notamment de Sungrow — dont on parle ici — spécialiste du photovoltaïque qui a lancé une filiale dédiée aux bornes de recharge il y a une dizaine d’années. 

    Les États et les entreprises en covoiturage sur l’installation de bornes de recharge

    La dynamique actuelle repose donc sur une interaction entre incitations publiques et stratégies privées. Quand les États poussent à l’adoption des véhicules électriques, ils sont obligés, par ricochet, d’encourager l’installation de bornes de recharge. Et les entreprises y voient un levier financier intéressant et investissent pour ne pas louper le coche. 

    Et si les priorités de chacun ne sont pas toujours alignées (le privé privilégie des implantations rentables et les pouvoirs publics cherchent à garantir un maillage le plus couvrant possible), la solution des cofinancements est une bonne solution pour inciter les entreprises à miser sur des installations moins attirantes, mais cruciales pour convaincre le plus de monde possible de passer à l’électrique.

    Dans certains pays, comme les Pays-Bas cités plus haut, le succès de la mobilité électrique (plus d’un tiers de voitures électriques dans le parc) repose ainsi sur l’équilibre entre un cadre législatif et fiscal incitatif et les investissements précoces des entreprises locales. Un exemple à suivre ! 

  • La France face au défi du recyclage des batteries

    La France face au défi du recyclage des batteries

    Alors que les voitures électriques sont de plus en plus nombreuses sur nos routes, une autre révolution, plus discrète, est en marche : celle du recyclage des batteries.

    En France, constructeurs, start-up et collectivités s’organisent pour donner une seconde vie aux composants et aux batteries. Mais entre ambitions industrielles et réalités du terrain, la filière du recyclage avance encore en terrain miné.

    Une fin de vie sous tension

    Depuis quelques années, le paysage automobile français change de visage. Les voitures thermiques cèdent progressivement la place à leurs cousines électriques. Un choix dicté par des impératifs climatiques, des incitations gouvernementales et la volonté des constructeurs de verdir leur image. Mais une question demeure : que deviennent ces véhicules une fois leur vie terminée ? En 2035, la vente des voitures neuves à essence ou diesel sera interdite dans l’Union européenne. D’ici là, les véhicules électriques seront devenus la norme. Et avec eux, des montagnes de batteries à traiter. Car il ne suffit pas de rouler propre : encore faut-il recycler proprement pour éviter de déplacer simplement le problème.

    Recycler une voiture électrique : possible ?

    Contrairement aux idées reçues, les voitures électriques ne sont pas plus difficiles à recycler que les thermiques. Certaines pièces sont même plus simples à extraire : moins de fluide, pas de système d’échappement, moteurs compacts. Ce qui change, c’est la nature des matériaux et la complexité électronique. À Flins, dans les Yvelines, l’usine Refactory de Renault fait figure de pionnière. Un site dédié à l’économie circulaire. Objectif : encourager l’innovation et contribuer à l’ambition de neutralité carbone sur les sites industriels européens d’ici à 2030.

    Des véhicules usagés y sont démontés à la chaîne. Le cuivre, l’aluminium, les composants électroniques sont triés avec soin. Même les plastiques peuvent être recyclés. Mais la pièce maîtresse, c’est la batterie lithium-ion. Lourde, complexe, inflammable, mais pleine de ressources : cobalt, lithium, nickel, manganèse.

    Le défi du recyclage des batteries : entre extraction et renaissance

    Une batterie peut peser jusqu’à 500 kilos. Et au bout de 8 à 10 ans, elle est souvent en fin de parcours pour un usage automobile : moins de puissance, moins d’autonomie. On estime qu’elle n’a alors plus que 75 % de sa capacité initiale. Pourtant, elle n’est pas morte. Le recyclage redonne de la valeur aux matériaux, mais l’opération reste lourde, coûteuse, exigeante. L’économie circulaire pousse donc à retarder cette échéance en prolongeant la vie utile de la batterie.

    Plusieurs acteurs français s’y emploient. Carwatt, Mob-Ion, ou The Mobility House misent sur le stockage stationnaire. On réutilise les modules valides pour alimenter maisons, bâtiments publics ou installations photovoltaïques. Cette “seconde vie” séduit de plus en plus de collectivités. À Belle-Île-en-Mer, une école utilise des batteries de Renault Zoe pour stocker l’énergie solaire. Résultat : une énergie propre disponible la nuit. Et pour les batteries, une nouvelle vie de cinq ans, utile, loin des routes.

    Le recyclage des batteries, filière en construction

    Mais cette économie circulaire reste complexe : les batteries varient en format, chimie, électronique. Les industriels doivent développer des chaînes de tri quasi sur mesure, coûteuses et peu standardisées. Autre difficulté : l’absence de réglementation européenne homogène. En France, la filière s’organise avec l’ADEME (agence de la transition écologique) et le ministère de la Transition écologique. Mais l’harmonisation tarde. Il faudrait des normes communes : démontage, traçabilité, réutilisation des modules.

    Des projets émergent. La startup Verkor, soutenue par l’État, va inaugurer une giga-usine de batteries recyclables à Dunkerque, avec une production prévue pour début 2026. Renault mise sur le « Battery Passport », un passeport numérique pour suivre l’historique d’une batterie sur toute sa durée de vie.

    verkor recyclage batteries france
    Crédit : Verkor

    Recycler, oui… mais aussi réduire et repenser

    Le recyclage des batteries est indispensable, mais il ne peut suffire. Même bien gérées, les batteries usagées resteront un déchet complexe. Il faut donc concevoir des véhicules plus sobres. Un petit véhicule avec une petite batterie pollue moins qu’un SUV électrique. Selon Diane Strauss, du Haut Conseil pour le Climat et Directrice France de l’ONG Transport & Environnement : “l’orientation de la production vers des voitures électriques plus petites est la principale mesure que nous pouvons adopter pour réduire notre consommation de matières premières pour les batteries.“

    L’optimisation des matériaux, l’allongement de la durée de vie des batteries ou l’échange standard sont aussi des pistes. Autre solution : la mutualisation. Dans plusieurs villes (Le Mans, Allons, Villerouge-Termenès, Grenoble…), des réseaux de partage de véhicules électriques entre habitants permettent de maximiser l’usage d’un même parc. Moins de voitures produites, donc moins de batteries à recycler.

    Demain, une véritable économie circulaire ?

    La voiture électrique n’est pas une baguette magique. Mais bien pensée, bien recyclée, elle peut faire partie de la solution. En France, la filière avance, portée par l’urgence écologique. Des industriels aux collectivités, en passant par les start-up, nombreux sont ceux qui œuvrent à une véritable économie circulaire. Cela suppose une coopération renforcée. D’abord entre constructeurs pour tendre vers une standardisation des batteries. Ensuite entre États pour harmoniser les normes européennes. Enfin, entre tous les maillons de la chaîne, pour partager innovations et données.

    Mais au-delà de la technique, c’est un changement de regard qui s’impose. Le véhicule électrique ne doit plus être perçu comme un simple objet de consommation. La logique circulaire invite à le voir comme un assemblage de matières aux multiples vies. Cela implique des véhicules plus sobres, réparables, démontables, avec des batteries remplaçables. Les usines du futur seront sans doute des plateformes hybrides : fabrication, réparation, réutilisation. À Flins ou Dunkerque, ce modèle se profile déjà. Pour que cette économie circulaire se généralise, elle devra convaincre le citoyen. Car tout ne repose pas sur l’industrie : le comportement des usagers est essentiel. Choisir un modèle plus léger, accepter une voiture d’occasion reconditionnée, partager un véhicule… autant de gestes qui comptent.

    usine renault flins recyclage batteries
    Crédit : Renault Group

    Enfin, cette transition pose la question de la souveraineté. Revaloriser nos batteries, maîtriser les flux de matières, relocaliser certaines productions : autant de leviers pour gagner en indépendance et en résilience. En d’autres termes, offrir une seconde vie aux batteries n’est ni un simple pari technologique ni un verdissement de façade. C’est un pilier de l’avenir électrique. Et si l’on veut que la transition vers l’électrique tienne ses promesses, il faut s’en préoccuper dès maintenant — avant que les roues ne cessent de tourner.

  • Été 100 % électrique : recharger sans stress sur les autoroutes françaises

    Été 100 % électrique : recharger sans stress sur les autoroutes françaises

    Les vacances d’été approchent, et pour de plus en plus d’automobilistes, elles se feront au volant d’un véhicule électrique. Si le confort de conduite et le silence séduisent, une question demeure : comment bien gérer la recharge sur la route des vacances ? Sur les autoroutes françaises, notamment celles du réseau VINCI, l’infrastructure est prête. Encore faut-il savoir comment l’aborder. Voici un article pratique pour voyager l’esprit léger, enrichi des éclairages d’Olivier Granier, directeur des installations commerciales chez VINCI Autoroutes.

    Crédit : Cyril Crespeau
    Crédit : Cyril Crespeau


    Une borne de recharge tous les 80 km : la promesse est tenue

    Bonne nouvelle : la recharge sur autoroute n’est plus un casse-tête. Sur les grands axes comme l’A7, l’A10, l’A61 ou l’A75, entre autres, toutes les aires de service sont désormais équipées de bornes de recharge rapide. VINCI Autoroutes, qui gère plus de 4 400 km de réseau, a d’ores et déjà équipé 100 % de ses aires de service, soit plus de 300 stations de recharge et un taux de couverture de 90 % en bornes ultra-rapides.

    « Nous avons engagé un vaste programme d’équipement dès 2020, en partenariat avec les grands opérateurs du secteur, pour répondre à la hausse de fréquentation des véhicules électriques, notamment en période estivale », explique Olivier Granier. L’objectif que le groupe français s’était fixé est atteint : offrir une station tous les 80 kilomètres maximum sur le réseau, pour garantir la sérénité des trajets longue distance.

    Des partenaires variés et une expérience utilisateur au cœur du dispositif

    Les bornes installées permettent généralement de recharger 80 % de la batterie en moins de 30 minutes. Certaines stations proposent jusqu’à 16 points de charge simultanés, et la diversité des opérateurs présents —Ionity, TotalEnergies, Fastned, Driveco, Tesla…— assure une bonne interopérabilité, quel que soit le modèle du véhicule.

    Mais la performance technique n’est pas la seule préoccupation des acteurs de la recharge, l’expérience utilisateur est d’autant plus importante. Pour faciliter cette transition et aider les conducteurs de VE dans le processus de recharge, l’opération « Gilets Bleus » a vu le jour : une initiative estivale de VINCI Autoroutes qui mobilise son personnel sur le terrain pour aider, informer et sécuriser les conducteurs sur les aires de service pendant les grands départs en vacances.

    Crédit : Jacques Wisdorff
    Crédit : Jacques Wisdorff


    Paiement simplifié et outils numériques à la rescousse

    Un confort qui s’étend jusqu’au paiement, car aujourd’hui plus besoin d’être un expert pour recharger sur autoroute. La majorité des bornes acceptent les paiements par carte bancaire ou QR code. Vous pouvez aussi passer par les applications mobiles des opérateurs ou utiliser des badges multi-réseaux comme Chargemap ou Shell Recharge. Côté services numériques, l’application Ulys développée par VINCI Autoroutes aide les utilisateurs dans leurs trajets sur les autoroutes françaises. « Notre application permet aux conducteurs de localiser les bornes, de consulter leur disponibilité en temps réel, et d’organiser leur itinéraire en intégrant les pauses recharge », précise Olivier Granier.

    Anticiper pour éviter les pics de fréquentation

    L’été, certaines aires peuvent être très sollicitées, en particulier les samedis dits « noirs ». VINCI Autoroutes le sait, et renforce à cette période la surveillance technique ainsi que les interventions de maintenance. « Nous avons mis en place une supervision centralisée et des équipes mobilisées 24h/24, notamment sur les grands départs », indique Olivier Granier.

    Son conseil aux automobilistes : ne pas attendre la dernière minute pour recharger. Il faut donc anticiper ses arrêts, recharger dès que l’autonomie passe sous les 30 %, et consulter régulièrement l’état des bornes sur les applications spécialisées. Il vaut mieux planifier un arrêt sur une aire un peu plus en amont du parcours que de risquer l’attente en pleine chaleur.

    Crédit : Jean-Philippe Moulet


    L’autoroute est prête, à vous de vous organiser

    Le maillage du réseau, la diversité des opérateurs, les outils numériques et le confort proposé sur les aires font de la voiture électrique une option crédible pour les vacances. La clé, c’est l’anticipation. Il faut intégrer la recharge dans son trajet comme un temps de pause utile et agréable, et non comme une contrainte. Cet été, partez branchés, partez sereins.

  • Les 4 moteurs des voitures électriques à connaître

    Les 4 moteurs des voitures électriques à connaître

    Souvent relégués en bas de fiche technique, les moteurs de voitures électriques ont pourtant une importance cruciale, en termes d’économie, de performance et d’industrialisation. 

    Lorsqu’on parle de voitures électriques, la première caractéristique dont on fait étalage, c’est l’autonomie. Contrairement à l’univers des véhicules thermiques où les cylindres sont omniprésents et parfois plus célèbres que les voitures elles-mêmes, à l’image des V12 Bizzarini et autres “six en ligne”, côté watts, les moteurs sont généralement relégués au second plan et on a parfois l’impression qu’il n’existe qu’un seul type de motorisation pour toutes les voitures électriques. C’est tout le contraire ! Qu’ils soient déjà produits à grande échelle, présents sur des modèles de niche, voire encore à l’état de gestation, on dénombre plusieurs types de moteurs de voitures électriques, dont voici les principaux. 

    Crédit : Renault Group

    Les moteurs de voitures électriques synchrones à aimants permanents (PMSM)

    Largement utilisé dans les voitures électriques, le moteur PMSM fonctionne grâce à des aimants contenant du néodyme, une terre rare, qui, placés dans le rotor (la partie en rotation), tournent en fonction du champ magnétique généré par le stator (la partie fixe). Très efficace, il permet un rendement énergétique bien supérieur à 90 % le rendant, de fait, très adapté à l’automobile. Si on ajoute à ça qu’il est très compact et plutôt léger, cela en fait, malgré son coût relativement élevé dû aux matières premières, un moteur de choix pour de nombreux modèles bien connus du grand public tels que la Nissan Leaf ou la Toyota Prius hybride. 

    Le moteur asynchrone

    Ici, pas d’aimants dans le rotor. Si l’on veut être très schématique : le stator produit un champ magnétique dont l’énergie est transmise au rotor. Ce dernier produit alors, à son tour, un champ magnétique. Les deux champs, comme un lutteur face à un boxeur dans un octogone, vont alors se confronter et faire tourner le rotor. Sans aimants permanents, le moteur à induction est moins cher à produire que le PMSM. Il est également plus robuste grâce à une structure plus simple, et moins sensible à la chaleur malgré un rendement énergétique un peu en dessous des 90 % en moyenne. On le retrouve notamment sur les Tesla Model S et X.

    Le moteur synchrone à réluctance variable ou SRM

    Attention les yeux, voici le SRM : pas d’aimants permanents, pas d’enroulement, pas de matières premières critiques notamment les terres rares, simplement des engrenages sur le rotor et le stator qui créent du mouvement en s’alignant. Peu coûteux à fabriquer, résistant, il est capable d’encaisser beaucoup de couple à bas régime (idéal pour une voiture électrique). Pourtant, il n’est pas très répandu et, pour le moment, il fait surtout l’objet de recherches de la part de start-ups. Pourquoi ? D’une part, il est plus bruyant que ses congénères. Mais ce n’est pas son seul inconvénient. En effet, il est également commandé électroniquement ce qui ajoute une foultitude de données à intégrer qui sont complexes à gérer à l’utilisation.

    Les moteurs de voitures électriques à flux axial

    Voici le moteur qui pourrait bien changer la face. Ici, contrairement à ce que l’on retrouve dans les moteurs à flux radial, le mouvement du champ magnétique est parallèle à l’axe de rotation. Autrement dit, les moteurs à flux axial sont plats, donc plus compacts, tout en gardant leur efficacité. Une architecture qui facilite également le refroidissement du moteur et augmente donc ses performances. Aujourd’hui, ces moteurs sont encore trop chers à fabriquer pour les déployer à grande échelle, mais les constructeurs sont tout de même attentifs aux développements autour de cette technologie. Dernier exemple en date, le rachat par Mercedes de l’entreprise britannique YASA, spécialisée dans les moteurs à flux axial. 

    Le récap : 

  • France 2035 : à quoi ressemblera la voiture électrique ? 

    France 2035 : à quoi ressemblera la voiture électrique ? 

    Alors que la France s’apprête à interdire la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035, la voiture électrique s’impose peu à peu comme le pilier de la mobilité de demain.

    D’ici à 2035, en France, conformément aux annonces du ministère de la Transition écologique, toutes les voitures neuves seront électriques, car il sera interdit de vendre des voitures thermiques. Dans 10 ans, le pays aura donc profondément changé de visage. Plus autonome, plus intelligente, plus connectée, la voiture du futur promet une transformation majeure des usages.

    Une autonomie décuplée par la technologie

    La crainte liée à l’autonomie, longtemps considérée comme le principal frein à l’adoption de la voiture électrique, pourrait être levée dans la prochaine décennie. Une gigafactory de Blue Solutions est prévue en France pour produire des batteries solides offrant une autonomie pouvant atteindre 1 000 kilomètres et des temps de recharge de 20 minutes. Ces batteries, qui présentent une densité énergétique supérieure de 30 à 40 % par rapport aux cellules lithium-ion actuelles, devraient être produites à grande échelle d’ici à 2030.

    Du côté des infrastructures, la France prévoit une nette accélération : d’après l’ADEME, plus de 400 000 points de recharge publics seront déployés d’ici à 2030, contre environ 120 000 aujourd’hui. Par ailleurs, des acteurs comme Renault ou Stellantis estiment que les technologies de charge ultra-rapide permettront de récupérer 80 % de batterie en moins de dix minutes à moyen terme.

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    Crédit : Ante Samarzija

    L’intelligence artificielle au volant

    La véritable révolution viendra sans doute de l’intelligence embarquée. Selon une étude publiée en mars 2025 par des chercheurs européens, les véhicules autonomes de niveau 4 ou 5 pourraient représenter une part significative des nouvelles immatriculations en Europe d’ici à 2035. Ces véhicules seraient capables de se déplacer sans intervention humaine dans certaines conditions, transformant ainsi l’expérience de conduite.

    En France, des entreprises travaillent déjà sur des systèmes intégrants caméras, lidars et intelligence artificielle capables de gérer la conduite dans des environnements urbains complexes. D’après l’IFP Énergies Nouvelles, ces systèmes apprendront à anticiper les comportements routiers, à s’adapter au style de conduite de l’utilisateur et à optimiser les trajets en temps réel.

    France 2035, une voiture électrique toujours connectée

    En 2035, la voiture sera aussi un terminal numérique mobile. Grâce aux réseaux 5G — voire 6G — les véhicules communiqueront en permanence avec leur environnement : autres voitures, infrastructures routières, domicile de l’utilisateur, etc. Cette connectivité permettra notamment des mises à jour logicielles à distance, une interaction fluide avec les objets connectés de la maison, ou encore l’intégration d’assistants vocaux ultra-personnalisés.

    Le projet Software République, lancé par Renault avec Atos, Dassault Systèmes, STMicroelectronics et Thales, illustre cette tendance vers une voiture devenue service numérique : l’utilisateur pourra gérer son agenda, ses appels, son divertissement ou même sa domotique depuis son tableau de bord.

    Une révolution technologique… et sociale

    Mais cette révolution pose aussi des enjeux humains. Selon le rapport France 2030 présenté par le gouvernement, des efforts importants devront accompagner cette transition : soutien à l’achat de véhicules électriques, formation à la conduite automatisée, reconversion des emplois dans l’industrie automobile. La question de l’inclusion numérique, de l’accès aux technologies pour tous, sera également au cœur du débat.

    Dans dix ans, la voiture ne sera plus un simple objet mécanique. Elle deviendra un espace intelligent, connecté, intégré à nos modes de vie et à nos infrastructures. À condition que cette évolution reste au service d’une mobilité durable, accessible et équitable.

  • Le marché français des voitures sans permis électriques : une révolution en marche

    Le marché français des voitures sans permis électriques : une révolution en marche

    Avec plus de 30 000 immatriculations en 2024, la France représente près de 50% des ventes de voitures sans permis (VSP) sur le marché européen.

    Longtemps marginalisées, ces les voitures sans permis (VSP) connaissent une seconde jeunesse en France, notamment grâce à l’électrification et à une communication empreinte de modernité visant à séduire les (très) jeunes conducteurs — dès 14 ans ! — mais aussi les citadins désireux de réduire leur impact environnemental et de gagner en praticité. Car entre la place de plus en plus importante prise par la transition écologique dans l’esprit des Français et la circulation en ville qui devient de plus en plus difficile pour les véhicules thermiques classiques, les VSP électriques se posent en alternative plus qu’intéressante.

    voiture sans permis électrique noire

    Pourquoi les voitures sans permis électriques séduisent-elles autant en France ?

    Si les VSP électriques continuent de grappiller des parts de marché, sur leurs concurrentes thermiques d’une part, mais aussi sur les voitures “classiques”, c’est parce qu’elles apparaissent comme une réponse naturelle à de nombreuses problématiques actuelles. Ainsi, le prix sans cesse croissant du permis de conduire qui, pour de plus en plus d’urbains n’apparaît plus comme aussi utile qu’auparavant et l’étalement des populations qui poussent les habitants de régions plus isolées à choisir la voiture de plus en plus jeunes sont les deux premiers facteurs à l’origine de la surpopulation de VSP en France.

    Mais on peut également y ajouter les limitations de vitesse revues à la baisse en ville (une voiture sans permis est bridée à 45 km/h), la suppression de places de stationnement et les coûts grandissants liés à l’utilisation d’une voiture classique (en effet, les assurances sont généralement moins onéreuses et le contrôle technique moins fréquent).

    Enfin, concernant l’électrique, il permet de réduire encore un peu plus la facture en coupant dans les dépenses liées à l’entretien et au carburant. En résumé : une voiture sans permis est bourrée d’avantages pour une part toujours plus grandissante de la population française… et sa version électrique est encore plus avantageuse !

    voiture sans permis électrique rouge

    Acteurs historiques vs constructeurs traditionnels : une émulation bénéfique

    Historiquement dominé par des motorisations thermiques, le marché français des VSP semble se diriger doucement, mais sûrement vers l’électrique. Le boom de la Citroën Ami, lancée en 2020, n’y est pas pour rien puisqu’elle s’est écoulée à plus de 65 000 exemplaires en 5 ans. Elle a récemment été rejointe par une autre petite sans permis électrique de grand constructeur, la Fiat Topolino. Deux modèles qui permettent à leurs constructeurs de se positionner respectivement à la deuxième et quatrième place du classement des plus gros vendeurs de voitures sans permis en France en 2024.

    Le tout face à des acteurs déjà bien installés et, surtout, spécialisés. Des pionniers qui ne se laissent pas faire pour autant, puisque le leader, Aixam, a ajouté une gamme 100% électrique, tout comme Ligier qui, après avoir vu Citroën lui passer devant, n’était qu’à un petit millier de ventes de voir Fiat faire la même chose ! Reste, et là, c’est une bonne nouvelle pour tout le monde que les ventes ont connu une forte croissance entre 2023 et 2024 pour les quatre marques citées. Une concurrence qui fait du bien à ce marché autrefois considéré comme ringard puisqu’elle a encouragé les géants de Stellantis à investir dans l’innovation autour de cette mobilité douce qu’ils avaient mise de côté pendant trop longtemps, mais aussi les acteurs traditionnels à accélérer leur électrification. Le tout en glamourisant les VSP électriques à grands coups de campagnes marketing !

    En quelques années, les voitures sans permis sont passées de “la punition pour celui qui se fait sucrer son permis” à un objet de mobilité douce au fort taux de désirabilité. Et sur ce marché, c’est donnant-donnant : d’un côté, l’électrique a permis de rebooster la VSP, et de l’autre, l’essor de la VSP permet d’électrifier plus rapidement le parc automobile français.

    Le top 4 des constructeurs de VSP en France (2024)

    1- Aixam / 10 771 ventes / Croissance de 8,7% / Thermique et électrique / 33,9% du marché
    2- Citroën / 9 267 ventes / Croissance de 4,2% / Tout électrique / 29,3% du marché
    3- Ligier / 5 869 ventes / Croissance de 8,4% / Thermique et électrique / 18,5% du marché
    4- Fiat / 4 567 ventes / Première année / Tout électrique / 14,3% du marché

    (Chiffres Voltandgo )

  • Transports en commun français : quelle place pour l’électrique demain ?

    Transports en commun français : quelle place pour l’électrique demain ?

    Face à l’urgence climatique et à la nécessité de décarboner les mobilités, la France accélère la transition vers des transports en commun plus propres. D’un bout à l’autre du pays, des métropoles aux zones rurales, les projets s’accélèrent en faveur de l’électrique. Tour d’horizon d’une transformation majeure.

    Crédit : RATP
    Crédit : RATP

    L’Île-de-France en première ligne

    La région parisienne est au cœur de la transition énergétique dans le secteur des transports collectifs. Avec son ambitieux programme « Bus2025 », la RATP prévoit de convertir l’ensemble de ses 25 centres opérationnels aux motorisations électriques et au biométhane d’ici fin 2025. À terme, ce sont 1 000 bus électriques et 1 300 bus au gaz renouvelable qui circuleront dans la capitale et en proche banlieue. Ce projet devrait permettre de réduire de moitié les émissions de CO₂ liées au trafic des bus. Il s’inscrit dans l’objectif global de la RATP de baisser de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre.

    En parallèle, Île-de-France Mobilités poursuit l’extension du réseau de transports : la ligne 14 du métro a atteint la station Villejuif-Gustave Roussy début 2025. Le lancement de la ligne de bus Tzen 4, remplaçant la ligne 402 entre Viry-Châtillon et Corbeil-Essonnes, est également prévu. Le Tzen 4 est une première mondiale : ce sera le premier bus bi-articulé de 24 mètres, 100% électrique, avec une recharge au sol en moins de cinq minutes.

    Dans les grandes villes, l’électrique gagne du terrain

    Dans les grandes villes françaises, l’électrique prend une place de plus en plus visible dans les réseaux de transport urbain.

    Lyon prévoit une transformation profonde de son réseau, avec l’intégration de véhicules électriques dans le futur réseau unifié TCL dès septembre 2025. La ville adapte également ses infrastructures pour accueillir de nouveaux bus électriques et tester des lignes pilotes en périphérie.

    À Bordeaux, le déploiement de lignes de bus express repose en partie sur des véhicules électriques, avec une première mise en service prévue en 2025. Les lignes de tramway déjà électrifiées sont aussi étendues (lignes E et F), renforçant l’offre non polluante dans l’agglomération.

    À Marseille, le plan « Marseille en Grand » inclut des BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) électrifiés. La ligne B4, dont la mise en service est attendue en 2025, fonctionnera avec une flotte entièrement électrique. La ville prévoit aussi d’intégrer davantage de bus électriques dans son réseau RTM.

    Les quartiers Nord auront un bus à haut niveau de service d'ici début 2025
    Crédit : dossier de la concertation publique sur le BHNS B4

    En régions : des projets d’envergure

    Au-delà des métropoles, la France entend renforcer la mobilité interurbaine et périurbaine via les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM), un concept inspiré du RER francilien. Quinze projets ont été labellisés, couvrant des agglomérations comme Strasbourg, Lille, Nantes ou encore Grenoble. Ces SERM associent trains, cars express, pistes cyclables sécurisées et tarification unifiée pour faciliter l’accès à des mobilités propres.

    La logistique urbaine et interurbaine est également concernée : 972 points de recharge pour poids lourds électriques ont été déployés dans des dépôts, et 24 stations de recharge publiques pour poids lourds ont ouvert au 1er janvier 2025. Ces infrastructures sont stratégiques pour accompagner la décarbonation du fret.

    Réseau électrique : un maillon essentiel

    La généralisation de l’électrique pose la question de l’infrastructure énergétique. RTE, gestionnaire du réseau public de transport d’électricité, prévoit des investissements massifs à l’horizon 2040. L’objectif est clair : adapter le réseau pour supporter l’essor de la mobilité électrique, tout en garantissant la fiabilité de l’approvisionnement.

    Une transition encore fragile

    Si la dynamique est lancée, la transition reste semée d’obstacles. Le coût des projets, la lenteur de certaines concertations locales et les problématiques de maintenance ou de formation aux nouvelles technologies freinent parfois l’élan. L’acceptabilité sociale, notamment dans les zones rurales ou peu desservies, reste un défi de taille.

    La France est bel et bien engagée dans une profonde mutation de ses transports publics. Si les grandes métropoles jouent un rôle moteur, la généralisation de la mobilité électrique dépendra aussi de l’aménagement du territoire, des infrastructures et de la capacité collective à faire de cette transition un levier de cohésion et de développement durable.

  • Sungrow, un géant de l’énergie solaire qui réinvente la recharge rapide

    Sungrow, un géant de l’énergie solaire qui réinvente la recharge rapide

    À l’occasion du salon DriveToZero à la Porte de Versailles les 4 et 5 juin derniers, ECO MOTORS NEWS a eu l’opportunité de rencontrer Robert von Wahl, Directeur EV Charging Europe chez Sungrow, l’un des leaders mondiaux des énergies renouvelables qui, il y a une dizaine d’années, a décidé de mettre son savoir-faire au service de la recharge de véhicules électriques.

    Crédit : Sungrow - DriveToZero
    Crédit : Sungrow – DriveToZero

    La mobilité électrique, c’est bien entendu la partie hardware, avec les véhicules en eux-mêmes, la partie software avec les logiciels et technologies embarqués, mais aussi la recharge. Et, avec elle, son lot de problématiques à résoudre, que ce soit en termes d’énergie utilisée et de son stockage, de gestion de la puissance délivrée et de la surface occupée par les bornes dans les stations de recharge, les parkings, les dépôts de bus et de camions, etc. Autant d’axes de progression sur lesquels certaines entreprises ont déjà une longueur d’avance. C’est notamment le cas de Sungrow, géant chinois et leader mondial de la conversion de puissance qui a vu le jour en 1997 sur le marché des énergies renouvelables, en misant sur les onduleurs photovoltaïques (PV). Depuis le milieu des années 2010, devinant l’essor à venir de la mobilité électrique, le groupe a créé une branche dédiée à la recharge dont Robert von Wahl est le Directeur Europe. Ce dernier a pris le temps, lors du salon DriveToZero, de nous présenter la stratégie de l’entreprise, illustrant ainsi les défis actuels auxquels sont confrontés les acteurs du marché et quelles sont les réponses à apporter pour les relever.

    Une recharge “satellite”… sur le plancher des vaches !

    Afin de résoudre le problème du manque de place dans les stations de recharge, qu’elles soient publiques ou privées, tout en proposant une puissance permettant la recharge rapide. Sungrow a ainsi développé ce qu’elle appelle la “recharge satellite”, qui n’a rien à voir avec la conquête spatiale. En effet, comme l’explique Robert von Wahl, ces systèmes « permettent de dissocier la partie alimentation électrique du point de charge lui-même. Une seule armoire de puissance peut ainsi alimenter plusieurs bornes satellites réparties sur un site. » Une configuration qui s’avère particulièrement adaptée « aux dépôts de bus ou aux hubs logistiques où l’espace est restreint et où plusieurs véhicules doivent être rechargés simultanément », ajoute-t-il. Outre le gain de place, cette architecture réduit les coûts d’infrastructure, limite les connexions et offre une meilleure flexibilité pour adapter le réseau aux besoins évolutifs du parc de véhicules.

    Crédit : Sungrow - DriveToZero
    Crédit : Sungrow – DriveToZero

    Modularité et efficacité sont en effet indispensables aux entreprises qui ont un usage intensif de leurs bornes de recharge. Au catalogue de Sungrow, on trouve désormais plusieurs de ces chargeurs ultra-rapides qui peuvent répartir intelligemment la puissance de l’armoire de puissance (480 kW) entre plusieurs véhicules qui sont branchés simultanément. Ainsi, en prenant l’exemple d’un dépôt de camion, il est possible de délivrer moins d’énergie au véhicule dont on sait qu’il ne repartira pas avant le lendemain et, depuis la même borne, délivrer une énergie suffisante à un autre véhicule pour qu’il puisse repartir dans les deux heures qui viennent.

    ESS + PV + DC = avenir ? 

    Vous ne comprenez pas l’équation ? Pas de panique. Avant de rencontrer Sungrow sur le salon, c’était aussi très flou pour nous ! ESS, ce sont les solutions de stockage, PV, les onduleurs qui convertissent l’énergie solaire et DC, le courant continu, souvent utilisé pour désigner la recharge rapide. Et, selon Robert von Wahl, « en intégrant le stockage d’énergie, le photovoltaïque et la recharge DC, on obtient une solution complète de gestion énergétique » qui permet aux batteries de se charger en période creuse grâce au solaire, pour ensuite alimenter les véhicules lors des pics de demande. Une manière, toujours selon lui, « de réduire les coûts liés aux tarifs horaires du réseau, de soulager la charge sur le réseau, et de garantir une énergie verte, localement produite ». Si posséder le savoir-faire et l’expérience nécessaires pour proposer cette solution “tout-en-un” en interne, à l’image de ce que fait Sungrow, est encore peu répandu sur le marché, notre visite du salon DriveToZero nous a prouvé que de nombreuses startups et entreprises réfléchissent de plus en plus à cette approche plus globale.

    Défis européens

    L’Europe, même si elle est dans une belle dynamique, reste surtout marquée par des disparités régionales. « L’Europe progresse rapidement, mais il subsiste encore des déséquilibres notables entre les pays », constate ainsi Robert von Wahl. Selon lui, en France, des efforts ont été réalisés, essentiellement en milieu urbain, mais la densité des bornes rapides demeure insuffisante à l’échelle nationale sur les réseaux autoroutiers. La principale raison, constatée par de nombreux acteurs du secteur, est la capacité électrique disponible dans certaines zones, notamment commerciales. « Dans ces zones, la connexion au réseau est souvent limitée. Il est difficile d’alimenter plusieurs points de recharge ultra-rapide sans investissements conséquents », indique-t-il. Par ailleurs, la standardisation des protocoles et l’interopérabilité entre opérateurs restent des enjeux cruciaux. Sungrow, de son côté, y répond avec des solutions personnalisables et “intelligentes” compatibles avec de nombreux types de configurations, aussi bien géographiques que techniques, mais c’est un travail de terrain encore considérable.

    Crédit : SUNGROW HQ
    Crédit : SUNGROW HQ

    L’avantage du groupe chinois sur ses concurrents, c’est —outre 25 ans de leadership mondial dans la conversion d’énergie— l’expérience acquise dans son pays d’origine, en avance par rapport à l’Europe sur la question des infrastructures de recharge. « Nous ambitionnons de devenir un acteur clé de l’électrification des transports en Europe, affirme von Wahl, et pour ce faire, l’entreprise s’appuie sur des produits modulaires, adaptables aux standards locaux, et investit dans la R&D sur le sol européen ». En effet, l’entreprise a installé son département recherche et développement aux Pays-Bas, à Amsterdam, hub stratégique du développement de l’électromobilité sur le Vieux Continent.

    Cette stratégie s’accompagne de partenariats industriels avec des acteurs locaux, mais aussi avec des universités et des administrations afin de « simplifier le déploiement à grande échelle de l’infrastructure de recharge intelligente », conclut Robert von Wahl. En alliant énergie solaire, stockage intelligent et recharge ultra-rapide au sein d’une architecture complète et compacte, Sungrow se positionne donc comme un acteur central de la transition énergétique et si l’on en croit les nombreuses start-ups rencontrées sur le salon DriveToZero, cela pourrait bien devenir une référence dans les années à venir.

  • Recharge et voiture électrique : qui façonne le futur ?

    Recharge et voiture électrique : qui façonne le futur ?

    On ne compte plus les voitures électriques qui sillonnent nos routes, les bornes de recharge électrique ou encore les publicités qui prônent une mobilité plus « propre ». L’électromobilité n’est plus une tendance émergente, elle est devenue une réalité quotidienne implantée dans le monde entier.

    Mais derrière ce terme à la signification technique se cache un véritable bouleversement. Car l’électromobilité ne se limite pas à changer un moteur thermique par une batterie électrique, c’est tout un écosystème qui se transforme : des constructeurs automobiles historiques aux startups novatrices, en passant par les équipementiers, faisons le point sur les piliers de l’électromobilité mondiale.

    Crédit : Qovoltis
    Crédit : Qovoltis


    Constructeurs automobiles : la bataille mondiale fait rage

    Depuis plus d’une décennie, certains constructeurs ont ouvert la voie à la voiture électrique. Tesla, bien sûr, reste le symbole de cette révolution. Avec ses modèles innovants, la firme californienne a bouleversé l’ordre établi et contraint les géants du secteur à s’adapter. Avec près de 1,8 million de véhicules électriques vendus en 2024, Tesla reste la marque la plus vendue au monde.

    Mais cette domination pourrait vaciller, en effet, les constructeurs chinois continuent de jouer un rôle majeur dans la vente de véhicules 100 % électriques : BYD (1 764 992 véhicules vendus en 2024), mais aussi GEELY, SGMW, NIO, Xpeng, entre autres, représentent 28 % de part de marché et font de la Chine le premier marché mondial. Pour cause, elle produit à grande échelle et exporte désormais vers l’Europe. L’Empire du Milieu mise sur une stratégie industrielle intégrée, appuyée par un soutien massif de l’État.

    Pour rester dans la course à l’échelle mondiale, les constructeurs européens se réinventent. Nissan et Renault font figure de pionniers depuis 2010, la Nissan Leaf et la Renault Zoé ont permis à des milliers de conducteurs de passer à l’électrique. Aujourd’hui, la majorité des leaders européens du marché de l’automobile tels que Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Renault et Stellantis intensifient leurs efforts pour électrifier leurs gammes, avec des initiatives visant à proposer des modèles abordables autour de 25 000 €.

    Équipementiers : les artisans de l’électromobilité

    Derrière chaque voiture électrique se trouvent des fournisseurs spécialisés qui conçoivent les composants clés : batteries, moteurs, systèmes de gestion électronique, ou encore stations de recharge. Ces équipementiers jouent un rôle fondamental dans cet écosystème.

    CATL (Chine), LG Energy Solution (Corée du Sud) et Panasonic (Japon) dominent le marché mondial des batteries lithium-ion. À eux seuls, ils alimentent des millions de voitures électriques. Pour l’Europe, c’est bien plus laborieux, même si des entreprises comme ACC (soutenue par le Groupe PSA, Total et Mercedes-Benz) ou Verkor émergent, les Européens ne parviennent pas encore à concurrencer les géants asiatiques.

    Outre les batteries, d’autres composants essentiels, comme les systèmes d’aide à la conduite ou les moteurs, sont développés par des équipementiers de renom tels que Valeo, Bosch ou Continental.

    Quant au secteur des bornes de recharge, essentiel à toute mobilité électrique, il connaît un véritable boom. Le groupe Tesla est l’un des leaders de ce marché avec ses Superchargers, mais la concurrence s’intensifie. Atlante, IONITY, Electra et Fastned ont récemment uni leurs forces au sein de la Spark Alliance, avec un objectif clair : devenir le plus grand réseau de recharge ultra-rapide. Un signal fort de la montée en puissance du Vieux Continent sur ce terrain.

    Startups : l’innovation au service de la mobilité de demain

    Les startups jouent un rôle essentiel dans l’innovation de la mobilité électrique. En France, Gireve facilite l’interopérabilité des bornes de recharge, tandis que Qovoltis propose des solutions de recharge intelligentes.

    À l’international, de nombreux projets visant à améliorer le confort des automobilistes voient le jour. Parmi eux, StoreDot, qui développe des batteries à recharge ultra-rapide, capables de passer de 0 à 80 % en seulement 5 minutes, ou encore Pulsetrain, startup allemande qui conçoit des systèmes intégrés pour véhicules électriques, prolongeant la durée de vie des batteries jusqu’à 80 %.

    Ces startups apportent des réponses concrètes aux défis techniques et d’usage de la mobilité électrique. De la recharge intelligente à l’optimisation des batteries, elles façonnent dès aujourd’hui la voiture de demain.

    Crédit : This_is_Engineering
    Crédit : This_is_Engineering

    En 2025, l’électromobilité n’est plus un pari sur l’avenir, c’est une course mondiale bien lancée. Tesla conserve son statut de référence, les constructeurs chinois dominent la production à grande échelle, et l’Europe joue la carte de l’innovation : des alliances industrielles et des startups de rupture pour rester dans la course.

    Derrière cette transformation, c’est tout un écosystème qui se mobilise, dans un objectif commun : créer une mobilité plus durable, plus intelligente, plus accessible. Et une chose est certaine : le virage électrique ne fait que commencer.